Alimentation de la jument et incidence sur le poulain à naître

Une équipe de recherche s’est intéressée à l’impact de l’alimentation au cours de la gestation chez le cheval. Les fœtus et les poulains sont sensibles à l’environnement maternel. Dans la littérature, des cas de sous-nutrition extrême sont décrits, avec, comme constat à la naissance, des placentas diminués et d’une efficacité moindre ; les poulains sont nés moins lourds et moins longs. Une sous-nutrition modérée de la jument n’entraîne en revanche pas d’effet sur le poids de naissance du poulain, le placenta semblant compenser.

À l’opposé, des poulains nés de juments surnourries avec des concentrés présentent des altérations de la régulation du glucose sanguin, de la graisse et de l’appétit : capacité plus faible à stocker du glucose dans les muscles (altérations jusqu’à 16 jours), hyperglycémie et moindre production d’insuline. En cas d’alimentation riche en sucre ou de surnutrition du poulain, la probabilité de développer des troubles ostéoarticulaire augmente. Le risque d’ostéochondrose est également accru chez les poulains issus de juments ayant reçu des concentrés durant la gestion.

L’étude

Les chercheurs ont étudié des poulains sur-nourris entre 20 et 24 mois : analyse de leur statut ostéoarticulaire, de leur métabolisme et de la maturation testiculaire des sujets prépubères.

Les juments gestantes reçoivent de l’orge (1 à 3 kg par jour) ou uniquement des fourrages. Les chercheurs examinent leur état corporel et leur métabolisme (tests de tolérance au glucose). Au poulinage, les placentas sont analysés. Puis un suivi de la croissance des poulains et de leur métabolisme glucidique est réalisé jusqu’à leurs 2 ans. Des radiographies sont effectuées à 6 et 24 mois afin de contrôler leur statut ostéoarticulaire. Les testicules des poulains castrés sont analysés pour évaluer la maturation testiculaire.

Les résultats

Les juments qui ont reçu de l’orge maintiennent une note d’état stable, alors que celles qui n’ont été nourries qu’avec des fourrages mettent du temps à reprendre de l’état. En cas de sous-nutrition modérée de la jument lors de la gestation, à la naissance, les poulains font la même taille et le même poids ; il y a une mobilisation des réserves chez la jument. Le placenta s’adapte. Les microcotylédons des placentas des juments sous-nourries sont ainsi plus développés.

Dès 19 mois, les canons des juments ayant reçu seulement des fourrages sont moins épais et les testicules moins matures, mais cela ne prédit pas les performances de reproduction. Les poulains des juments sous-nourris sont plus résistants à l’insuline. Les poulains en surnutrition de 20 à 24 mois (ils reçoivent 140 % des besoins) ont surtout pris du gras. En outre, ceux des juments ayant mangé de l’orge ont plus de risque de présenter des troubles d’ostéochondrose.

Ainsi, nourrir des juments avec des concentrés en fin de gestation permet de maintenir un bon état corporel, mais altère leur métabolisme glucidique et augmenterait le risque pour les poulains de développer une ostéochondrose au moins à 6 mois.

Donc globalement, la jument ne doit être ni trop grasse ni trop maigre. Lors de la gestation, il est préférable de privilégier les fourrages de bonne qualité et de donner le moins de céréales possible, ou alors de bien fractionner les apports.
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