L’hybridation des chats, une pratique à abandonner - La Semaine Vétérinaire n° 1713 du 01/04/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1713 du 01/04/2017

ÉTHIQUE ET SANTÉ PUBLIQUE

Auteur(s) : AURÉLIEN LÉOBON 

L’Association américaine des praticiens félins (AAFP) a remis ses recommandations concernant l’hybridation issue de la reproduction des chats domestiques avec des félins sauvages.

Dans cette quête toujours plus folle du sensationnel et de l’extraordinaire, l’homme franchit encore un cap en proposant des chats hybrides, issus du croisement entre des chats domestiques et des espèces de félins sauvages. Ces pratiques ne sont désormais plus le fruit de scientifiques fous ou d’éleveurs en quête de notoriété. En effet, cela se traduit aujourd’hui par des races de chats que l’on rencontre en France sous le nom de bengal, de chausie ou encore de savannah (tableau), aux origines aussi inconnues que les conséquences de telles hybridations. Dans un contexte de popularisation de ce procédé, l’American Association of Feline Practitioners (AAFP) sensibilise aujourd’hui les vétérinaires, ainsi que les propriétaires, à cette pratique contre nature1.

Une aberration écologique et physiologique

L’AAFP s’oppose ouvertement à la reproduction de chats domestiques avec des félins sauvages, que ce soit dans le cadre d’un accouplement naturel ou dans celui d’une insémination artificielle. Ces hybridations apparaissent sur bien des plans comme une aberration. En effet, dans la nature, ces différents félins ne coexistent pas dans le même milieu et le chat domestique constituerait une ressource alimentaire pour ces félins sauvages. Ensuite, pour la plupart des hybridations opérées, de simples règles anatomiques ne permettraient pas ces accouplements. Par ailleurs, la reproduction de chats domestiques ayant 38 chromosomes avec des félins sauvages en possédant pour la plupart 36 conduit inévitablement à des problèmes pour la pérennisation de l’espèce : périodes de gestation inadéquates, nombreux prématurés, progéniture non viable à la naissance… Concernant la première génération de descendants (F1), les mâles, ainsi que certaines femelles, sont généralement stériles. Pour poursuivre l’hybridation, il faut donc faire reproduire la première génération de femelles F1 avec un chat mâle domestique et ce jusqu’à ce que la fertilité soit restaurée, c’est-à-dire au moins jusqu’à la quatrième génération (F4), moment à partir duquel le patrimoine génétique issu de l’individu sauvage ne représente plus que 15 %.

Un risque pour la santé publique

L’AAFP déconseille par ailleurs la détention des premières générations d’hybrides, car celles-ci conservent des comportements considérés comme indésirables, tels que le marquage urinaire, des griffades et des morsures imprévisibles, à l’origine d’abandons prématurés. En lien avec ces comportements inopportuns pour un animal de compagnie, le manque de protocoles vaccinaux antirabiques dans ces espèces combiné à la méconnaissance de la période d’incubation de cette maladie chez bon nombre de félins sauvages impose l’euthanasie et la recherche de l’agent infectieux dans les tissus cérébraux à la suite de toute morsure. Ces hybridations posent donc un grave problème de santé publique.

Une source de trafic et d’extinction d’espèces sauvages

Enfin et surtout, ces pratiques sont à l’origine d’un commerce illégal et d’une raréfaction des espèces sauvages dans leur milieu naturel. C’est dans ce contexte qu’un certain nombre de gouvernements ont légiféré sur le sujet. En Australie, en Nouvelle-Zélande, en Suède ou en Norvège notamment, il est interdit d’importer un hybride avant la cinquième génération (F5).

Pour l’AAFP, le développement de ces pratiques n’est certainement pas un vecteur d’amélioration du bien-être de l’une ou de l’autre des espèces impliquées, mais sert uniquement à combler les caprices de certains de nos congénères.

1 Addleman Seder R. Hybrid cats. AAFP position statements. J. Feline Med. Surg. Clin. Pract. 2017.

EXEMPLES DE RACES ISSUES D’HYBRIDATION

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