Les stages tutorés prennent un nouveau départ - La Semaine Vétérinaire n° 1697 du 23/11/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1697 du 23/11/2016

FORMATION

ÉCO GESTION

Auteur(s) : FRANÇOISE SIGOT 

En trois ans, 25 étudiants ont profité de ce dispositif créé pour promouvoir l’exercice en milieu rural. Appréciés par les jeunes et leurs tuteurs, désormais dotés de plus de moyens, les stages tutorés devraient se développer.

En accordant une enveloppe de 300 000 € pour pérenniser les stages tutorés et favoriser l’installation des jeunes vétérinaires en zone rurale, le ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt a donné un coup de pouce à un dispositif qui a su trouver sa place en un temps record. Dotés de nouveaux moyens, les stages tutorés sont désormais bien installés dans le paysage de la formation vétérinaire et appelés à prendre de l’ampleur. « Nous sommes partis sur ce projet soutenu par les organisations professionnelles et les écoles de façon proactive, en nous disant : “ Allons-y ! Nous verrons comment ces stages se mettent en place.” Trois promotions plus tard, le constat est positif, mais lorsque l’on fonctionne uniquement sur ses propres ressources et motivations, les choses sont difficiles à pérenniser. La décision du ministre est donc très importante. D’abord parce que c’est une reconnaissance, mais aussi parce que grâce à ces moyens supplémentaires, nous allons pouvoir amener plus de méthodologie à ce dispositif », souligne Jacques Guérin, vice-président du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires (CNOV).

Parfaire le dispositif

À l’École vétérinaire de Toulouse (ENVT), un groupe de travail – réunissant les directeurs des quatre écoles ou leurs représentants, les présidents (ou leurs représentants) du CNOV, du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) et de l’Association vétérinaire équine française (Avef), la Direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER) et la Direction générale de l’alimentation (DGAL) – est donc à pied d’œuvre pour parfaire l’organisation des stages tutorés. « Ce groupe de travail a pour mission de valider le cahier des charges et les dossiers de candidature des domiciles professionnels d’exercice (DPE) tuteurs. Il visera égaleme nt le référentiel d’activité et de com pétences et, de manière plus générale, les documents cadres et l’ensemble des procédures, par exemple les critères d’attribution et le montant des aides allouées aux étudiants. Il sera également chargé du suivi de l’ensemble du dispositif. Il se réunira deux fois par an », précise Isabelle Chmitelin, directrice de l’ENVT. Le premier rendez-vous est pris pour le 12 décembre prochain. En attendant de connaître avec précision les nouveaux contours de ces stages, le schéma qui se dessine après les annonces du ministre devrait lever certains freins. « Donner plus de moyens aux enseignants pour suivre les stagiaires et venir les voir dans nos cliniques est une bonne chose. Nous sommes dans un contexte où l’on va vers les écoles, mais où les écoles ne viennent pas souvent à nous », commente Aurélien Meurisse, vétérinaire à la clinique du Camp du Drap d’Or à Autingues (Pas-de-Calais), qui a accueilli deux stagiaires tutorés. D’autant que la proximité est déjà bien engagée.

Des liens privilégiés entre enseignants et praticiens

« Ces stages ont permis de tisser des liens privilégiés entre l’étudiant stagiaire, l’enseignant-chercheur qui le suit et le vétérinaire qui l’accueille. Cela place nos enseignants dans une relation privilégiée avec les praticiens de terrain et ils apprécient », souligne Emmanuelle Soubeyran, directrice générale de VetAgro Sup. Reste que nombre d’enseignants espèrent que les nouveaux moyens alloués aux stages tutorés vont leur permettre de pousser encore plus loin les échanges avec les vétérinaires. « Il n’a pas toujours été facile d’aller rendre visite aux étudiants, car ils étaient dans des cliniques parfois très éloignées de l’école. Nous avons eu quelques échanges avec leurs tuteurs, mais pas avec tous, donc nous espérons désormais pouvoir les suivre de plus près », anticipe Pierre Bruyère, enseignant au sein de l’unité de biotechnologies et pathologie de la reproduction à VetAgro Sup. L’idée est que l’immersion des stagiaires tutorés puisse profiter à tous les étudiants grâce aux retours d’expérience. Et en premier lieu aux bénéficiaires des stages tutorés eux-mêmes, car si le terrain leur donne une bonne vision de leur métier, ils manquent parfois de recul sur la diversité des pratiques. Conscient de cette lacune, VetAgro Sup a mis en place un dispositif de retour d’expérience. « Stagiaires et enseignants se retrouvent à l’école pour travailler certains thèmes plus en profondeur et confronter leurs expériences, afin que chacun puisse faire profiter à l’autre de ce qu’il a appris durant son stage tutoré », explique Pierre Bruyère.

L’autonomie exigée par les tuteurs

Reste que même si quelques points sont à approfondir, la valeur ajoutée des stages tutorés peut se résumer en un mot : autonomie. « Nous sommes certainement mieux formés que nos collègues sur le plan pratique car nous avons déjà pu pratiquer au quotidien. En revanche, il nous manque sûrement certaines expériences qu’ont pu avoir ceux qui sont restés à l’école. Une chose est certaine : ce dispositif nous rend très autonomes et opérationnels et, pour ma part, c’est ce qui a fait la différence lors de mon embauche. Si je n’avais pas déjà pratiqué de façon aussi soutenue, je n’aurais pas été embauchée dans la clinique où je travaille aujourd’hui », retrace Judith Badelon, ancienne stagiaire tutorée. L’autonomie est aussi ce que recherchent les tuteurs. « Les stages tutorés ne peuvent pas s’appliquer à tous les étudiants. Il est impératif que les candidats soient motivés et proactifs, mais il importe aussi qu’ils aient déjà fait des stages intéressants auparavant », estime Aurélien Meurisse. « Le concept est bon, mais il faut que le jeune soit vraiment très motivé pour réussir », abonde Thierry Cazajous, praticien à la clinique vétérinaire du Piémont à Mirepeix (Pyrénées-Atlantiques), qui a encadré un stagiaire tutoré avant de l’embaucher. L’enjeu est de taille, car non seulement les étudiants sont très sollicités durant leur stage, mais ils doivent aussi poursuivre leur investissement scolaire et, surtout, achever leur thèse. L’avancement de la thèse est donc un critère à prendre en compte lors de la sélection des étudiants qui partent en stages tutorés.

Une vocation pour la rurale

L’autre élément incontournable est la connaissance, donc la confiance. « Notre stagiaire avait déjà fait un stage chez nous en 4 e année. Si nous ne l’avions pas connu avant, nous ne l’aurions pas intégré à notre équipe sur un dispositif aussi long », reconnaît le vétérinaire pyrénéen. Les associés de la clinique du Camp du Drap d’Or ont, eux aussi, accepté de franchir le pas des stages tutorés parce que les stagiaires leur ont été recommandés par des collègues. « Nous gérons le recrutement des stagiaires tutorés comme celui de collaborateurs classiques. Le référentiel des actes à réaliser est important. Nous nous investissons beaucoup à leurs côtés, nous passons beaucoup de temps avec eux. La bonne entente est nécessaire pour que le dispositif réussisse », est convaincu Aurélien Meurisse. Reste un point sur lequel les praticiens sont plus divisés : la vocation. « C’est une solution positive pour amener des jeunes vers la rurale », estime Aurélien Meurisse. « Nous considérons ce dispositif. Si l’un de nous souhaite s’engager aux côtés d’un étudiant, nous franchirons sûrement le pas, mais une chose nous semble indispensable : ces stages ne peuvent concerner que des jeunes qui ont déjà une idée assez précise de ce qu’est la pratique rurale. La vocation doit déjà être là », explique Éric Février, praticien à la clinique vétérinaire du Saint-Laurent à Saint-Mamet-la-Salvetat (Cantal). Acquises en cours de stage ou déjà présentes, la vocation et la motivation des ex-stagiaires ont, quoi qu’il en soit, conduit ces jeunes à rester fidèles à leur engagement, puisque les 17 premiers stagiaires tutorés font aujourd’hui tous carrière en rurale !

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