Un animal a les mêmes besoins, où qu’il vive, et quelle que soit sa fonction - La Semaine Vétérinaire n° 1700 du 13/12/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1700 du 13/12/2016

ACTU

Une même espèce animale peut être utilisée par l’homme dans différents secteurs (laboratoire, animal de compagnie, alimentation, médiation animale, ferme pédagogique) et cette généralisation semble être un fait actuel, notamment avec l’avènement des “nouveaux animaux de compagnie”. De plus, un même individu peut, à différents moments de sa vie, remplir différentes fonctions, auxquelles l’homme l’aura destiné : la directive 2010/63, dans son article 19, relative à l’utilisation des animaux de laboratoire encourage le placement des animaux. Il y est écrit, dans le considérant (26) : « Au terme de la procédure, il convient de prendre la décision la plus appropriée quant au sort de l’animal, en fonction de son bien-être et des risques potentiels pour l’environnement… Dans certains cas, il convient de relâcher les animaux dans un habitat ou un système d’élevage approprié, ou d’autoriser le placement des animaux comme les chiens et les chats dans des ménages. »

Un animal a les mêmes besoins, quels que soient son utilisation et son milieu de vie. Pourtant, la réglementation qui protège les animaux est très différente selon l’usage qui en est fait. Comme animal de rente, un cochon peut être castré sans aucune anesthésie ni analgésie. Comme animal de laboratoire, la plus simple chirurgie l’impose. Dans ce cadre, dès lors qu’on est amené à infliger aux animaux « une douleur, une souffrance, une angoisse ou des dommages durables équivalents ou supérieurs à ceux causés par l’introduction d’une aiguille conformément aux bonnes pratiques vétérinaires », toute pratique expérimentale rentre dans un cadre transparent impliquant (notamment) les obligations suivantes : soumission de tout protocole expérimental à un comité d’éthique qui procède à une balance “dommages pour l’animal/avantage scientifique attendu”, autorisation du projet par le ministère chargée de la recherche, supervision par une structure chargée du bien-être animal qui s’assure au quotidien qu’il n’y a pas de manquement du point de vue du bien-être animal ; obligation d’héberger en groupe les espèces sociales et de proposer des enrichissements « encourageant l’exercice physique, l’exploration, (…) et les activités cognitives ». De telles obligations, assorties de contrôles, ne concernent toutefois pas, ou peu, les autres utilisations des animaux. Les méthodes d’euthanasie autorisées sont, elles aussi, très évocatrices des différences réglementaires qui peuvent exister en fonction de l’utilisation d’une espèce.

À l’origine de ces inégalités, les raisons sont diverses : économiques en premier lieu (avant d’être rentable, la quête du bien-être est perçue comme un surcoût) ; scientifiques (le stress induit aux animaux étant responsable de biais expérimentaux, il importe de le réduire au maximum) ; comportementales (faible propension au changement). Mais la pression médiatique et sociale pèse fortement dans l’évolution de la réglementation en protection animale.

Sans pousser à tout prix à la mise en place de réglementations redondantes, il est sans doute l’heure de réfléchir à une harmonisation des pratiques concernant la protection des animaux, avant que les scandales ne fassent bouger les lignes sans concertation suffisante. La généralisation des comités d’éthique et des structures chargées du bien-être animal à tous les secteurs concernés par l’utilisation des animaux pourrait être un moyen d’action efficace. Ils ont déjà fait leur preuve, au niveau européen, dans le domaine de l’expérimentation animale.

Il est aussi urgent de valider des outils permettant d’apprécier le bien-être des animaux en vue de l’améliorer, quelle que soit leur utilisation. L’exemple du projet Welfare Quality©, soutenu par l’OIE1, montre qu’une démarche initialement menée pour les animaux de rente peut se généraliser à d’autres espèces et secteurs d’activité.

Dernièrement, le colloque international organisé par l’Eslav et l’Eclam2 a réussi le pari de rassembler des confrères issus de tous secteurs autour de la thématique du bien-être animal. Des collaborations se sont mises en place, dépassant les frontières géographiques et sectorielles. En tant que vétérinaires, nous avons une place stratégique pour encourager les échanges de connaissances, d’idées et d’informations relatives à la protection et au bien-être des animaux.

1 Organisation mondiale de la santé animale.

2 European Society of Laboratory Animal Veterinarians (Eslav)-European College of Laboratory Animal Medicine (Eclam), du 15 au 18 novembre 2016 à Lyon (Rhône).

DOMINIQUE AUTIER-DÉRIAN (L 87)

dirige, en tant que consultante spécialisée en comportement, évaluation et amélioration du bien-être animal, le bureau d’études Animal Welfare Consulting. Titulaire d’un PhD en éthologie, elle est membre du groupe bien-être animal de la Fédération Vétérinaire Européenne (FVE). En novembre 2016, elle a consolidé l’organisation du congrès international Eslav-Eclam consacré au bien-être animal à Lyon (Rhône).
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