Une nouvelle offre dans les pratiques d’abattage - La Semaine Vétérinaire n° 1719 du 13/05/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1719 du 13/05/2017

INITIATIVE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON  

L’abattoir mobile de la société Le Bœuf Éthique, dont le lancement est prévu pour l’automne 2017, se propose comme une solution alternative aux établissements fixes. Il permettra peut-être de répondre à des besoins locaux de certains producteurs, face à la baisse du nombre d’abattoirs en filière bovine.

La société Le Bœuf Éthique se lance dans l’aventure de l’abattoir mobile en France. Dès la fin de l’année 2017, un camion sillonnera les routes des départements d’Auvergne-Rhône-Alpes et de Bourgogne-Franche-Comté. Inspiré du modèle suédois, le projet répond à une demande sociétale de plus en plus pressante d’améliorer les conditions de fin de vie des animaux destinés à la consommation humaine. Émilie Jeannin, éleveuse en charolais en Côte-d’Or depuis 2006, participe à ce qu’elle qualifie « d’aventure » humaine. Sa rencontre avec Franck Ribière, producteur et réalisateur1, a concrétisé une envie de faire évoluer les pratiques d’abattage actuelles, au service de la bientraitance animale2, de la revalorisation de la viande, des produits du terroir, et du travail des différents acteurs de la chaîne alimentaire.

Améliorer les conditions d’abattage

« L’idée est d’améliorer le bien-être animal, de sa naissance à sa mort. Outre l’impasse du transport des animaux, notre souhait est aussi de travailler avec des éleveurs soucieux des besoins éthologiques de leurs bovins », souligne l’éleveuse. Actuellement, un cadre législatif très strict s’applique au transport des animaux. Le règlement (CE) n° 1/20053, applicable à tous les États membres, stipule les conditions minimales requises pour éviter « des blessures et des souffrances aux animaux, et assurer leur sécurité ». Sophie Green, gérante d’un cabinet de conseil et consultante auprès des entreprises agroalimentaires, reconnaît que « même si des progrès significatifs sont observés, les manipulations découlant du transport vers l’abattoir s’avèrent aujourd’hui le plus stressant pour un bovin ».

Des risques biologiques identiques à l’abattoir fixe

« Le risque biologique est relativement faible aujourd’hui en abattoir, grâce au travail de prévention mené en amont de l’établissement, indique Gaëtan Deffontaines, médecin à la caisse centrale de mutualité sociale agricole. C’est plutôt la manutention, les gestes répétitifs ou le bruit qui posent problème. » Et même en cas de mauvais état sanitaire de la carcasse, la transmission de germes infectieux n’est pas systématique. « À première vue, le facteur qui pourrait éventuellement l’accentuer est l’espace réduit de travail. On peut imaginer que le confinement accroît la mise en suspension de virus ou bactéries potentiellement pathogènes pour l’être humain. Un travail sur la ventilation, et une désinfection adaptée, suffirait simplement à l’écarter. » Émilie Jeannin souligne que l’expérience suédoise n’a pas mis de risques accrus en évidence. De plus, « chaque journée se termine par deux à trois heures de désinfection de l’intérieur du camion sur site. Sachant que nous ne visitons qu’une seule exploitation par jour ».

Jouer le jeu de la transparence

« Outre les mentions obligatoires, l’étiquetage indiquera en toutes lettres le lieu d’élevage, d’abattage et la race. Un flashcode permettra au consommateur d’avoir accès à des compléments d’informations, comme par exemple l’explication du prix plus élevé de la viande. En outre, le consommateur pourra noter la qualité de la viande, indique Émilie Jeannin. L’éleveur aura accès à ces avis, à l’origine de bonus s’ils sont positifs. Il connaîtra aussi les lieux de vente des produits. » Au-delà de l’aspect commercial, c’est tout le travail de l’éleveur qui entend être valorisé. La transparence se veut aussi à la ferme. L’éleveur devient un observateur de la fin de vie de ses animaux. Il pourra, de plus, constater directement les lésions organiques à l’origine de saisies, sources d’incompréhension pour certains, selon Émilie Jeannin. « Les pièces sont conservées pendant 48 heures, et accessibles pour l’éleveur concerné, rappelle Sophie Green. La question vétérinaire, à mon sens, est plus celle du conflit d’intérêts, s’il s’avère que le vété rinaire sanitaire est celui de l’élevage. »

Améliorer le maillage

Le nombre d’abattoirs en filière bovine a nettement diminué depuis une vingtaine d’années, au profit d’établissements plus grands : « On compte actuellement environ 250 abattoirs contre 850 dans les années 1980 », indique la consultante. Ce projet pourrait alors contribuer à assurer le maillage de certains territoires ruraux, tout en améliorant globalement la protection animale. « Je ne crois pas que ce soit la solution de demain pour résoudre la problématique de l’abattage. Je le vois comme un complément, contribuant à assurer le pluralisme des solutions, indispensable en France. »

1 Documentaire Steak (R)évolution, 2014.

2 bit.ly/2qzW3HP.

3 bit.ly/2pgOHVK.

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