Le stress réduit la longévité et la productivité des truies

Plus les truies sont productives et plus elles sont sensibles au stress. C’est ce que rappelle une communication¹ faite lors des journées de l’Association française de médecine vétérinaire porcine (AFMVP) les 3 et 4 décembre 2015, qui s’appuie sur les résultats de plusieurs études.

Boiterie et reproduction

La boiterie et les troubles de la reproduction sont les principales causes de réforme précoce. En France, environ 40 % des truies quittent la ferme avant d’atteindre un rang de parité 4. Pour cette raison, la proportion de jeunes truies et de cochettes est importante dans les élevages, or les poids des porcelets de ces dernières sont plus faibles et leur taux de mortalité à la naissance est plus élevé. Une moins bonne productivité est également observée chez les truies après un rang de parité 6. Une forte proportion de truies de rang de parités 3 à 5 dans un élevage permettrait d’obtenir une productivité plus élevée, donc un bénéfice financier plus grand. Toutefois, la réforme d’animaux jeunes ne permet pas d’atteindre cet objectif, notamment en raison de la grande sensibilité au stress, et de nombreuses truies sont perdues avant de pouvoir exprimer leur potentiel génétique en reproduction.

Stress et inflammation

Selon la règle des “4P”, le stress peut être physiologique (chaleur, humidité, etc.), pathologique, psychologique ou pharmacologique. Il induit des altérations du mécanisme d’homéostasie dans l’organisme, notamment liées à la production de cytokines, aux propriétés pro-inflammatoires. Elles sont également responsables de la création de radicaux libres chez certaines cellules sensibles à l’origine d’une inflammation qui en provoquent l’apoptose (mort). Ainsi, un lien existe entre le stress et la réponse inflammatoire et la destruction de cellules ou de tissus. Par exemple, un stress thermique induit une perméabilisation de la barrière intestinale, en raison d’une migration massive du sang des viscères vers la périphérie. Cela provoque une hypoxie au niveau intestinal, avec production de radicaux libres qui exacerbent une destruction du tissu épithélial.

Trop de réforme de jeunes truies

Le rang de parité moyen des truies réformées en raison de troubles de la reproduction (26 % des cas de réforme) est de 2,37 : ces problèmes concernent ainsi essentiellement de jeunes animaux. Les boiteries représentent la deuxième cause de réforme (15 % des cas). Elles peuvent être d’origine infectieuse (arthrite, par exemple), dues à des traumatismes des membres ou encore des lésions du sabot, essentiellement liés aux conditions de logement, notamment à la nature du sol, ou encore dues à de l’ostéochondrose, qui est l’une des causes de réforme de jeunes animaux. La douleur engendrée par la boiterie peut provoquer une baisse de consommation alimentaire qui affecte les performances de l’animal. Cela est surtout marqué chez les jeunes truies en lactation, qui doivent s’alimenter suffisamment pour couvrir les besoins liés à la lactation et à leur croissance.

Conseils de management

Ainsi, il est important que les éleveurs fournissent à leurs animaux de bonnes conditions de logement afin de limiter les problèmes de boiteries. Il est aussi nécessaire de mettre l’accent sur la qualité des sols, qui doivent être non glissants et propres. De plus, les animaux étant sensibles au stress, les éleveurs doivent prendre quelques précautions pour l’éviter : faire attention à la température, à la ventilation et à l’humidité des locaux, mais également habituer les truies dès leur jeune âge aux humains afin de limiter le stress lors de manipulations par un opérateur. Enfin, l’apport nutritionnel d’oligoéléments chélatés peut diminuer les boiteries des truies, notamment en réduisant les lésions des onglons (les oligoéléments jouant un rôle structurel dans l’anatomie des animaux), et les effets négatifs de l’inflammation lors de stress (car ce sont des précurseurs d’anti-oxydants).
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¹ Pour en savoir plus : Fernandez Lopez P., Forget C. Do we have a problem with the functional longevity of sows ? AFMVP, 2015:72-80.