Fourbure et gestion de la douleur - La Semaine Vétérinaire n° 1706 du 10/02/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1706 du 10/02/2017

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : MARINE NEVEUX  

Dans l’urgence de la prise en charge de la fourbure, la cryothérapie est essentielle, de même que la gestion de la douleur, qui va déterminer la morbidité et le pronostic.

Dans ce cadre, le vétérinaire a un rôle de sentinelle du bien-être animal et aussi de l’évaluation de la douleur, car il sait déterminer ce qui relève de la pathologie. En effet, la douleur, qui est normalement un phénomène protecteur, peut déraper.

La douleur dans la fourbure

La phase d’inflammation et le début du détachement dermo-épidermique est une phase silencieuse, non douloureuse. S’ensuit le début de la phase clinique. Très vite, un cercle vicieux s’installe : les fibres nerveuses ont tendance à amplifier l’inflammation.

Beaucoup de messages nociceptifs montent à la moelle épinière et, rapidement, des marqueurs d’inflammation chronique apparaissent.

Thérapeutique

L’identification de l’origine de la fourbure permet la mise en place d’un traitement étiologique (maladie métabolique/syndrome de cushing, par exemple). Il est essentiel pour minimiser la gravité des lésions et prévenir une installation chronique.

L’analgésie est basée sur des traitements médicamenteux et non médicamenteux (soins des pieds/adaptation à l’environnement, confort du cheval).

Le traitement de la douleur va être symptomatique. Un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) est préconisé. La cryothérapie est aussi primordiale.

Le traitement est multimodal, adapté au contexte et au cas. Physiothérapie-rééducation, gestion de l’activité, méthodes complémentaires, médicaments (AINS, morphiniques, etc.) en font partie. D’autres médicaments peuvent également être utilisés : α-2-agonistes, anesthésiques locaux, anti-N-méthyl-D-aspartate (NMDA), antihyperalgésiques.

Les soins de maréchalerie sont instaurés dès que possible. En attendant, le confort des pieds est soutenu par l’aménagement du sol (litière, tapis en caoutchouc, matelassage, etc.).

Il peut être justifié d’hospitaliser le cheval pour instaurer le traitement si besoin.

- Les AINS anti-COX-1 et 2 et la phénylbutazone présentent un grand intérêt. Ils ont des effets antalgiques, par l’inhibition des neurones sensitifs centraux et des COX, mais aussi par d’autres mécanismes.

- Le traitement avec des morphiniques peut être ponctuel sur une douleur aiguë réfractaire. L’utilisation est parfois indésirable à long terme en raison d’un effet sur le transit.

L’administration de morphine systémique est une option : 0,1 à 0,2 mg/kg par voie intraveineuse ou intramusculaire toutes les 4 à 6 heures ou en perfusion continue.

La morphine peut aussi être injectée par voie péridurale (0,1 à 0,2 mg/kg toutes les 12 heures) avec un cathéter.

Il est également possible d’utiliser le Fentanyl patch® (100 µg/h pour 150 kg), mais il convient de tenir compte de la grande variation individuelle de l’absorption transcutanée par le cheval. En outre, il est conseillé de ne pas dégraisser la peau, car la surface doit être liposoluble pour que cela passe. Il est aussi important de ne pas sous-doser (c’est vite trois patchs par cheval et le patch s’épuise en 48 heures).

- Pour la fourbure chronique : le Tramadol ® per os dans un sirop sucré à raison de 10 mg/kg toutes les 12 heures pendant 7 jours.

- Les α -2- agonistes sont des molécules très analgésiques. Elles sont administrées : en bolus par intervention ponctuelle, notamment pour des soins des pieds ; en perfusion continue à petite dose.

- La détomidine (1 à 5 mg/h/500 kg) potentialise les effets des autres analgésiques. Elle peut être injectée par voie péridurale associée à la morphine (xylazine, 0,1 mg/kg).

- Les blocs des nerfs digitaux sont utilisés ponctuellement ou à plus long terme pour la pose d’un cathéter périnerveux laissé en place 4 à 8 jours.

- La lidocaïne, par voie systémique, est intéressante (effet analgésique, anti-inflammatoire et antiradicalaire), en bolus ou en perfusion continue.

- La kétamine (désormais classée en stupéfiant) possède des vertus antihyperalgésiques.

Gwenola Touzot-Jourde Oniris-Cisco. Article rédigé d’après une présentation faite lors des journées annuelles de l’Association vétérinaire équine française (Avef) à Reims, le 17 novembre 2016.

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