Comment vacciner en 2016 ? - La Semaine Vétérinaire n° 1699 du 07/12/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1699 du 07/12/2016

PROPHYLAXIE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : LAURENT MASSON 

Les bonnes pratiques incluent une troisième injection en primovaccination à l’âge de 16 semaines. Pour un certain nombre de valences, un rappel tous les trois ans seulement est envisageable.

Les recommandations d’experts sur les protocoles de vaccination1 ont conduit à revoir les manières de vacciner les animaux de compagnie. Le point à l’occasion d’un symposium organisé par Merial.

Une injection à l’âge de 16 semaines s’impose

En raison d’une grande variabilité interindividuelle concernant les interférences entre les anticorps maternels et les vaccinations, il convient de réaliser un protocole de primovaccination en trois injections, aux âges respectifs de 7 à 8 semaines, de 10 à 12 semaines et, enfin, de 16 semaines. Cette préconisation ne signifie pas que la majorité des chiots et des chatons n’est pas bien protégée avec une dernière injection à 12 semaines, mais permet de s’assurer d’une bonne protection immunitaire de tous les jeunes, notamment de quelques-uns qui se distinguent par des titres très élevés en anticorps maternels, qui persistent longtemps. Cette problématique ne concerne pas toutes les valences, mais uniquement les valences CHP1 chez le chien et RCP1 chez le chat. Pour la leucose et la leptospirose, les protocoles standards restent valables : deux injections suffisent (la première à 8 à 12 semaines et la seconde à 12 à 16 semaines) pour les animaux qui ne sont pas à risque. Les vaccins surtitrés sont des outils de la gestion d’une épizootie et ne permettent pas d’éviter les interférences avec les anticorps maternels.

Peut-on changer de laboratoire entre deux vaccinations ?

En cas de changement de laboratoire entre deux primovaccinations, il convient de vérifier le spectre de protection, mais les souches sont à peu près semblables. En outre, il est impossible de comparer le titre entre deux laboratoires fabricants, car il dépend du pouvoir immunogène de leurs souches.

Quels programmes de rappel ?

Le premier rappel annuel est indispensable et termine le protocole de primovaccination. Pour les années suivantes, il convient de distinguer les vaccins core et non core, c’est-à-dire indispensables ou recommandés selon le contexte infectieux. Les valences core sont CHPchez le chien et RCP chez le chat. En pratique, les rappels CHP et panleucopénie peuvent être réalisés tous les trois ans, quel que soit le mode de vie de l’animal, même si le niveau de réduction des signes cliniques est moins bon. Concernant les valences herpèsvirose et calicivirose, la fréquence des rappels est variable en fonction du milieu de vie. Pour les chats exposés, le rappel est annuel car ils sont au contact de souches virales hétérologues. À l’inverse, un chat qui vit strictement à l’intérieur n’a besoin que d’un rappel tous les trois ans. Pour l’animal âgé, il n’existe pas de données sur le long terme. Cependant, des intervalles plus courts entre deux rappels peuvent être intéressants. Une mesure des anticorps vaccinaux permettrait un ajustement de la fréquence des vaccins au cas par cas, mais elle est difficilement interprétable. Cela requiert d’adapter ces tests aux différents vaccins. En plus, la corrélation entre les tests de séroneutralisation et la réponse vaccinale n’est pas toujours connue.

Que faire lors d’un retard dans les rappels vaccinaux ?

Pour les valences CHP, panleucopénie et rage, il n’est pas nécessaire de refaire une injection. Pour les autres valences, chaque praticien doit se fixer des règles. Dans tous les cas, un retard d’un mois est acceptable, d’autant plus que les études cliniques des laboratoires sont généralement menées sur 13 à 14 mois.

À faire ou à ne pas faire…

L’injection de demi-doses chez les petits chiens ne repose sur aucun fondement scientifique et risque de conduire à une immunité en dessous du niveau de protection. En cas de réaction vaccinale, il convient de diminuer le nombre de valences injectées en même temps (CHP puis leptospirose 15 jours plus tard). Chez les chiennes gestantes, une baisse de l’immunité liée à la gestation n’empêche pas une bonne réponse vaccinale. Néanmoins, il est préférable de ne pas vacciner une chienne gestante (hormis contre l’herpèsvirose) ou bien uniquement avec des souches tuées. En revanche, toute vaccination est à proscrire chez la chatte gestante. Lorsqu’un rappel est prévu au cours d’une gestation, il convient donc d’anticiper ou de retarder l’injection pour prévenir tout risque.

1 Maladie de Carré (C), hépatite de Rubarth (H), parvovirose (P) et rhinotrachéite infectieuse (R), calicivirose (C) et panleucopénie (P).

Pour en savoir plus :

bit.ly/1CcsNr0

bit.ly/1Q3lXtg

Voir aussi La Semaine Vétérinaire n° 1661 du 12/2/2016, pages 44 et 45.

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