Comment financer son projet innovant - La Semaine Vétérinaire n° 1705 du 03/02/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1705 du 03/02/2017

FINANCES

Auteur(s) : FRANÇOISE SIGOT  

Une myriade de financements sont aujourd’hui accessibles aux structures vétérinaires détenant des projets innovants. Encore faut-il savoir les décrypter ? Le point.

Vétérinaire associé dans un cabinet adhérent au Groupe Cristal, Charles Facon mise sur l’innovation. « Cela fait partie de l’essence même de notre réseau. L’innovation est un facteur différenciant et un moyen de conserver notre leadership sur certains marchés », résume-t-il. Sans compter l’émulation au sein des équipes et la fierté de faire avancer la technique. C’est pourquoi, au fil du temps, le réseau Cristal s’est organisé pour innover. « La base de l’innovation réside dans une bonne structuration du groupe qui nous permet d’aller chercher des financements, car cela représente beaucoup de travail administratif », explique Charles Facon. Pour prendre en charge ce volet administratif, son réseau peut compter sur une personne à temps plein capable de décrypter la myriade de financements liés à l’innovation et les conditions d’éligibilité des projets à ces aides.Pour optimiser ses chances de réussite, il fait aussi appel à un conseil externe. « Je ne vois pas comment on peut bien mener un dossier sans un conseil », lâche l’associé.

Ainsi, en structurant l’innovation, le Groupe Cristal a obtenu l’agrément au titre du crédit impôt recherche (CIR). Le Phytogramme®, un nouvel outil d’expertise pour faire évoluer l’utilisation des solutions alternatives aux antibiotiques en production animale, est issu de cette recherche et développement (R & D). Pour un autre dossier, c’est un financement auprès de la banque publique d’investissement (BPI) qui a été sollicité. « Cela nous a permis d’aller plus vite et surtout de mieux bâtir notre projet, car présenter un projet à des financeurs potentiels est un exercice enrichissant et structurant », assure Charles Facon. Comme au sein du réseau Cristal, de plus en plus de vétérinaires sont convaincus de l’intérêt de la recherche, mais peu osent encore franchir le pas, notamment par manque de moyens.

Les aides locales

Pourtant, la chasse aux financements est souvent couronnée de succès. Encore faut-il s’armer de patience, car les aides potentielles sont nombreuses, mais soumises à des conditions drastiques qui font qu’au final l’entonnoir se resserre considérablement. D’où l’intérêt de faire appel à des spécialistes pour espérer décrocher quelques subsides. « Tout dépend de ce que l’on veut financer. Deux approches sont possibles selon le type de projet : soit le financement en amont du projet par le biais d’aides ou en aval avec le CIR ou le crédit impôt innovation (CII). S’il est possible d’identifier les impacts du projet en matière de développement et d’emploi sur le territoire, alors on va pouvoir solliciter la BPI pour des aides à l’innovation », résume Éloi Primaux, fondateur dirigeant de Wisearch, spécialiste du financement de l’innovation. Certaines agences régionales pour l’innovation disposent aussi de budgets, mais, bien souvent, elles travaillent sur des thèmes plus précis que la BPI et en rapport avec leurs objectifs régionaux. Par exemple, le bien-être animal ou le maillage territorial, ce qui peut restreindre les possibilités.

Les aides nationales

Pour les recherches en amont, le CIR peut être une piste sérieuse. « L’objectif de l’État à travers le CIR est de faire avancer la recherche, les financements vont donc à des travaux de recherche qui s’inscrivent dans ce cadre, autrement dit capables de lever les incertitudes et les contraintes empêchant le développement de l’innovation elle-même. Il s’agit donc de travaux bien plus en amont que ceux financés par la BPI, qui souvent peuvent faire l’objet d’une publication », observe Éloi Primaux. Enfin, les réalisations menant à la mise en œuvre de l’innovation peuvent être financées par le CII, à condition toutefois de rentrer dans le cadre de ce dispositif. Les aides prennent la forme d’un crédit d’impôt sur les sociétés (IS) et sur le revenu (IR). Reste une condition : avoir une société de forme commerciale, la seule à être éligible aux dispositifs CIR et CII. Christian Bussy, associé à la clinique vétérinaire du Grand-Renaud, à Saint-Saturnin (Sarthe), est presque un habitué du CIR. « Nous avons fait appel au CIR pour la première fois en 2010. Nous travaillions alors sur un projet visant à mécaniser et à améliorer le système sanitaire de gestion des litières des box. Nous avons obtenu un crédit nous permettant de couvrir 40 % de nos dépenses la première année et 30 % les suivantes. Nous avons ensuite fait de nouveau appel au CIR pour deux autres projets et nous continuons encore aujourd’hui », résume-t-il, en estimant que, sans cette aide, il n’aurait pas pu mener autant de projets.

La valeur des projets CIR

Conscient que le CIR est synonyme de contrôle fiscal, le vétérinaire sarthois n’a pas reculé devant cette contrainte. « À ce jour, nous n’avons pas été contrôlés, mais nous savons que cela arrivera », analyse Christian Bussy, sans fébrilité. « Le montage et le suivi des dossiers de CIR sont effectivement compliqués, c’est pour cela que nous travaillons avec un expert. Il faut être bien accompagné afin de pouvoir présenter un dossier conforme aux exigences en cas de contrôle, mais aussi pour obtenir le CIR. » Malgré cette contrainte, le Dr Bussy estime que le CIR a été décisif dans les avancées. « Nous n’aurions pas fait autant de recherche et donc nous n’aurions pas eu autant de retours, car, au-delà de l’argent, les projets financés avec du CIR nous ont permis d’être reconnus. C’est très important pour nous, car 60 % de notre activité se fait avec des confrères référents », explique-t-il.

La piste complexe des aides européennes

Une fois les aides locales et nationales épuisées, une ultime piste est encore possible : l’Europe. « Le montage des dossiers est long et coûteux puisqu’il faut compter au minimum 12 000 €. Par ailleurs, un vétérinaire ne peut pas solliciter des aides européennes seul. Il faut dépendre d’un consortium européen et surtout définir les modalités de partage des résultats du projet entre les différents membres, ce qui complique la démarche. Enfin, le projet pour lequel on sollicite une aide doit obligatoirement s’inscrire dans la thématique de l’appel à projet », explique Éloi Primaux. Complexe, cette piste est rarement exploitée par les vétérinaires, alors que les aides locales et nationales font désormais partie de la palette de financements utilisés par la profession pour faire de la R & D. Souvent décisives pour mener à bien des projets, ces aides restent toutefois difficiles à obtenir sans le concours de spécialistes de la recherche de financements.

AVEC QUEL DISPOSITIF FINANCER SON PROJET


•La banque publique d’investissement (BPI) : peut être mobilisée pour des projets à plus ou moins court terme, relativement aboutis, pour l’achat de matériel également. Les aides se font sous forme de prêts ou de subventions.

•Les conseils régionaux :via les agences d’innovation (et souvent une BPI), certains projets peuvent être soutenus s’ils visent des thématiques retenues par la région.

•La communauté de communes : certaines de ces collectivités allouent des aides à des projets sur des thématiques de niche très locales.

•Le crédit impôt recherche (CIR) : vise des projets pris en amont et permettant de lever des incertitudes et des contraintes conduisant à la génération d’une innovation.

•Le crédit impôt innovation (CII) : est identique dans sa forme au CIR, mais concerne le développement de l’innovation elle-même. Ce dispositif peut être sollicité en parallèle des aides de BPI et celles des régions.

•Le crowdfunding : tout projet peut être soumis à un appel au financement participatif, à condition d’être compris des financeurs potentiels, pour susciter leur intérêt.

•Les financements européens : le suivi et le montage du dossier sont longs et coûteux (12 000 € minimum) et le projet doit entrer dans les exigences d’un appel à projets.
Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr