Le bien-être des vaches laitières influe sur leurs performances de reproduction

Une association est mise en évidence pour la première fois, à la connaissance des auteurs, entre la mesure du bien-être animal par le protocole Welfare Quality^®1 et les performances de reproduction des vaches laitières.

Ces résultats proviennent d’une étude présentée lors des journées de rencontres autour des recherches sur les ruminants (3R) à Paris, le 7 décembre dernier. Les moyennes des scores d’évaluation des quatre principes du bien-être du protocole Welfare Quality^® (alimentation, santé, logement, comportement) ont été calculées dans 113 exploitations bovines laitières durant l’hiver². Un score global de bien-être compris entre 0 et 100 a été établi pour chacune d’entre elles. Il est de 43 ± 8,5 en moyenne et supérieur à 20 (note pour laquelle il est considéré comme acceptable) dans les 113 élevages.

Intervalle vêlage-insémination réduit

Les performances de reproduction ont été mesurées par le taux de réussite à l’insémination artificielle (IA) et le délai de mise à la reproduction post-partum. Ce dernier est mesuré par l’intervalle entre le vêlage et l’IA de rang 1 (VIA1), et le taux de réussite à l’IA est calculé par le taux de non-retour à 90 jours sur les IA de rangs 1 et 2. Ces performances ont été comparées entre les élevages obtenant un score moyen de bien-être faible (< 37,4, environ 30 % des animaux) et les autres (> 37,4, environ 70 % des vaches)³. D’autres critères (race, rang de lactation, mois de vêlage, etc.) ont été pris en compte dans le modèle utilisé pour l’étude.

Les résultats montrent que le score de bien-être n’est pas significativement lié à une amélioration du taux de réussite à l’IA (de 57,8 % en moyenne). Ce taux est toutefois lié au rang d’IA (55,4 % au rang 1 contre 67,8 % au rang 2, p < 0,01) et à la race (54,8 % chez les prim’holsteins contre 60,6 % chez les autres, p < 0,01).

En revanche, le score de bien-être a une influence sur l’intervalle VIA1, qui est plus court chez les animaux des élevages où ce score est le plus élevé. Il est en effet de 78,9 ± 1,6 jours chez les élevages où le score est le meilleur contre 85,6 ± 2,4 jours chez ceux ayant obtenu les scores les moins bons (soit 6,7 jours d’écart, p < 0,05, avec une moyenne de 81,6 ± 27,7 jours).

Principes alimentation et santé

De plus, l’analyse des résultats pour chacun des quatre principes de bien-être recherchés montre que l’alimentation et la santé sont associées à la réduction de l’intervalle VIA1. Il est en effet significativement réduit de 6,7 jours chez les vaches des élevages ayant un score de bien-être alimentation élevé et de 8,6 jours chez celles des fermes ayant un score de santé élevé (p < 0,01). Il n’est en revanche pas influencé par les principes de bien-être logement et comportement. Pour les auteurs, ceci est peut-être lié au fait que dans l’étude, le score de bien-être est acceptable pour tous les élevages, et d’autres investigations seraient nécessaires pour déterminer si une altération importante de ces principes a une répercussion sur ce critère de reproduction. Enfin, deux autres paramètres ont une influence significative sur l’intervalle VIA1 : la race (88 jours en moyenne chez les prim’holsteins contre 76,5 jours chez les autres, p < 0,01) et du mois d’IA (86,1 jours en moyenne en hiver/au printemps contre 78,5 jours en automne, p < 0,01).

Pour les auteurs, la relation entre le bon niveau d’alimentation et de santé et la réduction du temps de mise à la reproduction est à mettre en avant pour prôner le respect du bien-être animal, en tant qu’atout pour augmenter les performances des animaux.
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¹ Welfare Quality^® assessment protocols: cattle protocol without veal calves, bit.ly/2kQC2qj. 2009.

² De Boyer des Roches A., Mounier L., Coignard M. et coll. Bien-être animal en élevage laitier : problèmes majeurs rencontrés et relation avec certaines caractéristiques des fermes. Renc. Rech. Ruminants. 2012;19:277-280.

³ La borne pour ces deux classes est définie dans : Coignard M., Guatteo R., Veissier L. et coll. Does milk yield reflect the level of welfare in dairy herds ? Vet. J. 2014;199(1):184-187.

Pour en savoir plus : bit.ly/2kQCSDt.