La cause canine se politise timidement

Le chien, un objet de commerce comme un autre ? Les “usines à chiots”, aux pratiques d’élevage désastreuses, écoulent leurs “produits” au sein de l’Europe pour répondre à une demande en chiens de race que l’offre locale ne parvient pas à satisfaire. Importations illégales d’animaux souvent trop jeunes, s’accompagnant de passeports non valides, manquements aux obligations de vaccination, fraudes au niveau des transpondeurs, font partie du florilège des recours utilisés par des éleveurs et des intermédiaires peu scrupuleux. À l’échelon européen, la profession est bien consciente du problème, tandis que les décideurs tardent à adopter les mesures nécessaires. L’Europe dispose pourtant d’un arsenal réglementaire pour limiter ces pratiques : encore faudrait-il qu’il soit correctement appliqué dans chaque État membre. Depuis quelques mois, les initiatives se multiplient, comme au Royaume-Uni ou en Wallonie où des mesures drastiques contre l’élevage intensif sont prévues à court terme. La France a, quant à elle, pris des dispositions – aux effets discutés – depuis début 2016 pour améliorer la traçabilité et assainir la filière des ventes en ligne, pourvoyeuses d’animaux aux origines douteuses. « Les politiques ricanent moins que par le passé (…), la France réalise que la problématique [du bien-être animal] s’est imposée dans le monde entier et que nombre de pays avancent plus vite qu’elle », témoigne la journaliste Karine Lou Matignon, directrice de l’ouvrage collectif Révolutions animales. À l’instar du collectif AnimalPolitique, emmené par notre consœur Geneviève Gaillard, des voix s’élèvent pour faire entendre la question du bien-être des animaux, y compris domestiques, avec l’intention de peser sur les décideurs. La période électorale est propice aux promesses politiques, même si la cause animale ne s’invite que timidement dans les débats. Pourtant, avec plus de 6 millions de foyers français possesseurs de chiens, la cause des animaux domestiques a le potentiel de créer un nouveau costume à endosser pour le futur chef d’État. ●