Le veau fait son show - La Semaine Vétérinaire n° 1720 du 20/05/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1720 du 20/05/2017

FILIÈRE VEAU

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : HÉLÈNE ROSE  

Le Symposium international de la filière veau, organisé tous les cinq ans dans l’un des dix pays producteurs, a réuni 450 représentants. À l’image du slogan choisi cette année, « Re-veal your mind » , ces deux journées ont permis de comparer et d’échanger sur les pratiques de l’ensemble de la filière en France et dans les autres pays producteurs.

Si les modes de production diffèrent selon les pays, comme rappelé lors du 6e Symposium international de la filière veau, qui s’est tenu à La Baule (Loire-Atlantique) les 25 et 26 avril derniers, des enjeux majeurs sont communs : valoriser la perception de la filière par le grand public, donc la consommation de viande de veau, plus chère à l’achat que d’autres viandes et qui a subi l’impact de la crise économique de 2008. En France, deuxième pays producteur (derrière les Pays-Bas, depuis l’année dernière) et premier consommateur, l’attractivité de la filière pour les jeunes éleveurs pose également problème.

La traçabilité, une idée qui fait son chemin

Le respect du bien-être animal, l’empreinte environnementale et la qualité sanitaire des produits font partie des attentes des consommateurs, relayées par les grandes surfaces. Pour mieux y répondre, les Pays-Bas ont renforcé la traçabilité de leurs veaux, comme l’a présenté Henk Bekman. Chaque naissance doit être déclarée, et une application pour smartphone permet de suivre l’état de santé du jeune animal, de sa naissance chez un éleveur laitier (ou, moins souvent, allaitant) à son abattage, transports compris. L’ensemble des données est collecté, afin d’améliorer les pratiques en échangeant des informations fiables entre les filières veau et lait. En préparation au Québec, cette démarche semble intéresser également l’interprofession en France. Cela pourrait par exemple permettre une bonification du prix d’achat des jeunes veaux pour les éleveurs laitiers effectuant un travail de qualité (désinfection du nombril, usage raisonné des antibiotiques, vaccination contre la teigne, limitation des risques de blessures, etc.), non valorisé à ce jour.

Améliorer le bien-être des animaux

Pourtant, que ce soit en matière de résistance aux antibiotiques (les animaux arrivent en élevage porteurs de résistances aux céphalosporines de 3e génération, comme l’a indiqué Émilie Gay, chercheuse en épidémiologie à l’Anses) ou de qualité finale du cuir (enjeu économique majeur pour la France au niveau international, à travers l’industrie du luxe), ces deux premières semaines de vie sont cruciales. La qualité du transport des veaux importe également : les sources de stress (manipulations, température, variations lumineuses, durée de transport, nature et moment de l’alimentation, etc.) sont à réduire le plus possible, en cette période de fragilité immunitaire. Améliorer les pratiques tout au long de la chaîne de production est ainsi un enjeu majeur. En France, si les antibiogrammes étaient déjà largement pratiqués avant la loi sur les antibiotiques critiques, l’ensemble de la filière a pris conscience de l’importance de réduire la consommation d’antibiotiques. Notre consœur Corinne Jauréguy rapporte ainsi qu’une charte des bonnes pratiques sanitaires, établie en 2015, a été signée par 60 % des éleveurs en cases, par la majorité des intégrateurs, et par quasiment tous les vétérinaires intervenant spécifiquement dans la filière veau (43 confrères).

Réduire l’empreinte environnementale

Des ateliers de travail par petits groupes sur l’empreinte environnementale de la production de veaux et les moyens de la réduire ont montré que les acteurs de la filière sont conscients des enjeux, en matière d’utilisation de l’eau, de rendement énergétique (ventilation, chauffage de l’eau), de gestion des effluents, de valorisation des gaz produits, ou de meilleure maîtrise de la fabrication des aliments, point d’impact majeur, mais souvent sous-estimé. Et porteurs d’idées. Améliorer la qualité des bâtiments est ainsi au cœur du projet Bativet, mené conjointement par l’Institut de l’élevage (Idele) et par l’interprofession : choix des revêtements, pilotage à distance, caméra thermique pour détecter les fièvres, technologie 3D pour connaître le gain moyen quotidien, etc. sont à l’étude. Utiles pour surveiller le bien-être des animaux, ces outils pourraient également améliorer le confort de travail des éleveurs dans les années à venir.

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