trois sujets majeurs pour éclairer le futur - La Semaine Vétérinaire n° 1700 du 13/12/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1700 du 13/12/2016

ACTU

Malgré la détérioration du contrat social jadis harmonieux, fait d’échanges de valeur ajoutée au profit de la société, des détenteurs d’animaux et du vétérinaire, notre profession s’est désormais emparée de trois sujets majeurs afin d’éclairer le futur.

Bien-être animal

Après un retard à l’allumage, sans doute par pudeur scientifique et du fait du contexte législatif d’un changement – certes cosmétique mais sans doute apaisant – de statut de l’animal dans le Code civil, la profession a désormais pris toute sa place dans ce débat sociétal. Notre profession peut, par ses compétences techniques et scientifiques, par sa présence quotidienne sur le terrain, valoriser la prise en compte du bien-être animal, quelle que soit l’utilisation ou la finalité de l’espèce animale considérée.

La valeur ajoutée sociétale de la fonction expertale ou médiatrice du vétérinaire en matière de protection animale est immense au travers de la continuité des soins et de la caution apportée aux productions animales. Les services de garde sont nécessaires, obligatoires, mais ne génèrent aucune valeur pour les entreprises vétérinaires libérales.

Au quotidien, tant pour le clinicien, pour l’enseignant, pour l’inspecteur vétérinaire que pour le vétérinaire de l’industrie pharmaceutique, notre formation scientifique fondée sur la clinique accolée à notre penchant naturel pour le monde animal fait du vétérinaire l’interlocuteur de choix qui éclaire la société civile sur la nécessaire prise en compte de la bientraitance animale dans toutes ses composantes. Cette participation au débat donne du sens à notre profession, tout en nous abstenant, à titre collectif, de verser dans le débat du choix philosophique et individuel de chacun. « Manger de la viande n’est pas un crime, s’en abstenir n’est pas une vertu » (Raphaël Enthoven, professeur de philosophie et animateur de radio).

Les exemples concrets sont nombreux : l’abattage, les dérives mafieuses de l’endurance équestre, l’accompagnement des productions animales, les chiens dits dangereux, etc.

La nouvelle gouvernance sanitaire

L’adversaire majeur du mandat sanitaire est la comptabilité analytique, alors que la valeur ajoutée sociétale est considérable. Quelle place dans la nouvelle gouvernance sanitaire pour la profession ?

Alors que les états généraux du sanitaire avaient abouti à des principes intéressants, tels que le concept One Health et la réécriture du Code rural, notamment sur l’acte vétérinaire, il y a désormais une étape de déclinaison de cette réflexion à franchir au risque de perdre la présence des vétérinaires libéraux dans les territoires.

Quid de la place des GDS1 dans cette gouvernance sanitaire ? Le GDS national, adepte de la politique du pire, est aux aguets pour s’emparer des décombres du sanitaire, désormais sans sérieux modèle économique pour les entreprises vétérinaires.

La création d’un parlement du sanitaire, le Cnopsav2, a été une avancée car un lieu de dialogue, mais on peut s’interroger sur la pertinence du mille-feuille régional avec les associations régionales sanitaires, les OVVT3, les OVS4 : quelle débauche d’énergie, de temps, d’argent pour appliquer une politique sanitaire, alors que le sanitaire n’a pas de frontières et que seul le niveau départemental reste l’échelon opérationnel.

La RGPP5 en département a délité la chaîne de commandement, occupée qu’elle est à gérer d’autres problèmes que le sanitaire.

Des pistes reviennent souvent pour redonner de la pertinence et sa place à la santé animale et publique : une agence autonome dont la DGAL6 et les vétérinaires sanitaires dépendraient, une cotutelle par les ministères de la Santé, de l’Agriculture, de l’Environnement et de la Consommation. Les élections 2017 seront, il faut l’espérer, l’occasion de faire bouger les lignes.

Stratégie d’entreprise

Un autre enjeu capital, voire capitalistique, est la stratégie de l’entreprise vétérinaire libérale en France, ou plutôt des entreprises. La règle des 3R – respect du patient, respect de l’individu (client et vétérinaire), respect de l’entreprise vétérinaire – doit désormais faire face à un modèle économique qui a profondément évolué : un sanitaire qui n’est plus le socle financier des entreprises libérales, une permanence des soins qui est devenue une quasi-injustice sociale en regard des niveaux de rémunération des professionnels de santé, des contraintes exponentielles (radioprotection, sécurité, médicament, social, etc.), la fin de l’hyperprotectionisme (ostéopathie animalière, dentisterie équine, comportementalistes, animaleries).

Sous l’impulsion du SNVEL7, les écoles nationales vétérinaires et d’autres acteurs privés ont, certes, bien intégré ce changement de paradigme quant à la gestion d’entreprise, mais la vision de la vétérinaire du xxie siècle devra désormais intégrer les chaînes, les réseaux locaux, régionaux ou nationaux. Quels modèles économiques, quel partage du capital et des moyens humains, quelle place pour nos auxiliaires spécialisés vétérinaires au sein des cabinets et des cliniques, ou pour le commerce et la télémédecine, quid de nos centrales dont la gouvernance est aujourd’hui assurée – pour combien de temps encore ?– par des administrateurs vétérinaires ? Autant de questions que de défis que nous devrons relever collectivement, sans nous enfermer dans des dogmes. L’entreprise vétérinaire est en pleine mutation et sa seule source de développement est la satisfaction du client.

1 Groupements de défense sanitaire.

2 Conseil national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale.

3 Organisations vétérinaires à vocation technique.

4 Organismes à vocation sanitaire régionaux.

5 Révision générale des politiques publiques.

6 Direction générale de l’alimentation.

7 Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral.

JEAN-YVES GAUCHOT (T 90)

préside, depuis cette année, la Fédération des syndicats vétérinaires de France (FSVF). En janvier 2016, il a quitté ses fonctions de président de l’Association vétérinaire équine française (Avef) et en occupe aujourd’hui le poste de vice-président. Il est par ailleurs vice-président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL).
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