Un consensus sur l’hypertension artérielle féline - La Semaine Vétérinaire n° 1723 du 10/06/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1723 du 10/06/2017

RECOMMANDATIONS

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : ALEXIS LECOINDRE 

L’International Society of Feline Medicine publie une conduite à tenir face à un chat hypertendu. L’amlodipine est la molécule de choix pour le traitement.

L’hypertension féline est courante chez le chat âgé et fréquemment diagnostiquée en association avec d’autres affections (maladie rénale chronique, hyperthyroïdie, par exemple). L’hypertension est susceptible d’être à l’origine de lésions, en particulier sur les organes à fort apport sanguin artériolaire. Les yeux, le cerveau, les reins et le myocarde sont donc particulièrement vulnérables. Les manifestations peuvent être sévères et sont parfois à l’origine de la présentation au vétérinaire. L’International Society of Feline Medicine (ISFM) émet des recommandations1 quant à son diagnostic et à sa prise en charge. Un diagnostic précoce, suivi d’une prise en charge thérapeutique appropriée, contribue à réduire la morbidité associée à cette affection. En dépit d’être une maladie courante, la surveillance de la pression artérielle systémique (PA) n’est que rarement effectuée, conduisant à un sous-diagnostic. La pathogenèse de l’hypertension féline reste mal comprise et varie selon les différentes origines.

Quand mettre en place un traitement ?

Le consensus de l’ISFM propose des critères pour la mise en place d’un traitement hypertenseur :

- une mesure de pression artérielle supérieure ou égale à 150 mmHg en une seule occasion, avec des signes évidents de lésions oculaire ou neurologique ;

- la PA est supérieure ou égale à 160 mmHg à au moins deux occasions distinctes ;

- la PA est inférieure à 150 mmHg, mais il existe des preuves évidentes de lésion oculaire.

En cas de doute sur le diagnostic de l’hypertension, la thérapie à long terme devrait être réévaluée par retrait du traitement une fois l’animal stable, et une surveillance de la PA est nécessaire. De même, si les signes cliniques ne répondent pas correctement à un traitement antihypertenseur adéquat, le diagnostic doit être réévalué et d’autres causes potentielles sont à rechercher.

Quel traitement ?

Le but de la thérapie est de réduire la PA à une valeur comprise entre 110 et 150 mmHg.

Le traitement de choix de l’hypertension chez le chat est l’amlodipine à 0,625 mg par animal (0,125 mg/kg), en une prise quotidienne per os. Pour les chats avec une PA supérieure ou égale à 200 mmHg, une dose de 1,25 mg/j (0,25 mg/kg) doit être envisagée. Un sujet présenté avec des lésions des organes cibles et/ou une PA supérieure ou égale à 200 mmHg au moment du diagnostic doit être surveillé durant les premières 24 à 72 heures. Si la réponse au traitement est insuffisante, la dose d’amlodipine peut être doublée jusqu’à un maximum de 2,5 mg par chat (ou 0,5 mg/kg), en une prise quotidienne. Les augmentations de dose sont généralement effectuées à intervalles de sept jours ou plus, mais ce délai peut être plus court (par exemple, après 24 heures) lorsque la PA est élevée (supérieure ou égale à 200 mmHg). Si la réponse à l’amlodipine est insuffisante ou s’il existe une affection concomitante (protéinurie persistante, par exemple), l’ajout d’un autre agent antihypertenseur peut être utile (inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, antagonistes de l’angiotensine II). Une fois que la PA est contrôlée, cette dernière doit être réévaluée au moins tous les trois mois.

1 Taylor S. S., Sparkes A. H., Briscoe K. et coll. ISFM Consensus guidelines on the diagnosis and management of hypertension in cats. J. Feline Med. Surg. 2017;19(3):288-303.

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