Ebola : la lutte chez les grands singes est lancée

Un essai vaccinal contre le virus Ebola sur des chimpanzés en captivité a révélé des résultats prometteurs. Les chercheurs ont utilisé le vaccin recombinant bivalent très atténué Filorab 1 (rage + ebola) et l’ont administré per os (PO) à quatre chimpanzés et par voie intramusculaire (IM) à six autres. En s’appuyant sur un essai clinique mené en 2013 sur des macaques rhésus vaccinés par voie IM, puis soumis à une épreuve virale¹, les scientifiques ont pu évaluer le caractère immunogène du vaccin. Par exemple, le titrage des anticorps des chimpanzés vaccinés PO a montré une croissance presque exponentielle jusqu’à 28 jours, suivant de près celle de l’autre essai. De plus, aucun effet secondaire n’a été noté. Les chercheurs se sont aussi penchés sur l’évaluation du stress, via l’observation clinique, le suivi du poids et le dosage de plusieurs facteurs sanguins (glucose, globules blancs et phosphatase alcaline).

Prévenir les épidémies animales et humaines

Plusieurs enjeux découlent de cette étude. Le premier est l’usage qui pourrait être fait du vaccin PO chez les grands singes en Afrique, sur le modèle des campagnes de vaccination antirabique conduites en Europe de l’Ouest chez les renards. Il est montré aujourd’hui que les populations de grands singes n’échappent pas aux épizooties d’Ebola, qui participe ainsi au déclin² de ces espèces. De plus, la transmission du virus à l’être humain se faisant, entre autres, via le contact avec les singes contaminés, contrôler le virus chez ces derniers renforcerait la prévention des épidémies humaines.

Les auteurs de ces recherches mènent aussi une réflexion sur le durcissement de la réglementation ESA (endangered species act), relative aux études cliniques sur les chimpanzés en captivité. Les modifications mineures des variables “stress” chez les singes étudiés suggèrent que les conditions de captivité inhérentes à ce type de travaux pourraient ne pas être « une source majeure de stress sévère ». Des changements simples contribueraient à diminuer celui-ci fortement, tels que l’usage de cages permettant l’épouillage entre individus ou encore le développement du medical training pour habituer les animaux aux manipulations lors des sédations.
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¹ Blaney J. E., Marzi A., Willet M. et coll. Antibody quality and protection from lethal ebola virus challenge in nonhuman primates immunized with rabies virus based bivalent vaccine. Plos Pathog. 2013.

² Leroy E. M., Rouquet P., Formenty P. et coll. Multiple Ebola virus transmission events and rapid decline of central African wildlife. Science. 2004.