Impact d’un parcours pour palmipèdes à foie gras sur la biodiversité entomologique

Une première quantification des insectes émergents sur un parcours utilisé pour l’élevage de palmipèdes à foie gras révèle que la biodiversité des arthropodes n’est pas impactée, mais que la quantité de lépidoptères et d’araignées y est réduite.

Une biodiversité préservée

Cette étude est menée afin de quantifier l’impact de l’élevage en parcours répondant aux normes indication géographique protégée (IGP) Sud-Ouest sur la quantité et la qualité des arthropodes émergents. Ce premier essai est mené dans le cadre de la préservation de la biodiversité entomologique, nouveau défi environnemental à relever, notamment en raison des services qu’elle rend à l’agriculture.

Deux pièges à insectes émergents sont disposés sur des parcours où se déplacent habituellement les palmipèdes et deux autres, témoins, sont placés en zones qu’ils n’ont jamais fréquentées. Au total, durant 1 an, 66 échantillons sont relevés, et 5 371 arthropodes sont comptabilisés¹. Quels que soient les parcours, et bien que de grandes disparités existent entre les pièges, les homoptères (pucerons, par exemple) représentent près du quart des insectes, notamment durant certaines périodes de l’année, où ils émergent en masse. Ils sont suivis, en matière d’abondance, par les collemboles (qui dégradent la matière organique), puis les diptères (mouches et moustiques, notamment) et les hyménoptères (abeilles et frelons, par exemple), dans des proportions équivalentes. Suivent enfin les coléoptères (carabes et scarabées, entre autres), puis les araignées. Les autres ordres d’insectes sont quantitativement mineurs. Ainsi, la fréquentation des palmipèdes ne semble pas avoir d’impact sur la biodiversité des arthropodes observés.

Araignées et papillons seraient impactés

Toutefois, les araignées et les lépidoptères (papillons) sont plus nombreux sur les zones témoins que sur les parcours (respectivement 15,6 % versus 6,6 % pour les araignées et 8,4 % versus 0,3 % pour les lépidoptères). Cette tendance n’est observée que pour ces deux ordres, dont la présence semblerait ainsi être impactée par la présence des palmipèdes. Cependant, le nombre d’individus relevé est insuffisant pour une comparaison statistique. De plus, de nombreux stades juvéniles sont capturés par les pièges, et la difficulté de leur identification introduit un biais dans l’étude, notamment pour les araignées et les punaises (hétéroptères), et la technique de conservation des insectes avant leur analyse (éthanol à 70 %) a dénaturé certaines pigmentations et rendu leur reconnaissance également difficile. Enfin, les pièges écartent du dénombrement tous les insectes qui n’hibernent pas dans le sol.

Malgré ces biais, cette première récolte d’insectes montre que leur biodiversité est peu impactée sur les parcours des palmipèdes à foie gras, à l’exception des araignées et des papillons. Ces résultats mériteraient toutefois d’être confirmés et approfondis, et étendus à d’autres types d’élevage.
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¹ Par la méthode RBA (Rapid Biodiversity Assessment), fondée sur une discrimination visuelle des individus.