Échanges autour du plan ÉcoAntibio - La Semaine Vétérinaire n° 1699 du 07/12/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1699 du 07/12/2016

ANTIBIORÉSISTANCE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

Résistances, vente d’antibiotiques, innovation, tels sont les thèmes qui ont été abordés lors des deux modules sur l’antibiorésistance du congrès de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac). L’occasion aussi de présenter ses fiches pratiques pour accompagner le vétérinaire dans la prescription des antibiotiques.

Le vétérinaire est sans aucun doute un élément clé de la lutte contre l’antibiorésistance, en témoignent les débats lors des modules « Anti biorésistance » du congrès de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac). La pratique vétérinaire et la problématique de la résistance en santé humaine ont été placées au cœur des échanges, sous un angle “une seule santé”, avec la présence de Jean Carlet, auteur du rapport remis en 2015 aux ministères de la Santé et de l’Agriculture, Tous ensemble, sauvons les antibiotiques. Ce dernier souligne que la profession vétérinaire a fourni un effort important dans le cadre de la mise en œuvre du plan ÉcoAntibio 2012-2017. Les deux modules dédiés à cette problématique ont permis de faire un point sur la résistance en 2016 chez les animaux de compagnie, mais aussi de communiquer les premiers résultats du plan1. Cette édition 2016 a également été l’occasion pour l’Afvac de présenter ses fiches de recommandations pour un bon usage des antibiotiques dans la filière animaux de compagnie.

Des ventes d’antibiotiques en baisse

« L’objectif chiffré du plan ÉcoAntibio 2012-2017 est en passe d’être atteint, avec un recul de 20,1 % de l’exposition des animaux aux antibiotiques (2012-2015 inclus) », a précisé Didier Guériaux, de la Direction générale de l’alimentation (DGAL), après avoir rappelé ses objectifs. Chez les carnivores domestiques, le niveau d’exposition aux antibiotiques (Alea) a baissé de 9,5 % sur les quatre dernières années par rapport à 2011. Selon le rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses)-Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV), les chiens et les chats sont majoritairement traités avec des pénicillines et des aminoglycosides, puis avec des fluoroquinolones, des sulfamides, des céphalosporines et des tétracyclines. Concernant les antibiotiques critiques, l’exposition aux céphalosporines de 3e et 4e générations (C3G, C4G) a augmenté de 4,8 % sur les deux dernières années par rapport à 2013, quand celle aux fluoroquinolones a baissé de 16,7 % sur la même période. L’agence indique que cette hausse de la première catégorie d’antibiotiques pourrait être due à un effet de stockage des distributeurs, fin 2015, afin d’éviter une rupture de stock en début d’année 2016.

Une résistance constante chez les bactéries d’origine canine

Jean-Yves Madec, chef du pôle antibiorésistance de l’Anses, a présenté les résultats 2015 du Réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath). Il a également rappelé l’importance de l’antibiogramme qui aide le vétérinaire dans sa pratique et permet aussi d’obtenir des données sur les mécanismes de transmission des zoonoses. Pour la période susvisée, le Résapath a récolté 5 602 antibiogrammes issus de chiens, envoyés par 58 laboratoires. L’âge de l’animal n’est mentionné que dans 25 % d’entre eux, parmi lesquels 93 % proviennent d’animaux adultes. Les otites (27 %), les affections de la peau et des muqueuses (21 %), ainsi que les maladies urinaires et rénales (16 %) sont les plus citées. E.coli est le germe dominant des troubles urinaires et rénaux, avec des niveaux de résistance constants pour l’année 2015 vis-à-vis des fluoroquinolones (9 à 17 % des souches), de l’amoxicilline (39 %) et de l’association sulfamides-triméthoprime (13 %). Quant aux céphalosporines à large spectre (notamment la céfovécine), le niveau de résistance est stable depuis 2013 (10 %). Pour les cas d’otites, la résistance la plus élevée concerne l’amoxicilline, avec une hausse en 2015 de 45 %, alors qu’elle était restée relativement constante entre 2012 et 2014 (30 % en 2012, 34 % en 2013 et 2014).

Le cas des chats

Chez les chats, à majorité adulte, 1 553 antibiogrammes ont été collectés. Les affections urinaires et rénales sont les plus fréquentes (37 %), suivies des maladies respiratoires (18 %). Tout comme chez les chiens, l’espèce bactérienne la plus souvent isolée est E. coli (24 %), majoritairement pour des complications urinaires et rénales, puis les staphylocoques à coagulase positive (14 %), dans ces cas également ou lors d’affections de la peau et des muqueuses. Le germe E.coli reste le plus fréquent (43 %) dans les maladies urinaires et rénales du chat. En revanche, les taux de résistance les plus élevés concernent l’amoxicilline (40 %), son association avec l’acide clavulanique (27 %), la streptomycine (29 %), la tétracycline (30 %) et la doxycycline (43 %).

Diminution de la résistance aux antibiotiques critiques

Chez les carnivores domestiques, les résistances aux antibiotiques critiques sont en légère baisse. C’est le cas notamment chez les chiens où les niveaux de résistance aux céphalosporines à large spectre et aux fluoroquinolones varient respectivement de 8 à 11 % et de 16 à 20 % en 2015, après avoir subi une nette augmentation entre 2011 et 2014. Le constat est le même chez les chats où le Résapath note des taux de 2 à 12 % pour les fluoroquinolones et de 14 % pour l’association triméthoprime-sulfamides. Quant à la résistance aux C3G, les taux se situent entre 6 et 7 % pour les espèces canines et félines.

Une volonté d’innover

La lutte contre l’antibiorésistance passe aussi par des alternatives innovantes. En témoignent les mesures 17 et 18 du plan ÉcoAntibio2, pilotées par le Syndicat de l’industrie du médicament et réactif vétérinaires (SIMV). Marie-Anne Barthélémy (SIMV) a présenté les ambitions de l’industrie dans ce domaine, mais aussi les freins auxquels elle est confrontée. Elle a rappelé que l’évolution constante de la réglementation sur les antibiotiques entraîne un manque de visibilité pour les laboratoires et un risque en matière d’investissement. Ainsi, l’industrie souhaite que ces contraintes soient prises en compte afin d’inciter à l’innovation. Des pistes de développement ont déjà été suggérées, telles que l’allongement de la durée des brevets actuels ou encore la protection des données des autorisations de mise sur le marché. Marie-Anne Barthélémy a insisté sur le fait que le plan ÉcoAntibio 2 devra revaloriser la démarche thérapeutique, favoriser les partenariats de recherche public-privé et prendre en compte le bien-être animal et les ambitions du concept “une seule santé”. Des alternatives aux antibiotiques devront également être encouragées.

1 bit.ly/2gMiMLt.

2 bit.ly/2h1Mf1R.

L’AFVAC PRÉSENTE SES FICHES DE RECOMMANDATIONS

Jean-François Rousselot, vice-président de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac), a présenté les fiches1 de recommandations en antibiothérapie pour la filière animaux de compagnie. Issues de la mesure 6 du plan ÉcoAntibio, elles ont été rédigées par un groupe d’experts de l’Afvac et ont pour objectif d’accompagner le vétérinaire dans la prescription des antibiotiques. Quarante fiches non exhaustives et leurs six annexes thématiques prennent en compte les problématiques de l’individu, de la diversité de l’espèce, de l’élevage, mais aussi des infections nosocomiales. Des codes couleur permettent au praticien une lecture facile.
Un contenu évolutif
Différentes infections auxquelles le vétérinaire peut être régulièrement confronté dans sa pratique sont identifiées : endocardites, infections osté oarticulaires, orales, du site opératoire, abcès dentaires du lapin, mammites, etc. À titre d’exemples, des fiches présentent des infections traitées avec des anti biotiques pour lesquelles « il serait beaucoup plus judicieux de moins ou même ne pas les prescrire ». Des annexes sont également disponibles, notamment pour accompagner le praticien « dans la prise en charge des prélèvements ou l’interprétation des résultats de laboratoire ». Contrairement au Guide de bonnes pratiques, publié en juillet dernier, ces fiches ne sont pas opposables. Leur contenu non plus ne sera pas figé, puisque l’Afvac indique qu’il évoluera en fonction des connaissances scientifiques et que d’autres infections pourront être ajoutées.
Les fiches de recommandations en antibiothérapie sont accessibles en téléchargement gratuit sur https://afvac.com, via l’espace personnel de l’utilisateur (à créer sur le site). Elles sont destinées en premier lieu aux vétérinaires et aux étudiants vétérinaires.
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Jean-François Rousselot Vice-président de l’Afvac.
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