Stérilisation : quelles conséquences comportementales ? - La Semaine Vétérinaire n° 1705 du 03/02/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1705 du 03/02/2017

CONFÉRENCE

PRATIQUE CANINE

Formation

Auteur(s) : GWENAËL OUTTERS 

Les stéroïdes sexuels ont une influence sur le comportement : ils sont sécrétés par les gonades et le cortex surrénalien, le tout sous la dépendance du système nerveux central. Ils ont un rôle majeur dans les comportements strictement sexuels, mais les interactions sont extrêmement nombreuses et dépendent également de l’axe hypothalamo-hypophysaire et des neurotransmetteurs. Ils ont en outre des effets neuroleptiques, une action mnésique et une incidence sur la plasticité neuronale, ce qui rend difficile l’évaluation de l’action de la stérilisation ou de l’utilisation des hormones sexuelles sur le comportement.

Influence des hormones sexuelles

Les comportements influencés par les hormones sexuelles sont les agressions entre chiens, les comportements de monte, le marquage urinaire et les fugues à motivation sexuelle. Ils peuvent persister chez les mâles castrés. Chez la femelle, les comportements sont liés à l’œstrus avec des fugues et la recherche du mâle et des comportements liés au postœstrus avec du maternage, des pseudocyèses, des agressions maternelles ou des variations d’humeur avec une agressivité.

Bénéfices

La castration induit une disparition des stéroïdes sexuels, mais le relais est pris par les cortico-surrénales, durablement marquées par l’imprégnation hormonale. En règle générale, les études annoncent 60 à 90 % d’effets bénéfiques de la castration chez le mâle, sans influence de la race ou de la durée du comportement indésirable. Elle est rarement inefficace sur le marquage urinaire. Son activité est constante sur les fugues sexuelles et les agressions entre mâles. Chez la femelle, elle apporte une résolution des symptômes de l’œstrus et du postœstrus et une stabilisation de l’humeur. La conférencière souligne toutefois que les études sur le sujet utilisent des définitions de termes difficiles à appréhender, avec des conditions d’expérimentation parfois biaisées.

Inconvénients

L’augmentation de la prise alimentaire peut être une conséquence néfaste de la stérilisation, avec une modification de la relation avec le propriétaire : demande insistante d’aliments, agressions autour de la nourriture, vols, etc. De nombreuses études, souvent discutables, évoquent également « une aggra vation de tous les comportements », « une augmentation de la peur ou l’excitabilité », « une accentuation des manifestations d’agression », « une diminution du courage ou un déficit cognitif chez le vieux chien ».

Quand proposer la stérilisation lors de troubles du comportement ?

La castration est indiquée pour des demandes spontanées dans le cadre d’un programme de médecine préventive chez le chien ou chez le chat, en ayant au préalable évalué le comportement.

En thérapie comportementale, la stérilisation est souvent utilisée à tort en première intention sur la malpropreté et les agressions, mais reste souvent décevante dans la mesure où les indications n’ont pas été correctement ciblées. Par ailleurs, elle fige les comportements. L’intervention est à préconiser chez le chien dans les cas d’hypersexualité, de troubles hiérarchiques du mâle et de marquage urinaire. Chez la chienne, elle est recommandée dans les troubles de l’humeur postœstrus, avec une intervention à prévoir quatre mois après les chaleurs. Chez le chat, elle apporte une bonne efficacité dans les comportements de marquage et est un prérequis à la prise en charge des troubles de la cohabitation.

Quelle alternative ?

Les progestatifs de synthèse sont une alternative à la stérilisation chirurgicale. Ils ont une action rapide et sont efficaces lors d’hypersexualité et de marquage. Leur effet neuroleptique-like est aussi responsable du changement de comportement. La polyphagie en est un effet secondaire. L’utilisation de l’implant de desloréline en comportement ne relève que de retours d’expérience. Il peut être indiqué chez les chats mâles en élevage pour limiter le marquage, avec une durée d’action qui varie entre 6 mois et 2 ans. Chez le chien, l’utilisation de l’implant peut constituer un bon essai thérapeutique avant la castration, mais le délai d’action est de 15 jours, avec une aggravation temporaire des troubles comportementaux.

Catherine Mège DIE de vétérinaire comportementaliste, praticienne à Chenôve (Côte-d’Or). Article rédigé d’après une présentation faite lors du congrès de l’Afvac à Lyon (Rhône), en novembre 2015.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr