Les vétérinaires peuvent mieux faire ! - La Semaine Vétérinaire n° 1699 du 07/12/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1699 du 07/12/2016

PHARMACOVIGILANCE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : VALENTINE CHAMARD ET MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

Un module a permis de s’attarder sur les enjeux de la pharmacovigilance pour la profession vétérinaire, où les sous-déclarations sont patentes. L’occasion de faire le point sur les effets indésirables en lien avec l’utilisation des AINS, des antithyroïdiens et des contraceptifs oraux.

Même si, depuis le 14 novembre 2016, toute personne qui constate un effet indésirable susceptible d’être imputé à l’utilisation d’un médicament vétérinaire ou à usage humain administré à un animal peut en informer directement l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) ou le centre de pharmacovigilance de Lyon, le praticien reste la clé de voûte du système de pharmacovigilance vétérinaire, rappelle Éric Fresnay (Anses). Pourtant, à la faveur d’une étude prospective pour laquelle 26 vétérinaires se sont engagés à déclarer tout effet indésirable relevant de la pharmacovigilance pendant un an, une sous-déclaration de cas est avérée. En effet, 4 000 signalements sont effectués chaque année, ce qui ne représente qu’un cas tous les quatre ans par praticien. Or, en extrapolant les résultats de cette enquête, ce sont cinq cas annuels par vétérinaire canin qui devraient être recensés !

Coxibs et autres AINS : prendre autant de précautions

Dans le cadre de sa thèse, Adrianna Speroni a étudié les risques liés à l’utilisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et dans quelle mesure les coxibs, supposés plus sûrs, le sont réellement. Cette classe de molécules représente 5 % des déclarations d’effets indésirables de la base de données de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) et 40 % d’entre elles font état de cas graves. Dans 50 % des cas, des troubles digestifs sont notifiés et des atteintes rénales sont présentes dans 25 % des signalements. Plus de 50 % des effets indésirables se manifestent dans la première semaine de traitement. Ces molécules possèdent un faible indice thérapeutique et l’un des principaux facteurs de risque de survenue de ces effets, en particulier digestifs, est le surdosage, qui est fréquent. « Ces derniers peuvent apparaître dès 50 % de surdosage », précise la conférencière, et de mettre en garde sur certaines galéniques inadaptées, en citant le firocoxib, dont la posologie est de 5 mg/kg, disponible en présentation de 57 mg, et pour lequel la notice préconise l’administration d’un demi-comprimé pour un chien de 3 kg, « soit 9,5 mg/kg » ! En ce qui concerne de potentielles différences entre les AINS, notre consœur a mis en avant que, si la part des coxibs ne représente que 10 % des prescriptions d’AINS, ils sont l’objet d’autant de déclarations que les autres. Le même profil d’effets indésirables est observé. « Mais la comparaison reste difficile : il s’agit de molécules plus récentes, pour lesquelles une meilleure sécurité est attendue, donc plus sujettes à déclaration », modère-t-elle. Lors de l’administration de coxibs, il convient donc de prendre autant de précautions qu’avec les autres AINS.

Antithyroïdiens : surveiller le rein et le foie

En ce qui concerne les antithyroïdiens, la thèse de Carole Keryvin analyse les données de l’ANMV, qui font davantage état d’effets aigus (36 % de troubles systémiques, 13 % d’atteintes hématologiques), et du laboratoire de dosages hormonaux (LDHVet) d’Oniris qui s’inscrivent dans le suivi des cas sur la durée (augmentation des paramètres rénaux et des troubles hépatiques dans respectivement 55 % et 18 % des cas). Plus de la moitié des effets indésirables surviennent dans le premier mois de traitement. La conférencière conseille ainsi un premier contrôle après deux à trois semaines pour juger de l’efficacité du traitement, puis deux à trois mois plus tard pour s’assurer de l’absence d’effets indésirables, puis tous les six mois (courbe de poids, examen cardiaque, mesure de la pression artérielle, dosage de la thyroxine [T4], de la créatininémie, de l’activité des alanine-aminotransférases [Alat] et numération et formule sanguines). À noter qu’une insuffisance rénale peut être masquée par une hyperthyroïdie, révélée par le traitement, et non provoquée par celui-ci.

Les progestatifs de synthèse à bannir

Les effets délétères des contraceptifs oraux chez la chatte ont fait l’objet d’une thèse de Faustine Boisseau. Une étude clinique a été menée dans une structure privée pendant un an. Les chattes incluses dans l’étude sont celles qui ont été présentées pour une stérilisation. Un praticien réalisait l’admission de l’animal (examen clinique et commémoratifs), tandis qu’un autre était en charge de l’intervention chirurgicale sans avoir accès à l’anamnèse. La décision d’opter pour l’ovariectomie ou pour l’ovario-hystérectomie a reposé sur l’aspect macroscopique de l’utérus. Ainsi, 47 ablations d’utérus ont été réalisées. Dans 93 % des cas, les chattes avaient déjà reçu un progestatif de synthèse, 77 % selon le protocole conseillé par l’autorisation de mise sur le marché (AMM) de la spécialité, 23 % sans suivre les recommandations, de façon épisodique. La durée moyenne de contraception orale était de 30 mois. Un cas d’effets indésirables a été rapporté après une prise unique. Plus la durée d’administration était longue, plus le grading lésionnel était élevé. Pour Christophe Hugnet, praticien dans la Drôme, qui a participé à l’étude et présenté les résultats, les solutions pourraient consister en une suppression de l’AMM de ces molécules en raison de leur balance bénéfices/risques défavorable, en une limitation du nombre de comprimés par boîte ou en une révision de la posologie (une dose de 0,02 mg/kg/j d’acétate de mégestrol se révèle efficace pour des effets indésirables moindres, alors que la posologie recommandée est de 1 mg/kg tous les 15 jours). À l’occasion de ces présentations, l’ensemble des conférenciers ont insisté sur l’importance de déclarer les cas.

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