Diagnostic et traitement de l’hypertension artérielle - La Semaine Vétérinaire n° 1712 du 25/03/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1712 du 25/03/2017

CONFÉRENCE

PRATIQUE CANINE

Formation

Auteur(s) : CÉCILE NICOLE-BRÉMENT 

L’hypertension artérielle correspond à l’augmentation persistante de la pression artérielle systolique (PAS) au-dessus de 150 mmHg, valeur au-delà de laquelle le risque d’atteinte d’organes cibles apparaît (tableau).

Classification des hypertensions

Il existe différents types d’hypertension artérielle chez le chat :

- primaire ou idiopathique : un chat de plus de 9 ans sur sept est hypertendu. Il faut néanmoins prendre garde à ne pas surdiagnostiquer des hypertensions artérielles chez le chat. Pour cela, il convient de s’assurer que la valeur de PA élevée est corrélée soit à des atteintes organiques associées, soit à une maladie concomitante, ou encore que l’élévation est persistante à trois reprises, à 7 jours d’intervalle ;

- secondaire à une affection concomitante : maladie rénale chronique (dans 20 à 65 % des cas, selon les études), hyperthyroïdie (23 à 87 %), hyperaldostéronisme primaire, diabète sucré, insuffisance rénale aiguë.

Conséquences de l’hypertension

Une atteinte des organes cibles est à redouter lors d’hypertension artérielle. Elle concerne :

> Les yeux dans 40 à 80 % des cas. Il est alors question de rétinopathie ou de choroïdopathie hypertensive. Dans ce cas, les vaisseaux sanguins de l’œil perdent leur capacité d’autorégulation de la pression, entraînant une rupture de la barrière hémato-oculaire. L’atteinte est le plus souvent invisible jusqu’à ce que des lésions plus graves apparaissent et deviennent évidentes : anomalies de la rétine (tortuosité des vaisseaux rétiniens, œdème rétinien, hémorragie rétinienne, décollement partiel ou total de la rétine, hémorragie vitréenne, glaucome secondaire). Ces lésions sont souvent bilatérales et de gravité variable. Les animaux sont alors présentés pour cécité aiguë, modifications de l’aspect de l’œil telles qu'un hyphéma ou une mydriase aréflective, qui doit évoquer un décollement rétinien. Des lésions plus discrètes sont à rechercher systématiquement (tortuosité artériolaire, œdèmes rétiniens). Il apparaît donc indispensable de réaliser un examen ophtalmologique complet avec fond d’œil chez tous les chats âgés, notamment dans le dépistage. En effet, la récupération de la vision est rare après un décollement de rétine ou un hyphéma, et ce malgré un traitement anti-hypertensif et la résorption des lésions.

> Les reins : le risque majeur est la protéinurie, le développement d’azotémie (deux tiers des chats hypertendus) et donc la progression d’une maladie rénale chronique. Or celle-ci entraîne une modification du système rénine-angiotensine-aldostérone, augmentant ainsi la pression artérielle. Le cercle vicieux s’installe. Il est donc indispensable de réaliser chez le chat âgé un bilan au moins annuel avec analyse d’urine (protéinurie), mesure de l’urémie, de la créatininémie et de la pression artérielle.

> Le cerveau. Une encéphalopathie hypertensive est présente dans 14 à 30 % des cas. Les signes cliniques fréquemment rencontrés sont des convulsions, une ataxie, une désorientation, des vocalises, un coma.

> Le cœur : l’augmentation de la post-charge entraîne un épaississement des parois du ventricule gauche, pouvant provoquer un souffle cardiaque ou un bruit de galop. Ces signes cliniques n’ayant pas d’impact sur l’espérance de vie, ils ne font pas l’objet d’un traitement.

Diagnostic

Le diagnostic repose sur la mesure de la pression artérielle chez tous les chats de plus de 9 ans1, selon les recommandations du Collège américain de médecine interne vétérinaire (Acvim). Tout animal présentant des signes d’atteinte d’organes cibles ou des affections dont la cause est associée à une hypertension secondaire nouvellement diagnostiquée ou en cours de traitement doit toutefois faire l’objet d’une mesure de la pression artérielle. Une fois l’hypertension artérielle mise en évidence, il est également nécessaire d’effectuer d’autres examens afin de dépister une atteinte organique.

Traitement

> Contexte de mise en place

Cette affection étant le plus souvent silencieuse et d’évolution lente, elle nécessite un traitement et un suivi à vie. Il convient ainsi de s’assurer qu’il s’agit réellement d’une hypertension artérielle et non d’un effet blouse blanche, de rechercher systématiquement une atteinte d’organe cible, mais également une maladie concomitante. Le propriétaire devra bien comprendre que le traitement ne fait que contrôler le problème, mais n’implique pas de guérison. Si cette maladie est silencieuse, le traitement reste néanmoins crucial pour la vie de l’animal.

> Au long cours

Le traitement repose sur la prise en charge de la cause de l’hypertension, mais surtout sur la mise en place d’anti-hypertenseurs puissants que sont les inhibiteurs des canaux calciques (ICC), telle l’amlodipine (0,125 à 0,25 mg/kg/j). Une diminution de 30 à 50 mmHg de la PAS est attendue en 1 mois. Lors de protéinurie associée, l’ajout d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA) tels que le bénazépril ou l’énalapril (0,5 mg/kg/j) peut être intéressant. Un IECA seul ne permettra de faire diminuer la PAS que de 10 mmHg environ. Un suivi 7 à 10 jours plus tard est nécessaire lors de la mise en place du traitement ou lors d’ajustement de la dose. Si la diminution de la PAS n’est pas suffisante (PAS > 150 mmHg), la dose d’ICC est doublée. Un suivi tous les 1 à 4 mois selon la stabilité et la gravité de l’hypertension artérielle est ensuite recommandé.

> En urgence

En cas d’urgence (chat présenté avec une cécité brutale), la dose d’ICC est également de 0,125 à 0,25 mg/kg. Une nouvelle mesure de la PAS est réalisée 4 heures après la prise. Si la PAS est supérieure à 160 mmHg, une nouvelle dose peut être donnée, sans dépasser 0,5 mg/kg/j. Un suivi 1 à 3 jours après l’instauration du traitement est alors nécessaire.

1 Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1711 du 17/3/2017, pages 26 et 27.

DÉPISTAGE DE L’HYPERTENSION ARTÉRIELLE ET DES ATTEINTES ORGANIQUES ASSOCIÉES

Isabelle Testault Praticienne au CHV Atlantia à Nantes (Loire-Atlantique).

Il est recommandé, chez le chat âgé de plus de 9 ans, d’effectuer une fois par an :
- une mesure de la pression artérielle ;
- une auscultation cardiaque ;
- un examen de fond d’œil ;
- une analyse d’urine (avec dépistage de la protéinurie) ;
- une mesure de la créatininémie et de l’urémie.

HYPERTENSION ET HYPERTHYROÏDIE

Jean-Yves Douet Maître de conférences en ophtalmologie à l’ENVT. Article rédigé d’après une présentation organisée par Ceva à Nantes, en octobre 2016.

Des études récentes montrent que 23 % des chats hyperthyroïdiens et normotendus initialement développent une hypertension artérielle malgré un traitement et la restauration de l’euthyroïdie. Cela met en évidence l’importance de la mesure de la pression artérielle chez les chats hyperthyroïdiens traités.

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