Alimentation et fourbure

La fourbure est un défi thérapeutique en raison de l’urgence. Il s’agit d’une atteinte du complexe kératophylle-podophylle (perte de l’adhérence de la jonction dermo-épidermique).

Son apparition peut avoir différentes origines : alimentaire, infection, endotoxémie, maladie systémique (métrite puerpérale, coliques graves, diarrhée, pleurésie, etc.), excès de charge – par exemple, un cheval qui présente une fracture et s’appuie sur le pied controlatéral ou un cheval sans fer peuvent être atteints d’une fourbure de route –, corticothérapie (notamment les formes retard de corticoïdes).

Enfin, il convient de garder à l’esprit les affections associées qui favorisent la survenue de fourbure, comme le syndrome de Cushing et le syndrome métabolique équin.

« Il importe donc de traiter la cause et d’intervenir le plus rapidement possible avant la descente de la phalange dans la boîte cornée et la nécrose des tissus »,insiste notre consœur Sophie Paul-Jeanjean, qui présentait une conférence sur ce thème lors des dernières journées nationales des groupements techniques vétérinaires (GTV).

Surveiller l’alimentation

La moitié des cas sont d’origine alimentaire et liés à l’ingestion massive de glucides facilement fermentescibles, avec de l’amidon ou de l’herbe très riche en fructanes. La fourbure d’herbe se rencontre d’ailleurs aussi bien en automne qu’en hiver, si l’herbe, même peu abondante, est riche.

Au pâturage

Les conditions climatiques sont d’ailleurs intéressantes à prendre en considération pour la mise au pré ou en paddock en herbe des chevaux. Ainsi, une nuit froide ne favorise pas la respiration des plantes, donc la croissance est plus faible et l’utilisation des glucides moins importante. Les plantes restent alors riches en fructanes : dans ce cas, il est préconisé de ne pas sortir les chevaux.

Il est également conseillé de favoriser la rotation des pâtures en prenant garde au surpâturage, qui sélectionnerait les espèces les plus efficaces (celles riches en fructanes). Il convient de préférer la fétuque au dactyle ou au ray-grass, et donc de porter une attention particulière à l’association entre nuit froide et journée ensoleillée. Éviter tout pâturage à moins de 6 cm de hauteur est notamment recommandé. « La gestion mixte pâturage-box ou paddock sans herbe peut aussi être proposée. Dans les périodes délicates, le cheval peut rester au pré la nuit et être rentré en début ou en milieu de matinée », précise la conférencière. Autre solution : un paddock sans herbe, en apportant du fourrage, ou la pose d’un panier au pré pour limiter le pâturage.

Gestion au box

Les chevaux sont nourris majoritairement au foin. Il est possible de faire tremper le foin de pré dans de l’eau froide ; les fructanes étant solubles, cela limite la teneur en fructanes. « Après 3 heures de trempage, les fructanes diminuent de 20 % environ, le maximum est atteint au bout de 12 heures. Autre alternative : tremper le foin 15 à 30 mi nutes dans de l’eau chaude. »

L’utilisation d’aliments “antifourbure”, à teneur élevée en fibres, peut aussi être associée.
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