Vente d’antibiotiques : la baisse se confirme en Europe - La Semaine Vétérinaire n° 1695 du 09/11/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1695 du 09/11/2016

RAPPORT ESVAC

ACTU

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL 

Selon le 6 e rapport de l’ European Surveillance of Veterinary Antimicrobial Consumption (Esvac), les ventes d’antibiotiques vétérinaires en Europe ont diminué entre 2011 et 2014, en dépit de disparités entre les différents pays.

Le 6e rapport de l’European Surveillance of Vet erinary Antimicrobial Consumption (Esvac)1, publié en octobre dernier par l’Agence européenne des médicaments (EMA), confirme la baisse des ventes des antibiotiques utilisés chez les animaux producteurs de denrées alimentaires, y compris les chevaux, entre 2011 et 2014. Pour cette période, les ventes ont chuté de 2,4 %, malgré l’importance des disparités observées. Les données ont été récoltées dans 29 pays, incluant la Roumanie, la Suisse et la Croatie. Dans 24 d’entre eux, l’agence a observé une baisse globale de 12 % des ventes, en excluant l’Espagne, qui constitue le pays où la consommation d’antibiotiques est la plus importante. Selon l’agence, « malgré une faible diminution globale des ventes de produits antimicrobiens vétérinaires, les données démontrent que les mesures prises dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens par les États membres font une différence. De nombreux pays se concentrent sur des actions locales afin de réduire davantage la consommation d’antimicrobiens et donc, la résistance ».

Des données européennes

Les ventes globales sont exprimées en mg/PCU2, soit en volume de matière active vendue divisé par le poids total estimé du bétail et des animaux abattus. La baisse varie selon les familles d’antibiotiques. Les données récoltées concernent principalement le traitement oral, qui représente 91,6 % des ventes (les prémélanges correspondant à 42,1 %, les poudres orales à 31,7 % et les solutions orales à 17,8 %). Dans le détail, les résultats obtenus révèlent la répartition suivante des ventes : les tétracyclines, 33,4 %, les pénicillines, 25,5 % et les sulfamides, 11 %. Dans l’ensemble, les polymyxines ont représenté 6,6 % des ventes totales, et plus de 99 % concernent la colistine. À propos de cet antibiotique, l’agence rappelle que la découverte d’un gène de résistance à la colistine transférable impose que son utilisation soit réduite au niveau le plus bas, soit entre 1 et 5 mg/kg. Les antibiotiques dits critiques, à savoir les céphalosporines de 3e et 4e générations, les fluoroquinolones et les macrolides, ont respectivement représenté 0,2 %, 1,9 % et 7,5 % des ventes.

Un effet en trompe-l’œil

En France, les ventes d’antibiotiques ont baissé de 18,5 % entre 2011 et 2013, mais augmenté en 2014. Selon le rapport, cette tendance peut être expliquée par les mesures de la loi d’avenir sur les politiques commerciales des achats et des ventes d’antibiotiques. Le rapport note que celles-ci ont eu pour conséquence un effet de stockage réalisé par les acteurs de la distribution et/ou de la délivrance du médicament vétérinaire. Il souligne que ces résultats ne peuvent pas être interprétés comme une hausse réelle de l’utilisation des antibiotiques. En 2015, les conclusions du rapport3 de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur le suivi annuel des ventes d’antibiotiques vétérinaires sur l’année 2014 ne contenaient d’ailleurs aucun indicateur d’exposition des animaux aux antibiotiques (Animal level of exposure to antimicrobials ou Alea). « Habituellement, on considère que les ventes reflètent l’exposition des animaux. Ce phénomène de stockage ne permet pas de sortir des indicateurs exploitables d’exposition pour l’année 2014 », indiquait alors Gérard Moulin, adjoint au directeur de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV).

Le cas des céphalosporines et des fluoroquinolones

En France, les ventes de céphalosporines de 3e et 4e générations et de fluoroquinolones étaient relativement stables entre 2011 et 2014. La première famille, celle des céphalosporines, a représenté 0,3 % des ventes totales. En 2014, celles-ci s’élevaient à 0,28 mg/PCU, un peu au-dessus de la moyenne européenne, qui était de 0,26 mg/PCU. Quant à la seconde famille, celle des fluoroquinolones, elle a représenté 0,5 % des ventes totales en 2011, alors qu’en 2014, ce chiffre était de 0,6 %. Les ventes correspondaient, pour la même année, à 0,64 mg/PCU, tandis que pour ses voisins européens, elles étaient de 2,99 mg/PCU.

Des disparités marquées

Les habitudes de prescription diffèrent sensiblement selon les pays. Le rapport relève en effet que les ventes d’antibiotiques exprimées varient entre 3,1 mg/PCU (Norvège) à 418,8 mg/PCU (Espagne). En 2014, des variations notables ont été observées d’un pays à l’autre en ce qui concerne les céphalosporines de 3e et 4e générations, les macrolides et les fluoroquinolones, avec des ventes allant respectivement de 0,01 % à 1,5 %, de 0,01 % à 11,9 % et de 0 % à 16,9 %, et, pour les polymyxines, allant de 0 % à 8,7 %. Selon le rapport, ces disparités peuvent être expliquées par la composition de la population animale, le mode de production, les doses quotidiennes administrées ou encore les différents modèles de vente des antibiotiques qui diffèrent d’un pays à l’autre.

La stratégie Esvac

Le projet de règlement européen sur les médicaments vétérinaires prévoit de rendre obligatoire (article 54), pour les États membres, la communication des données relatives aux ventes d’antibiotiques. Une partie de la nouvelle stratégie Esvac4 de l’agence tend à organiser la mise en œuvre de cette mesure, bien que l’entrée en vigueur de ce règlement ne soit prévue qu’en 2019. Elle vise notamment à renforcer la méthode de collecte et l’analyse des données récoltées en proposant un enregistrement plus détaillé des ventes d’antibiotiques. Les données collectées indiqueront les ventes globales et la consommation par espèces, axées particulièrement sur celles productrices de denrées alimentaires, tels les porcs, les volailles et les bovins.

1 bit.ly/2dPpONY.

2 Population correction unit.

3 bit.ly/1WKCVkQ.

4 bit.ly/23u4JK7.

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