Production de viande et de lait : des chercheurs au service d’une filière bovine en souffrance - La Semaine Vétérinaire n° 1703 du 19/01/2017
La Semaine Vétérinaire n° 1703 du 19/01/2017

JOURNÉES 3R

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : BÉATRICE BOUQUET 

Dissection technicoéconomique au cas par cas, amélioration de la précision du rationnement ou études pratiques pour optimiser l’hygiène du pied : la recherche scientifique entend répondre à la forte demande d’innovation des éleveurs.

Aux Rencontres autour des recherches sur les ruminants (3R), début décembre à Paris1, rien moins que 900 participants ont partagé leurs avancées scientifiques, dans un contexte de souffrance profonde des filières de production bovine, tant économique que médiatique. Les temps sont à la recherche de solutions technicoéconomiques adaptées au cas par cas pour que l’élevage de ruminants, sous toutes ses déclinaisons, retrouve la voie de la rentabilité en France. La moitié des revenus des éleveurs sont issus de fonds publics. « Certes, le service qu’ils rendent [aux territoires] mérite rémunération, mais comment faire pour que les aides profitent vraiment au producteur, alors que l’aval de la filière les a captées en grande partie depuis la dernière réforme de la PAC 2 ? », s’interrogent les chercheurs.

Actuellement, produire en filière viande bovine se résume à faire naître de futurs broutards pour l’export, ou à engraisser du taurillon de 450 kg pour la France. La ressource est pourtant disponible pour engraisser davantage sur place plutôt qu’exporter des bovins maigres (dans le charolais, notamment). Adapter les animaux – génétiquement – à l’engraissement à l’herbe… Les éleveurs, sur le banc médiatique des accusés (voir les reportages à charge à la télévision), seraient prêts à s’adapter, selon Martial Marguet, président de l’Institut de l’élevage (Idele) et ancien directeur de cabinet du ministre de l’Agriculture, mais « on doit leur fournir le chemin ». « L’élevage de ruminants a de l’avenir, malgré un moment conjoncturel dégradé, a-t-on entendu en ouverture officielle des journées, y compris dans des fermes de 1 000 vaches ». « Les chercheurs se persuadent entre eux [aux 3R] , mais il faut apprendre à partager la réflexion avec nos concitoyens. »

Davantage d’agilité, de réactivité

Face à la “googelisation” – voire l’“ubérisation” – de notre société, dans laquelle une information parfois non vérifiée circule, les chercheurs sur les ruminants sont attendus pour faire en sorte que des informations de terrain fondamentales pour la filière (et son image) soient exploitées. À monde ouvert, recherches différentes. Davantage d’agilité et de réactivité permettrait d’en renforcer l’impact. Philippe Mauguin, PDG de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), confronté à un « désarroi des chercheurs », répond du tac au tac aux interrogations de la société sur l’élevage. La production animale reste, malgré son atomisation en bovine, « un bassin d’emploi ». Les effluents d’élevage ? « Un gisement d’azote et de phosphore. » Les surfaces « prises par l’élevage à la culture » ? « Il ne s’agit pas des mêmes terres (collines, terrains inondables, etc.). » La viande mauvaise pour la santé ? « Tout est dans l’équilibre… » Et « on peut réduire encore davantage les émissions de gaz à effet de serre ». Le président de l’Inra demeure également persuadé qu’il reste « des marges de progrès sur le bien-être animal ». L’usage des antimicrobiens a été considérablement réduit, mais pourquoi ne pas aller plus loin et « réduire les anthelminthiques » ? « Les professionnels sont conscients que leur avenir se mène sur l’innovation », insiste-t-il.

Nouvelles tables de rationnement des ruminants

Parmi la multitude de sujets abordés aux 3R, les nouvelles tables Inra de rationnement des ruminants ont été présentées. Tout un symbole de la réactivité des chercheurs face aux évolutions de la société. Internationalisation oblige, la version en anglais, éditée par Wageningen Academic Publishers, sort avant la version française, à paraître aux Éditions Quæ. L’outil de rationnement informatisé Prevalim® suivra de près la sortie des ouvrages papier. Une comparaison avec les autres systèmes de rationnement est incluse.

Les bases de données ont pu être élargies, la précision du système s’est accrue (valeurs nutritives), les problématiques de rejet sont prises en compte (azote, méthane). Des systèmes de production plus diversifiés peuvent être analysés, de très pauvres (y compris en régions chaudes) à très concentrés. La durée du pâturage devient un facteur de variation et le risque d’acidose des ruminants pourra être mieux anticipé lors de l’établissement d’une ration, d’autant que l’encombrement du concentré est désormais pris en compte, alors qu’il était jugé négligeable précédemment. La qualité des produits peut aussi être anticipée dès le rationnement (prévision, notamment, des acides gras du lait et de la viande).

Les vétérinaires ne sont pas écartés du monde de la recherche sur les ruminants. Nathalie Bareille, d’Oniris, est membre du comité d’organisation. La surveillance des fluctuations de remplissage des pédiluves est un paramètre important à suivre, d’après une étude réalisée à Oniris à la demande de Qalian-Neovia et présentée aux 3R, en atelier expériences et innovations de terrain. Un dispositif de taille suffisante (trois mètres dans l’étude) permet d’éviter une trop rapide baisse de niveau du pédiluve. Renouveler la solution après 100 à 150 passages est apparu satisfaisant dans l’étude, soit deux traites pour un élevage d’une soixantaine de vaches en production.

1 23es rencontres autour des recherches sur les ruminants, les 7 et 8 décembre derniers à Paris, journees3r.fr.

2 Politique agricole commune.

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