JRA : nouvelles techniques et perspectives de la production aviaire

Élevage de précision, action sur le microbiote intestinal, ingénierie génétique, etc. : la 12^e édition des journées de la recherche avicole et palmipèdes à foie gras (JRA), avec une première journée de présentation de synthèses¹, qui s’est tenue à Tours (Indre-et-Loire) les 5 et 6 avril, était résolument tournée vers l’avenir.

Pour François Cadudal de l’Institut technique de l’aviculture et de l’élevage des petits animaux (Itavi), la consommation mondiale de viande de volailles devrait croître dans les 15 années à venir de 1,5 % par habitant et par an environ, ce qui pourrait entraîner une forte progression du commerce international. Les filières européennes doivent rester compétitives, notamment par la maîtrise de la génétique. Des équipes de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) ont justement montré que, grâce aux progrès des techniques de sélection génétique, des lignées commerciales d’animaux génétiquement modifiés (résistance à certaines maladies, réduction des poussins mâles, etc.) pourraient être développées prochainement. Toutefois, ces méthodes soulèvent de nombreuses questions, notamment éthiques.

Éthique et élevage de précision

D’après les données issues de recherches menées dans le cadre du programme Casdar² Accept, et synthétisées par Véronique Van Tilbeurgh de l’UMR ESO³-Rennes, les controverses sociétales du modèle d’élevage intensif ne pourraient se résoudre qu’en répondant aux points qui sont remis en cause. En effet, en plus de protéger les animaux, de les nourrir, de les abreuver et de prévenir les maladies, il convient de leur permettre d’exprimer leurs comportements naturels, dans des élevages plus extensifs.

En parallèle, l’élevage de précision est un nouveau challenge pour la filière avicole, a déclaré Pauline Créach, de l’Itavi. L’utilisation coordonnée de technologies de l’information et de la communication permettrait de mesurer différents paramètres en temps réel et en continu sur l’animal, et de surveiller son bien-être sous l’angle sanitaire et comportemental, ainsi que son environnement (notamment par smartphone). La grande quantité de données générée pourra être partagée entre les différents intervenants, ce qui amène à repenser le système de gestion et de suivi de l’élevage.

Le microbiote : une voie d’avenir

Plusieurs études présentées lors de ces JRA insistent par ailleurs sur l’importance du microbiote intestinal dans la digestion, la résistance à la colonisation par des pathogènes, la mise en place et la régulation de l’immunité, etc. Par exemple, l’absence de colonisation bactérienne de l’intestin conduit à des défauts de développement du système immunitaire dans la muqueuse intestinale. Il convient ainsi d’étudier plus largement la santé et le bien-être des poussins éclos dans les conditions commerciales de production avicole, sans contact avec la flore maternelle à la naissance. La modulation du microbiote par des compléments nutritionnels nécessite également des recherches impliquant industriels et chercheurs.

Enfin, un retour a été effectué sur les épisodes d’influenza aviaire hautement pathogène H5 de 2015 et 2016 dans le sud-ouest de la France. Une étude comparée montre une plus grande importance des signes cliniques, des mortalités et des tableaux lésionnels macroscopique et microscopique chez les galliformes par rapport aux palmipèdes, avec des charges virales également significativement plus élevées, quels que soient les tissus. Cet épisode a mis l’accent sur la nécessité de faire évoluer les méthodes de biosécurité et de gestion des effluents.
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¹ Un enregistrement vidéo des synthèses de la première journée sera mis en ligne sur les sites de la World’s Poultry Science Association (WPSA) et de la World Veterinary Poultry Association (WVPA).

² Compte d’affectation spéciale “développement agricole et rural”.

³ Unité mixte de recherche “espace et société”.