Fracture métacarpienne chez une buse de Harris

Une buse de Harris (Parabuteo unicinctus) mâle, âgée de 18 mois, est présentée à la suite d’un traumatisme au niveau de l’aile survenu la veille, sans altération de l’appétit ou de l’état général. Il s’agit d’un oiseau de fauconnerie, qui vit en volière extérieure et est sorti quotidiennement pour des séances d’effarouchement. Il est nourri avec deux à trois poussins par jour. L’examen clinique révèle un arrêt du vol, un port d’aile bas, ainsi qu’un hématome en regard des métacarpiens droits sans plaie associée. Les radiographies montrent une fracture simple, déplacée dorsalement, médiodiaphysaire et fermée des os métacarpiens III et IV. Un bandage en huit de l’aile, ainsi qu’un traitement anti-inflammatoire (méloxicam 1 mg/kg per os, deux fois par jour) sont mis en place en attendant la chirurgie du lendemain. Après une prémédication avec du butorphanol (1 mg/kg IM), l’anesthésie est réalisée avec de l’isoflurane. La zone chirurgicale est déplumée, puis préparée de manière aseptique. L’oiseau est placé en décubitus dorsal pour permettre un abord par voie ventrale de la région fracturée. La peau est incisée, le muscle abducteur principal du doigt est récliné afin d’exposer la zone de fracture. Un enclouage centromédullaire de 1,2 mm de diamètre est inséré dans l’os métacarpien III par voie antérograde à partir du poignet. Pour cela, ce dernier est placé en hyperflexion afin de palper la surface articulaire et de réduire les lésions articulaires secondaires à la pénétration de la broche. La peau est enfin suturée. La radiographie en postopératoire immédiat révèle une apposition correcte des abouts osseux. L’os métacarpien IV cicatrisera par seconde intention. Un bandage en huit et la poursuite du traitement anti-inflammatoire sont prescrits pour une durée de 7 jours. Une semaine plus tard, le bandage est retiré afin de prévenir toute ankylose du poignet et des mouvements doux de physiothérapie (flexion, extension) sont réalisés sous anesthésie générale. Aucune ankylose de l’articulation n’est objectivée. Le bandage n’est pas réitéré. L’oiseau est placé en volière avec des courtes séances de vol quotidien afin de compléter la rééducation. Un mois après la chirurgie, l’animal présente un très bon état général et un port d’aile normal. La radiographie montre la formation de cals au niveau des deux traits de fracture. L’oiseau est placé en volière de rééducation et le vol revient à la normale 6 semaines après l’intervention. La broche est laissée en place et sera retirée si besoin ultérieurement, en cas de douleur ou de tuméfaction.

Discussion

Les fractures des membres thoraciques sont fréquentes chez les oiseaux. Leur gestion peut être complexe du fait de la pneumatisation de certains os, induisant une fragilité plus importante. C’est pourquoi le matériel utilisé doit être fin et léger. La cicatrisation des os pneumatisés serait également plus lente. Trois types de montages peuvent être mis en place lors de fractures métacarpiennes :

- un fixateur externe constitué de broches de petits diamètres ou d’aiguilles hypodermiques perpendiculaires au fût osseux, reliées à un tube plastique rempli de ciment de méthacrylate de méthyle,

- un enclouage centromédullaire, comme décrit ici, inséré de manière antérograde ou rétrograde,

- s’il s’agit d’une grande espèce, une plaque vissée est possible. Cependant, le manque de tissu sous-cutané peut rendre le recouvrement de la plaque difficile ou incomplet.

Durant la chirurgie, les structures vasculaires (ramifications des veines et artères radiales) et nerveuses doivent être préservées. Le cal osseux chez les oiseaux n’est visible que tardivement, après 3 à 6 semaines, mais il doit être considéré comme déjà solide au bout de 3 semaines. Comme chez les mammifères, la physiothérapie postopératoire active ou passive, apparaît essentielle afin de prévenir toute ankylose, d’accélérer la cicatrisation osseuse et d’améliorer la vascularisation des tissus. À noter que si le bandage en huit constitue le seul traitement, une perte d’amplitude et de motricité est observée et peut compromettre le vol.
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