Voile intégral

La radicalisation de l’islam en France est une question sensible que peu de films ont osé aborder sous l’angle de la comédie. La réalisatrice Sou Abadi y parvient astucieusement en s’inspirant de sa propre histoire. D’origine iranienne, ayant grandi sous une théocratie (éducation islamique obligatoire, restrictions vestimentaires, police des mœurs), elle n’a pas oublié qu’avant de perturber les sociétés occidentales, l’obscurantisme religieux a bouleversé la vie des peuples musulmans. Avec intelligence, sa fiction croise les histoires de deux familles issues de l’immigration ; celle de Leila est d’origine maghrébine, celle d’Armand, exilée d’Iran pour raisons politiques. Étudiants à Sciences Po, les deux amoureux doivent partir ensemble à New York pour leur stage de fin d’études. Mais Mahmoud, le frère aîné de Leila, métamorphosé après un séjour au Yémen, s’oppose à la relation de sa sœur, la prive de passeport et lui interdit de sortir. Pour voir Leila, Armand n’a d’autre choix que de revêtir le niqab et de s’inviter chez eux en se faisant passer pour une certaine Schéhérazade. Ressort classique du théâtre, le travestissement suscite alors un amusant marivaudage entre le frère, la sœur et l’amant. Mahmoud s’entiche de cette mystérieuse femme voilée, si chaste et pieuse, qui lui fait découvrir l’ineffable enchantement de la poésie soufie. Sous son voile comique, le film affirme un parti pris plein de bon sens qui appelle à la réconciliation et à une spiritualité plus ouverte.
•

Cherchez la femme de Sou Abadi, avec Félix Moati, Camélia Jordana, William Lebghil, France, 1 h 28, sortie le 28 juin.