Chien noir

Grand prix du jury de la Palm Dog du festival de Cannes 2017 (récompense décernée aux chiens depuis 2001 et qui a le mérite de rappeler la place de ces animaux dans notre imaginaire cinématographique), Lupo, l’énigmatique berger allemand du film Ava, premier long métrage d’une prometteuse réalisatrice, sert autant à relier les protagonistes qu’à annoncer, métaphoriquement, un ténébreux bouleversement dans la vie de la jeune héroïne.

Le film s’ouvre sur une séquence visuellement impressionnante où l’on suit, sur l’écran, telle une tache aveugle, la fine silhouette noire de l’animal traverser une plage estivale bondée, saturée de couleurs, et venir surprendre l’adolescente (13 ans) endormie sur le rivage. Ava apprendra, peu après, qu’atteinte d’une rétinite pigmentaire précoce, elle va bientôt perdre la vue. Solitaire et butée, la jeune fille tente de surmonter par elle-même cette disgrâce annoncée. S’affranchissant de sa mère avec qui elle est en vacances, elle vole le chien au jeune gitan taiseux à qui il appartient… puis le rejoint dans les dunes, s’inventant avec lui une nouvelle vie d’aventures. Récit initiatique d’émancipation, associant l’éveil à une perte (la vue et l’innocence), le film se montre souvent juste dans son naturalisme (l’ambivalence de la relation mère-fille), mais séduit surtout pour sa remarquable énergie visuelle, même si l’originalité de ton finit par se perdre dans l’enthousiasme maladroit de vouloir embrasser trop de genres et de métaphores.
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Ava de Léa Mysius, avec Noée Abita, Laure Calamy, Juan Cano, France, 1 h 45, sortie le 21 juin.