Boehringer Ingelheim absorbe Merial et mise sur la prévention - La Semaine Vétérinaire n° 1704 du 27/01/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1704 du 27/01/2017

LABORATOIRES

ACTU

ÉVÉNEMENT

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL  

Boehringer Ingelheim compte maintenir les investissements prévus par Merial et mise tout sur la prévention. La marque Merial disparaîtra totalement pour laisser la place à Boehringer.

C’est chose faite ! Merial appartient désormais au laboratoire allemand Boehringer Ingelheim1. Cette opération donne naissance à un nouvel acteur sur le marché mondial de la santé animale. Le 19 janvier dernier, le nouveau propriétaire de Merial a dévoilé ses ambitions et ses perspectives de croissance, qui font de la France un maillon stratégique pour le groupe allemand. Le laboratoire mise tout sur la prévention et vise à se hisser au premier rang mondial. Par ailleurs, la marque Merial tirera à terme sa révérence.

Place aux vaccins et aux antiparasitaires

Dans sa nouvelle stratégie, Boehringer Ingelheim donne une grande place à la prévention afin de faire « évoluer le paradigme du marché ». À en croire Joachim Hasenmaier, directeur de la division santé animale de l’entreprise, la demande accrue de protéines animales dans les marchés émergents et l’inquiétude croissante des consommateurs vis-à-vis de l’usage d’antibiotiques sur les producteurs de denrées alimentaires poussent le laboratoire à adapter sa vision et sa stratégie. Pour ce faire, l’entreprise place les solutions de prévention au cœur de sa stratégie de développement afin de réduire le recours aux antibiotiques, qui représentent aujourd’hui, selon Joachim Hasenmaier, 35 % du marché mondial de la santé animale. Ainsi, pour l’entreprise allemande, l’antibiothérapie ne doit pas être automatique et peut même être considérée comme un traitement de dernier recours. Exit les antibiotiques, pour faire place aux antiparasitaires et aux vaccins (vaccination des porcs, par exemple). Il s’agit, dans tous les cas, de l’ambition affichée de Boehringer Ingelheim, qui se positionne en leader mondial sur ce terrain. C’est donc logiquement que les investissements en recherche et développement (R & D) prévus par l’entreprise visent notamment l’installation de biogénérateurs et de nouvelles unités de production de vaccins effervescents ou encore de nouveaux produits faciles d’administration par les éleveurs contre « pratiquement zéro investissement en recherche et développement » dans le domaine de l’antibiothérapie. D’autres segments sont concernés, tels que les diagnostics et les probiotiques. À ce stade, aucune précision n’est donnée sur l’accompagnement des praticiens dans cette évolution souhaitée du marché.

La fin de Merial

Les représentants de Boehringer Ingelheim l’ont annoncé : la marque Merial disparaîtra au profit du nom de son nouvel acquéreur. La nouvelle entité conserve donc la marque allemande Boehringer Ingelheim Santé animale. De même, une nouvelle entité visuelle propre à la division santé animale sera certainement dévoilée à la rentrée prochaine. Mais le processus est complexe, la disparition totale de la marque devra intervenir d’ici deux à trois ans, délai souvent nécessaire pour obtenir le renouvellement des autorisations de mise sur le marché. « La fusion de deux leaders mondiaux est un processus complexe. Le rapprochement se fera donc progressivement, sachant que le siège mondial de la nouvelle entité, dont le nom est Boehringer Ingelheim, sera basé en Allemagne. Une nouvelle identité visuelle propre à la division santé animale sera dévoilée courant 2017 », a expliqué le directeur de cette dernière, également membre du directoire Boehringer Ingelheim. L’objectif affiché est qu’au 1er janvier 2018, il y ait un seul interlocuteur pour ses partenaires, y compris vétérinaires. Dans l’intervalle, certains produits de Merial seront toujours disponibles sur le marché, à condition bien entendu qu’ils n’aient pas été cédés à Ceva Santé animale. Par ailleurs, le siège mondial de la nouvelle entité ne sera pas basé à Lyon (Rhône), mais à Ingelheim, en Allemagne. Erick Lelouche (N 85), président de Boehringer Ingelheim Santé animale en France, souligne l’opportunité de l’acquisition de Merial, en raison, notamment, de la complémentarité des deux entités. « C’est une alliance de rêve, le plus pertinent des mariages possibles entre des acteurs de la santé animale. », précise-t-il. En effet, le groupe allemand tient la première place sur les segments de marché porcs et chevaux. L’acquisition de Merial lui permet de se hisser en tant que leader mondial sur les marchés animaux de compagnie et volailles.

Des cessions à Ceva

Les laboratoires Merial et Boehringer Ingelheim ont cédé à Ceva Santé animale un certain nombre de produits commercialisés ou en cours de développement par Merial. Le laboratoire libournais a annoncé2 l’acquisition de neuf produits développés et commercialisés par la branche santé animale de Sanofi. L’entreprise reprend ainsi quatre vaccins de Merial : Circovac® vaccin contre le circovirus porcin de type 2 (hors É́tats-Unis), Progressis® vaccin contre le syndrome dysgénésique et respiratoire porcin (SDRP), Parvovax® vaccin contre la parvovirose porcine et Parvoruvax® vaccin contre la maladie du rouget et la parvovirose porcine.

Cette acquisition concerne également le vaccin bovin Mucosiffa® et quatre médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens : Equioxx® pour chevaux (hors États-Unis), Genixine® pour chevaux, bovins et porcins, Ketofen® 1 % injection et comprimés pour chiens et chats (hors Canada) et Ketofen® 10 % injection pour chevaux, bovins et porcins (hors Canada).

« Nous sommes fiers de ces acquisitions issues du savoir-faire scientifique français. C’est une belle opportunité que nous avons su saisir, qui atteste notre engagement et notre responsabilité à vouloir faire perdurer notre croissance et notre développement sur le sol français. Les vétérinaires et les éleveurs sont nos partenaires au quotidien et il est prioritaire pour nous de leur apporter l’offre la plus innovante et la plus complète possible », souligne Arnaud Leboulanger, directeur de la filiale France de Ceva Santé Animale.

125 millions d’euros d’investissements

Les investissements engagés par l’ancien propriétaire de Merial dans la métropole lyonnaise seront maintenus. À titre d’exemple, 70 millions d’euros seront injectés sur le site de la porte des Alpes à Saint-Priest pour la construction d’un nouveau bâtiment de R & D et 55 millions seront dédiés à de nouveaux équipements de production. Il faudra également compter 15 millions d’euros d’investissements pour doubler la capacité de production sur le site de Lentilly. Par ailleurs, un nouveau bâtiment de 14 000 m2 doit voir le jour dans le quartier du Biodistrict Lyon-Gerland. À la mi-2017, celui-ci accueillera 800 collaborateurs. L’entreprise a aussi lancé un plan de recrutement sur Lyon afin de développer ses propres fonctions support jusqu’alors issues de Sanofi. Boehringer Ingelheim entend s’appuyer sur l’outil de production et le savoir-faire des équipes françaises. « La France aura une place importante dans la stratégie de Boehringer Ingelheim. Ce rapprochement est une chance pour les effectifs qui vont, à l’avenir, contribuer à faire du nouv eau groupe un leader mondial. L’expertise des équipes en place, tant sur le plan commercial, industriel ou de la R & D, a été un argument majeur du rapprochement », a insisté Erick Lelouche.

1 bit.ly/2jUdw9V.

2 bit.ly/2fSxU66.

UN NOUVEL ACTEUR MONDIAL


L’acquisition de Merial (numéro 4 mondial) par Boehringer Ingelheim (numéro 6 mondial) a permis l’arrivée, sur le marché mondial de la santé animale, d’un numéro 2 qui talonne Zoetis, numéro 1. L’ambition du groupe allemand est de ravir la première place du podium et il s’en donne les moyens. « Le rapprochement de nos activités santé animale est porteur d’un important potentiel de croissance et peut nous permettre d’émerger comme un leader mondial », déclarait le professeur Andreas Barner, président du conseil de Boehringer Ingelheim1. En 2015, son chiffre d’affaires est estimé à près de quatre millions d’euros et pour 2016, Erick Lelouche, président de Boehringer Ingelheim Santé animale en France, prévoit une croissance plus importante, deux fois supérieure à celle actuellement connue par le marché de la santé animale, de l’ordre de 5 %.

1 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1657 du 15/1/2016, pages 10 et 11.
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