Burn-out : ces signes qui ne trompent pas - La Semaine Vétérinaire n° 1726 du 01/07/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1726 du 01/07/2017

DÉCRYPTAGE

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

Épuisement physique, émotionnel, mental, stress, irritabilité, démotivation… Soyez attentif à ces signes qui peuvent être précurseurs du syndrome du burn-out.

Le burn-out, également connu sous le nom de syndrome d’épuisement professionnel, a été décrit pour la première fois dans les années 1970 par un psychiatre américain et serait devenu le mal du siècle. Il concernait en premier lieu des professionnels de santé et touche aujourd’hui tous les secteurs. La profession vétérinaire n’y échappe pas. Ce syndrome est cependant encore mal connu, n’est pas facile à repérer et est souvent assimilé à la dépression, dont les manifestations peuvent être proches. En effet, ce terme est parfois qualifié de “fourre-tout”, car employé pour décrire toutes sortes de stress, une fatigue en lien avec le travail ou encore une grande lassitude. Alors, qu’est-ce que le burn-out ? Quels sont les facteurs de risque ? Comment le détecter ? La Haute autorité de santé (HAS) a récemment publié des recommandations1 pour aider les médecins traitants et les médecins du travail à diagnostiquer, le plus rapidement possible, le burn-out. Décryptage.

Vous n’êtes pas forcément dépressif

La HAS rappelle tout d’abord que le burn-out n’est pas considéré comme une maladie, selon les classifications de référence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle reconnaît toutefois que ce syndrome d’épuisement professionnel peut avoir des conséquences graves sur la vie des personnes et nécessite une prise en charge médicale. L’autorité administrative souligne en effet que la souffrance psychique causée ou aggravée par le travail est le deuxième groupe d’affections d’origine professionnelle décrit dans la population salariée active française. Selon les données de la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS), sur 748 demandes de reconnaissance du caractère professionnel de maladies psychiques, 315 avis favorables ont été rendus par les comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP) en 2014 (nombre multiplié par 3,8 par rapport à 2012), parmi lesquels 243 dépressions, 39 troubles anxieux et 33 états de stress post-traumatique indemnisés. Rien qu’en 2012, le burn-out représentait 7 % des troubles psychiques signalés par les médecins du travail. Par ailleurs, la HAS retient que de nombreux symptômes dépressifs ont été observés chez des individus souffrant de burn-out, mais les deux affections sont à distinguer.

Vous êtes épuisé

Il existe plusieurs définitions du burn-out, mais les experts de l’OMS s’accordent sur le fait que le syndrome d’épuisement professionnel recouvre trois dimensions : l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation et la diminution de l’accomplissement personnel. Selon la HAS, il se traduit par un « épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel ». Les travaux de la psychologue américaine Christina Maslach ont permis de concevoir le burn-out comme « un processus de dégradation du rapport subjectif au travail à travers trois dimensions : l’épuisement émotionnel, le cynisme vis-à-vis du travail ou la dépersonnalisation (déshumanisation, indifférence), la diminution de l’accomplissement personnel au travail ou la réduction de l’efficacité professionnelle », indique le rapport de l’autorité administrative.

Vous êtes irritable

Le burn-out est un syndrome insidieux qui s’installe progressivement et se traduit par des signes, plus ou moins importants, pouvant varier d’un individu à l’autre. La HAS a dressé une liste non exhaustive de ces manifestations, qui peuvent se cumuler :

- émotionnelles (peurs mal définies, tensions nerveuses, humeur triste ou manque d’entrain, irritabilité, hypersensibilité, absence d’émotion) ;

- physiques (troubles du sommeil, fatigue chronique due à un sommeil qui n’est plus réparateur, tensions musculaires avec douleurs rachidiennes, prise ou perte soudaine de poids, maux de tête, nausées, vertiges) ;

- cognitives (diminution de la concentration, difficultés à réaliser plusieurs tâches à la fois, à nuancer, à prendre des décisions ; erreurs mineures, fautes, oublis) ;

- comportementales ou interpersonnelles (repli sur soi, isolement social, comportement agressif, parfois violent, diminution de l’empathie, ressentiment et hostilité à l’égard des collaborateurs ; comportements addictifs : tabac, alcool, tranquillisants, drogues, etc.) ;

- motivationnelles ou liées à l’attitude (désengagement progressif, baisse de motivation et de moral, effritement des valeurs associées au travail ; doutes sur ses propres compétences, remise en cause professionnelle, dévalorisation).

Vous êtes négatif

La HAS note aussi que certaines caractéristiques personnelles (traits de personnalité) peuvent favoriser le développement du syndrome d’épuisement professionnel. Ainsi, le névrosisme, l’affectivité négative, des antécédents dépressifs, personnels et familiaux, la qualité du support social ou encore l’âge et l’expérience constituent des facteurs de risque supplémentaires. Selon la HAS, les sujets jeunes peu expérimentés ont de faibles niveaux d’épuisement professionnel, contrairement aux sujets plus âgés avec une importante expérience.

Vous êtes submergé par le travail

D’autres facteurs peuvent favoriser l’apparition du burn-out, en commençant par les conditions et la charge de travail. La HAS a défini six catégories de facteurs de risque psychosociaux, que le médecin du travail doit prendre en compte :

- l’intensité et l’organisation du travail (surcharge de travail, imprécision des missions, objectifs irréalistes, etc.) ;

- les exigences émotionnelles importantes, avec confrontation à la souffrance, à la mort, dissonance émotionnelle ;

- l’autonomie et la marge de manœuvre ;

- les relations dans le travail (conflits interpersonnels, manque de soutien du collectif de travail, management délétère, etc.) ;

- les conflits de valeurs ;

- l’insécurité de l’emploi.

Un sondage2 réalisé pour La Semaine Vétérinaire auprès de vétérinaires sur les causes de l’épuisement professionnel liées à leur activité démontre que, dans la profession, c’est d’abord une mauvaise organisation (près de 40 %) et/ou un manque de moyens et de ressources (près de 40 %) qui sont pointés du doigt. L’accroissement de la concurrence est également un facteur pris en compte.

Vous préparez votre retour au travail

La HAS souligne qu’il est nécessaire d’anticiper et de préparer le retour au travail en tenant compte du poste et des conditions de travail, afin de mettre en place d’éventuelles actions de prévention individuelle et/ou collective. Avant le retour au travail, elle recommande notamment d’organiser une ou plusieurs visites de préreprise avec le médecin du travail, à l’initiative du patient, du médecin traitant ou du médecin-conseil des organismes de sécurité sociale.

1 bit.ly/2s6Hnh1.

2 bit.ly/2sdgAOU.

LES PROFESSIONNELS DE SANTÉ, POPULATION À RISQUE

La HAS rappelle que les professionnels de santé en activité ou en formation sont particulièrement exposés au risque d’épuisement professionnel, que ce soit pour des causes intrinsèques à l’activité médicale (confrontation avec la souffrance et la mort, prises en charge impliquant l’entrée dans l’intimité des patients, etc.) ou des causes extrinsèques (charge et organisation du travail, etc.). En plus des facteurs touchant les autres secteurs, les professionnels de santé peuvent être plus vulnérables en raison de la demande de performance, de l’image du soignant infaillible, des valeurs d’engagement et d’abnégation, des injonctions contradictoires, des dispositifs de soin complexes et évolutifs, des tensions démographiques, de l’insécurité, etc.
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