Le déferrage des trotteurs en course

La question de déferrer ou non les trotteurs en course est souvent posée, avec l’envie de faire la lumière sur cette possibilité : courir pieds nus améliore-t-il les performances ? Quelles sont les limites de cette pratique ?

Notre consœur Oriane Moreau a consacré une thèse à ce sujet¹, dans laquelle elle détaille la physiologie du pied et l’incidence du déferrage sur les performances de l’animal, en s’appuyant sur une solide bibliographie. Elle invite à la prudence sur la réalisation de cette pratique de façon récurrente, car elle entraîne une augmentation de la sensibilité de la sole, une usure de la paroi, mais aussi des modifications de la morphologie du pied, phénomènes dont l’ampleur augmente avec la fréquence du déferrage. Cette pratique fait aussi courir le risque de complications telles que bleimes, abcès, contusions, saignements, et peut avoir des conséquences ostéoarticulaires, essentiellement au niveau de la phalange distale et de l’os sésamoïde.

Une recommandation est finalement formulée dans la thèse : « Même si les pieds du cheval le permettent, il est déconseillé d’envisager plus de trois déferrages successifs, à 15 jours d’intervalles, suivis de 5 semaines de ferrure, afin de laisser le sabot se reconstituer. »

Impact sur les performances

L’auteure s’est aussi attachée à évaluer l’impact du déferrage sur les performances. Elle s’est basée sur l’étude des courses de qualification pour lesquelles le déferrage avait été interdit. Il apparaît que cette pratique a eu peu ou pas d’influence sur les temps de course des jeunes chevaux (2 et 3 ans). Mais la thèse reste réservée quant à l’interprétation des différentes données de course, qui mériteraient d’être étayées.

Concernant les jeunes chevaux, l’objectif initial de l’interdiction était de protéger ceux-ci de tout abus. Pour étudier des chevaux plus âgés, les données ont été fournies par la Société d’encouragement à l’élevage du cheval français (SECF) sur l’année 2015 : caractéristiques des animaux, courses, gains, nombre de déferrages, etc. L’analyse des performances des équidés de 4 à 5 ans a montré que le déferrage avait une incidence sur les performances (amélioration significative). L’effet est plus marqué avec le déferrage des postérieurs.

La conclusion de la thèse appelle néanmoins à une utilisation prudente de cette pratique pour maintenir un bon équilibre entre la recherche de performances et la préservation de la santé de l’animal.
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¹ Moreau O. « Le déferrage des trotteurs en course : usage, effets, limites et incidence sur les performances ». Thèse de médecine vétérinaire, ENVA. 2017.