Les emplois liés à l’élevage en France - La Semaine Vétérinaire n° 1690 du 05/10/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1690 du 05/10/2016

DÉCRYPTAGE

Auteur(s) : NATHALIE DEVOS 

Dans un contexte de crise pour la majorité des filières d’élevage, une étude s’est attachée à identifier et à évaluer le nombre d’emplois (directs et indirects) dépendants des élevages français, afin de disposer pour la première fois d’une cartographie inhérente à ce secteur.

La part globale de la population active travaillant dans le secteur agricole est passée de 31 % en 1955 à 4 % aujourd’hui. Ceci s’explique notamment par l’augmentation de la productivité du travail : plus de richesses sont créées par moins de personnes, expliquent les auteurs de l’étude Les Emplois liés à l’élevage français 1, du groupement d’intérêt scientifique (GIS) Élevages demain2. Mais cette part de l’emploi agricole, en apparence détruite, a en fait été partiellement absorbée par d’autres secteurs d’activité spécialisés gravitant autour de la production, ajoutent-ils. En effet, les exploitations agricoles françaises ont connu au cours des dernières décennies un mouvement dit “de spécialisation verticale”, en réduisant le champ de leur activité par la délégation d’une partie des tâches jusqu’alors réalisées sur les exploitations à des entreprises extérieures : production de semences, d’aliments du bétail, d’engrais, production des outils de travail, activités de transformation, de vente,etc. Autrement dit, la diminution du nombre d’actifs agricoles s’est accompagnée d’une création de nombreux emplois liés à la production agricole dans les secteurs connexes à l’agriculture dans les industries d’amont, d’aval, les services et les institutions, etc.

Les récentes crises et évolutions survenues dans les secteurs agricole et agroalimentaire ont montré que de nombreuses activités en dehors des exploitations dépendent de la présence des élevages sur le territoire français : abattoirs, transport, alimentation, etc. Jusqu’à présent mal identifiés et mesurés, ces emplois jouent pourtant un rôle crucial dans l’économie locale et dans le dynamisme des territoires ruraux. Les auteurs de l’étude ont souhaité, dans ce cadre, identifier et quantifier de la manière la plus précise et la plus exhaustive possible les postes dépendants de l’élevage en France. Il leur a pour cela été nécessaire d’évaluer l’emploi direct et indirect lié à l’élevage. La contribution de l’activité agricole à l’emploi en France ne se limite pas à sa population active : les postes liés à l’élevage présents dans les autres secteurs de l’économie (l’alimentation, la sélection animale, la santé animale, les fournisseurs de matériel, les industries agroalimentaires, le commerce et la distribution ou encore l’administration et l’enseignement, entre autres) doivent également être pris en compte.

882 000 personnes ont un emploi dépendant de l’élevage français

L’étude menée par le GIS Élevages demain a permis d’identifier l’ensemble des emplois situés sur le territoire français dépendant de la présence des élevages sur ce territoire. Ils représentent un total de 703 000 équivalents temps plein (ETP), soit environ 882 000 personnes. En ajoutant l’intérim, on atteint 724 000 ETP liés à l’élevage, soit 3,2 % de l’emploi total en France. 312 000 de ces ETP sont situés sur les exploitations agricoles et correspondent à la main-d’œuvre dédiée aux ateliers d’élevage (toutes productions confondues, hors équins).

Les 391 000 ETP restants sont des emplois indirects, situés dans les autres secteurs de l’économie : fournisseurs des élevages (20 % des emplois), industries aval (60 %), distribution (15 %) et services publics ou parapublics (5 %).

Les auteurs de l’étude précisent toutefois, concernant ces chiffres, que plusieurs niveaux de dépendance ont été distingués :178 000 ETP sont fortement, 166 000 moyennement et 47 000 faiblement dépendants de l’élevage français, soit environ 207 000, 210 000 et 52 000 personnes respectivement. Pour chaque ETP présent sur un élevage, 1,25 ETP supplémentaire est employé dans les autres secteurs économiques.

Tous ces emplois ont été étudiés pour les différents types d’élevage : lait (bovins, ovins, caprins), viande (bovins, veaux de boucherie, ovins, porcs, volailles, lapins) et œufs. Il en ressort notamment une configuration variable d’un type d’élevage à un autre. Ainsi, l’emploi direct lié aux élevages est très prédominant pour la plupart des ruminants. À l’inverse, pour les granivores, ce sont les emplois indirects qui sont plus nombreux, reflet de filières où la division du travail est plus accentuée, et où les produits sont plus fréquemment transformés dans l’industrie.

1 bit.ly/2cNDwjD.

2 Le GIS Élevages demain est dédié aux systèmes de production animale (ruminants, porcs, volailles). Son objectif est de faire collaborer, au sein d’une même structure, une grande diversité de partenaires : organismes de recherche et d’enseignement supérieur, instituts techniques, interprofessions, chambres d’agriculture et organisme de médiation scientifique.

Source : GIS Élevages demain et ses partenaires (l’Institut national de la recherche agronomique, le Centre d’information des viandes, FranceAgriMer, l’Institut de l’élevage, l’Institut du porc, l’Institut technique de l’aviculture, Interbev, le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière, l’Interprofession nationale porcine et l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture).

PRÉCISIONS

- Emplois directs :postes affectés aux activités d’élevage sur les exploitations.
- Emplois indirects : postes des secteurs d’activité dépendants du secteur direct, c’est-à-dire ici dépendants des élevages. Ces secteurs peuvent être des fournisseurs, des prestataires de services et des sous-traitants du secteur direct, mais également des acteurs situés en aval de la filière, etc. À ces acteurs peuvent s’ajouter les secteurs public et parapublic.
- Emplois induits : postes générés par les dépenses des ménages employés dans les secteurs directs et indirects. Les emplois induits ne font pas partie du champ de cette étude.

PÉRIMÈTRE DE L’ÉTUDE

- Cette étude comptabilise uniquement les emplois en France. Bien que des postes situés à l’étranger dépendent des élevages français (abattage de bovins élevés en France, production de soja au Brésil, etc.), ils ne sont pas pris en compte ici.
- Les données utilisées couvrent une période allant de 2010 à 2014. Une large majorité des informations recueillies concerne la période 2012-2013.
Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr