Du cadmium dans les abats de brebis et de vaches des Pyrénées ariégeoises

Des mesures de précaution sont prises à la suite de la découverte de taux de cadmium supérieurs aux normes dans les foies et les reins de brebis et de vaches qui estivent sur un ancien site minier. Ces résultats, présentés lors d’une réunion publique le 23 mars 2017, font suite à une étude environnementale réalisée par le cabinet Geoderis sur d’anciens sites miniers (extraction de plomb et de zinc) situés sur la commune de Sentein en Ariège. Cette étude avait été menée dans le cadre de l’inventaire national des dépôts miniers et industriels, en application de la directive européenne de 2006 relative aux déchets de l’industrie extractive.

Des teneurs en plomb élevées ont été détectées dans les sols du site minier de Sentein, surtout en altitude. Des prélèvements sanguins ont ainsi été réalisés sur demande de l’agence nationale de santé publique (ANSP) sur 52 habitants, pour une campagne de dépistage volontaire durant l’été 2016. Les résultats se sont tous révélés négatifs.

De plus, des prélèvements ont été réalisés par la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) de l’Ariège, de juin à août 2016, sur des truites d’une pisciculture de Sentein et de rivière (le Lez), et, en septembre et octobre 2016, sur 20 brebis et deux vaches ayant transhumé sur les estives concernées, pour la recherche de métaux lourds (plomb, zinc, cadmium, arsenic et antimoine). Le temps d’exposition des animaux est en moyenne de quatre mois par saison de transhumance. Tous les résultats ont été favorables dans la viande. En revanche, un taux de cadmium supérieur aux valeurs réglementaires a été constaté sur certains prélèvements de foie (0,578 mg/kg dans un foie, norme de 0,5 mg/kg) et de rein (1,5 à 2,8 et 3,16 mg/kg, norme de 1 mg/kg) chez les brebis et les vaches. Pour les quatre autres métaux, tous les résultats ont été favorables.

Saisie des abats et contrôles réguliers

Aucune répercussion sur la santé des animaux des 14 élevages ovins et trois élevages bovins concernés n’a été observée, selon la déclaration des éleveurs et de leurs vétérinaires. Par ailleurs, aucun risque n’est signalé pour la santé des consommateurs de viande (celui concernant la consommation de lait est inexistant, s’agissant d’animaux destinés à la production de viande et non de lait). Un risque éventuel existerait toutefois en cas de consommation répétée de reins et de foies.

Ainsi, trois mesures de précaution sont adoptées : la circulation des animaux est restreinte sur les zones d’anciens dépôts miniers, les foies et les reins des animaux transhumant par les estives concernées sont saisis et le cadmium sera régulièrement recherché à l’abattoir sur les abats saisis. Cela n’impacte pas les éleveurs d’un point de vue économique, car les foies et les reins représentent une faible valeur, ils ne sont pas comptabilisés dans les poids carcasses, et les pertes subies en raison d’abattages réalisés spécialement pour les prélèvements ont été indemnisées. De plus, en cas de contamination de la viande laissant présager le moindre risque pour la santé humaine, la viande des animaux ayant pâturé dans les zones incriminées pourrait être retirée de la consommation et les éleveurs seraient alors indemnisés.

Enfin, des travaux de mise en sécurité des sites pollués sont réalisés et des clôtures seront installées pour éviter l’accès des animaux aux zones concernées, sans interdiction de l’ensemble des estives.
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Pour en savoir plus : bit.ly/2pFQoQg.

Remerciements à Pierre Bontour, chef du service santé, protection des animaux et environnement à la DDCSPP de l’Ariège, et à la préfecture de l’Ariège.