Les éleveurs sont-ils suffisamment sensibilisés au bien-être de leurs animaux ? - La Semaine Vétérinaire n° 1697 du 23/11/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1697 du 23/11/2016

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Auteur(s) : LORENZA RICHARD 

ÉLEVER, C’EST “PRENDRE SOIN DE”

Les éleveurs sont sensibilisés au bien-être de leurs animaux, et cela à deux titres. Tout d’abord, ils y sont sensibles par essence, car élever, c’est “prendre soin de”. Ils prennent donc soin de leurs volailles, malgré ce que montrent les images des reportages à charge contre l’élevage.
De plus, les éleveurs y sont sensibilisés par les contraintes de normes que la réglementation leur impose (surface des cages, intensité lumineuse, densité en volaille de chair, etc.). Celles-ci sont parfois mal comprises, car elles correspondent à un cahier des charges européen, mais ils s’y conforment.
Leur savoir-faire repose sur le respect d’un aspect essentiel du bien-être des animaux : la santé. Les poules pondeuses produisent sans nécessiter de traitements, sinon préventifs, et leur potentiel ne peut s’exprimer que si elles sont en bonne santé. Élever les animaux dans de mauvaises conditions est antiéconomique, donc l’éleveur n’y a pas d’intérêt.
Les autres aspects du bien-être, psychologique notamment, sont difficiles à évaluer : qu’est-ce qu’une poule heureuse ? Les vétérinaires ne sont pas assez présents dans ce domaine, voire pas suffisamment formés, et devraient s’y intéresser davantage.

patrick chabrol

LA COMMUNICATION EST IMPORTANTE

L’évolution va dans le bon sens en pratique rurale. Au quotidien, les questions des éleveurs portent le plus souvent sur leurs obligations réglementaires, comme l’anesthésie locale pour l’écornage des vaches, qui ne leur paraissait pas nécessaire.
Il y a quelques mois, nous avons organisé une réunion sur le thème de la douleur : une cinquantaine de personnes étaient présentes, ce qui montre la prise de conscience, lente mais réelle, de la souffrance animale. Depuis, la demande d’utilisation des anti-inflammatoires est plus fréquente lors de césarienne ou à la suite d’un vêlage, notamment.
Nous avons également proposé une formation, en collaboration avec le groupement de défense sanitaire, sur l’utilisation de l’anesthésie locale lors de l’écornage des veaux. Les éleveurs ont pu constater directement l’amélioration du bien-être des animaux sur lesquels l’anesthésie a été pratiquée, et comparer son influence sur le confort de travail et la reprise d’appétit des veaux.
Ce sont souvent les mêmes éleveurs qui s’intéressent au bien-être, mais les autres peuvent être également sensibilisés. Avec les bons moyens de communication, ils écoutent les messages.

guillaume lamain

FORMER L’ÉLEVEUR AU BIEN-ÊTRE À L’ÉCHELLE INDIVIDUELLE

Le consommateur français est soucieux du respect du bien-être animal en élevage : c’est ce qui ressort de l’Eurobarometer on Animal Welfare 20161. Avec la Stratégie de la France pour le bien-être des animaux 2016-20202, qui tient compte des résultats de cette enquête, une implication plus grande de la profession vétérinaire dans ce domaine est souhaitée. Dans l’approche écopathologique de la santé porcine, le vétérinaire fait appel à son sens clinique, mais il ne prend pas toujours le temps de former l’éleveur à l’approche individuelle de la santé (recherche de signes de douleur, de blessure ou de maladie). Or l’éleveur, en tant qu’infirmier dans son élevage, est fortement demandeur de ce type de formation. En lui donnant les clés d’observation et d’interprétation des signes de mal-être sur ses porcs, le vétérinaire doit permettre à l’éleveur de mettre en œuvre les meilleures mesures d’intervention et de prévention. Il le prépare également aux futurs contrôles bien-être qui seront fondés sur des obligations de résultat et non plus de moyens, en lui faisant voir ces contrôles non comme une contrainte mais comme une opportunité de parler positivement de son métier d’éleveur.

1 bit.ly/1RjXEDo.
2 bit.ly/1TBUYqA.
delphine pottier
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