Une consœur vient en aide aux SDF dans les rues de Montréal

Un animal de compagnie serait détenu par 10 % des sans-abri (nommés itinérants au Québec) de cette métropole. C’est une ancienne SDF, Caroline Leblanc, étudiante et fondatrice de l’association Solidarité dans la rue¹, qui a entraîné notre consœur Isabelle Pinard (Montréal 99) à leur rencontre dans les rues de Montréal. Cette initiative est née d’un constat fait par Caroline Leblanc lors de ses recherches pour son mémoire de maîtrise en travail social, qui portait sur la relation entre les personnes itinérantes et leurs animaux. À la question : « De quoi auriez-vous le plus besoin ? », les SDF répondaient à l’unanimité : de soins vétérinaires.

Des soins et un soutien dans la relation homme-animal

Ce projet pilote de vétérinaires itinérants a ainsi été mis en place pour procurer des soins de prévention aux animaux des personnes vivant dans la rue et pour les soutenir dans leur relation avec leur compagnon. La présence de la vétérinaire et son écoute bienveillante permettent en effet de réduire le stress et les inquiétudes des SDF quant à l’état de santé de leur animal. La troisième semaine de chaque mois, durant une journée, Isabelle Pinard improvise une salle de consultation² dans les locaux de l’association Sac à dos, qui accueille des personnes itinérantes ou en passe de le devenir. Elle offre un examen clinique à chaque animal et procède à son identification et à sa vaccination. Les soins sont entièrement gratuits pour le propriétaire, cette initiative étant financée par les dons recueillis par l’association de Caroline Leblanc, qui a notamment mis en place un système de parrainage des animaux.

Les deux jeunes femmes parcourent aussi les rues de la ville afin d’approcher des itinérants qui ignorent l’existence des structures pouvant les accueillir avec leur compagnon ou qui ne souhaitent pas s’y rendre. Cette démarche apporte un réconfort immense. « Les personnes que je rencontre sont extrêmement touchées, émues même, certaines pleurent. C’est très important pour elles de savoir que leur animal est protégé par des vaccins, qu’il est soigné... Cela leur permet de respirer un peu », affirme Isabelle Pinard.

Aider à se mettre en conformité avec la réglementation

Par son action, notre consœur souhaite aussi aider les plus démunis à se mettre en conformité avec la très sévère réglementation mise en place récemment par la municipalité montréalaise concernant les animaux de compagnie³. Ce règlement exige notamment que les propriétaires de chiens de type pitbull disposent, au plus tard le 31 mars 2017, d’un permis spécial pour pouvoir garder leur compagnon. L’obtention de ce précieux sésame nécessite la vaccination antirabique, le puçage et la stérilisation de l’animal. Pour ce faire, notre consœur accompagne donc actuellement d’autres organisations d’aide aux itinérants dans les parcs de la ville pour identifier et vacciner un certain nombre d’animaux avant la date butoir. Le 28 janvier dernier, elle a ainsi accueilli dans sa clinique mobile⁴ une douzaine de chiens et quelques chats, donnant cependant la priorité aux pitbulls, urgence du calendrier oblige. « Ma force, c’est la santé des animaux, alors je veux tout faire pour amener les propriétaires à respecter les critères établis par la ville… Nous aimerions aider tout le monde, mais en ce moment, nous tentons d’aider d’abord les personnes qui ne sont pas en règle », explique Isabelle Pinard.

Les animaux nécessitant une stérilisation sont référés vers une clinique vétérinaire, qui procédera gratuitement à cette opération. La gratuité de ces actes (évalués à quelques centaines de dollars pour la vaccination et l’identification, voire 1 000 $ si la stérilisation est également pratiquée) est possible grâce à la générosité des entreprises et des organismes qui viennent en aide aux plus démunis. Quant à la rémunération de notre consœur, elle consiste en une multitude de sourires et de remerciements de la part des propriétaires : « Cela me rend heureuse de pouvoir les aider à garder leur animal. »
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¹ solidaritedanslarue.com.

² bit.ly/2kGd5gd.

³ Voir La Semaine Vétérinaire n° 1690 du 7/10/2016, pages 18 et 19, n° 1691 du 14/10/2016, page 18, et n° 1701 du 6/1/2017, page 16.

⁴ bit.ly/2kRh8r8.