Antibiorésistance, l’affaire de tous ! - La Semaine Vétérinaire n° 1718 du 06/05/2017

La Semaine Vétérinaire n° 1718 du 06/05/2017

MÉDICAMENTS VÉTÉRINAIRES

ACTU

Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR MICHAELLA IGOHO-MORADEL , PROPOS RECUEILLIS PAR MICHAELLA IGOHO-MORADEL , PROPOS RECUEILLIS PAR MICHAELLA IGOHO-MORADEL , PROPOS RECUEILLIS PAR MICHAELLA IGOHO-MORADEL

Les initiatives se multiplient, aux niveaux national et international, sur les plans tant scientifique que politique, pour réduire la résistance bactérienne, à l’instar du second plan ÉcoAntibio, qui appelle à la mobilisation des acteurs concernés par cette problématique. Retour sur la contribution de certains d’entre eux.

LE MOT DE THIERRY PINEAU

DÉTECTER TRÈS TÔT LES TROUBLES DE SANTÉ CHEZ LES ANIMAUX

Thierry Pineau, directeur du métaprogramme Gisa (gestion intégrée de la santé des animaux) de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra).

L’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et les écoles nationales vétérinaires (ENV) travaillent sur cette problématique, notamment avec le métaprogramme Gisa (gestion intégrée de la santé des animaux), qui encourage des recherches multidisciplinaires pour la réduction du recours aux antibiotiques en élevage. L’unité de Toulouse se consacre particulièrement à l’usage des antibiotiques et à leurs futurs modes d’administration, afin de faire émerger le minimum de résistance chez les bactéries et d’exposer le moins possible la flore intestinale. L’institut Carnot France Futur Élevage soutient nos recherches avec l’Institut du porc (Ifip) pour développer des dispositifs industriels visant à détecter très tôt les troubles de santé chez les animaux (le porc, dans cet exemple) et maîtriser le recours aux antibiotiques. Nous étudions aussi les alternatives possibles en développant des stratégies de biocontrôle. Nous avons constaté que les travaux et les dispositifs de l’Inra sur cet enjeu de santé publique vétérinaire méritaient d’être plus lisibles. Nous collaborons actuellement avec l’École vétérinaire de Toulouse pour développer une unité de recherche sur l’innovation dans les usages des anti-infectieux, afin de juguler les résistances. Toutes les connaissances acquises en épidémiologie au sujet de l’émergence et de la circulation des résistances, le fait que les humains en voyageant les disséminent et l’accroissement du commerce mondialisé désignent l’échelle pertinente pour la recherche et les mesures de gestion du risque : l’échelle mondiale. Nous développons des partenariats internationaux et européens avec des équipes de recherche, notamment dans le cadre du programme Star-Idaz (programme d’alliances stratégiques mondiales en faveur de la coordination de la recherche concernant les principales maladies infectieuses animales, y compris les zoonoses), ou encore dans des projets du programme européen H2020, qui fait de la lutte contre l’antibiorésistance une de ses priorités. Ces échanges avec des chercheurs de nombreux pays nous permettent de réfléchir à la priorisation en matière de lutte contre l’antibiorésistance et de faciliter une coordination à l’international.
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LE MOT D’ ALAIN CANTALOUBE

NOUS REDOUTONS QUE L’ARSENAL THÉRAPEUTIQUE SE RÉDUISE

Alain Cantaloube, secrétaire général de la Fédération européenne pour la santé animale et la sécurité sanitaire (Fesass).

Au niveau européen, la Fédération européenne pour la santé animale et la sécurité sanitaire (Fesass) est très préoccupée par la problématique de l’antibiorésistance. En 2015, nous avons coorganisé, avec la présidence luxembourgeoise du Conseil des ministres et la Commission européenne, une conférence sur l’implication des acteurs de terrain à ce sujet. Nous poursuivons la sensibilisation des parties prenantes et participons activement aux travaux et aux actions de la plateforme européenne pour une utilisation responsable des médicaments vétérinaires (Epruma) et en particulier des antibiotiques. Cette plateforme rassemble les acteurs du secteur tels que les éleveurs, les vétérinaires et l’industrie du médicament vétérinaire, mais aussi les pharmaciens.
Sur le plan réglementaire, nous redoutons que l’arsenal thérapeutique se réduise du fait de l’antibiorésistance, mais aussi en raison de l’adoption d’une réglementation qui serait trop restrictive. Un exemple concret : le futur règlement européen sur les médicaments vétérinaires, qui a été adopté en première lecture par le Parlement européen. Le rapport de Françoise Grossetête nous paraissait équilibré, mais certains amendements supplémentaires prévoient des restrictions importantes, telles qu’un diagnostic clinique préalable à chaque prescription, ce qui n’est ni réaliste ni fonctionnel. Nous préférerions que soit encouragée la mise en place de contrats sanitaires d’élevage assurant une utilisation rigoureuse des antibiotiques.
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