Description de l’évolution du syndrome de nécrose d’oreille chez le porc

Une grille d’évaluation visuelle des stades lésionnels du syndrome de nécrose d’oreille (SNO) a été établie grâce à une étude réalisée par Héloïse Mouchet, praticienne dans le Morbihan, dans le cadre de sa thèse de doctorat vétérinaire¹. Cette thèse a été récompensée par le prix Jules-Tournut lors du congrès de l’Association française de médecine vétérinaire porcine, les 1^er et 2 décembre 2016.

Quatre stades d’évolution

L’essai a été mené avec trois élevages du Grand Ouest dans lesquels le SNO est très présent. Au total, quatre bandes de porcelets ont été suivies deux fois par semaine pendant la durée du post-sevrage. Des biopsies des lésions à divers stades ont été réalisées en vue d’analyses bactériologiques et histologiques, ainsi que chez des témoins ne présentant pas de lésions (95 prélèvements). Vétérinaires et éleveurs ont répondu à des questionnaires portant sur l’apparition et l’évolution des lésions et sur la conduite d’élevage.

Les observations montrent que les lésions macroscopiques sont toujours bilatérales, parfois symétriques. Elles débutent à l’apex de l’oreille, puis s’étendent soit le long des bords du pavillon auriculaire, soit en profondeur dans l’oreille. Une grille d’évaluation visuelle de quatre stades lésionnels, établie pour permettre une bonne concordance entre l’évaluation visuelle et l’évaluation mesurée par un logiciel de traitement des photographies des lésions (Mesurim^®), remplace celle qui avait été élaborée précédemment² (tableau). Cette grille peut être utilisée par les vétérinaires pour déterminer l’importance et l’évolution du SNO dans une exploitation.

Une étiologie encore floue

Cette étude a mis en évidence une phase d’hyperthermie en début d’évolution du SNO. Les porcelets atteints de lésions de stade 1 présentent en effet une hyperthermie, qui n’est pas retrouvée chez ceux dont les lésions sont de stades supérieurs.

Les résultats bactériologiques des prélèvements montrent la présence de streptocoques et de staphylocoques pathogènes au niveau des lésions, ainsi que de bactéries de la flore commensale de la peau du porc, présentes aussi chez les témoins (dont Staphylococcus aureus et Aerococcus viridans). Cela ne permet pas de conclure à une origine bactérienne primaire du SNO, celle-ci étant suspectée dans la littérature, mais non démontrée.

De plus, l’histologie met en évidence des colonies bactériennes cocciformes pour seulement trois prélèvements (lésions de stades 1, 3 et 4), qui semblent davantage liées à une surinfection secondaire des lésions. Les résultats histologiques doivent être davantage étudiés afin de préciser les lésions microscopiques des différents stades du SNO. D’autres analyses sont également envisagées pour détecter un éventuel dépôt de complexes immuns indiquant l’intervention de phénomènes immunitaires dans ce syndrome.
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¹ Mouchet H. Étude du syndrome de nécrose d’oreille dans les élevages porcins français du Grand Ouest. Thèse de doctorat vétérinaire, Nantes 2016:176p.

² Hansen K. K., Busch M. E. Antibiotic treatment as an intervention against ear necrosis in one herd. Proceedings 20^th IPVS Congress, Durban, South Africa. 2008:594.