L’insulinome chez le furet - La Semaine Vétérinaire n° 1690 du 05/10/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1690 du 05/10/2016

CONFÉRENCE

PRATIQUE CANINE

Formation

Auteur(s) : LAURENT MASSON 

Les hypoglycémies sont fréquentes chez le furet et représentent parfois une urgence. Bien que plusieurs affections puissent entraîner une hypoglycémie dans cette espèce (encadré), l’insulinome reste de loin la cause la plus courante. Les furets atteints d’insulinome sont plutôt d’âge moyen (5 ans en moyenne), sans prédisposition sexuelle. Une origine génétique est suspectée (en raison de la prévalence élevée de l’affection aux États-Unis) et le taux de glucides de certains aliments industriels pourrait avoir un impact sur son développement.

Symptômes

Chez le furet, les manifestations cliniques d’une hypoglycémie sont une fatigabilité, un endormissement profond, une hypersalivation avec une gêne buccale (le furet ouvre la gueule et se griffe à l’intérieur, comme un “prurit buccal”), des convulsions (peu fréquentes), une perte d’équilibre d’apparition brutale et une perte de poids.

Diagnostic

Un insulinome doit être suspecté sur la base des commémoratifs, des signes cliniques en faveur d’une hypoglycémie, de la confirmation d’une glycémie inférieure à 0,7 g/l sur des mesures répétées, en dehors de toute période de jeûne, et de la correction des symptômes grâce au traitement hyperglycémiant. Il convient d’interpréter la glycémie parallèlement à l’insulinémie. En cas de doute, une épreuve de jeûne peut être réalisée à la clinique : le furet est laissé à jeun pendant 3 à 4 heures, avec des prises de sang (veine cave craniale) toutes les 1 à 2 heures.

Le diagnostic de certitude est généralement histologique (hyperplasie, adénome, adénocarcinome, parfois différents types sur le même prélèvement), après pancréatectomie partielle, avec un éventuel immunomarquage. L’échographie permet parfois de révéler des nodules hypoéchogènes, souvent de l’ordre du millimètre, et surtout de réaliser un bilan plus approfondi en vérifiant notamment l’absence d’une maladie surrénalienne concomitante. La palpation digitale douce peropératoire du pancréas peut mettre en évidence un ou plusieurs grains correspondant aux insulinomes.

Traitement

Objectif

Compte tenu du risque très élevé de rechute, l’objectif du traitement n’est pas la guérison mais d’augmenter l’espérance de vie (médiane de survie de 700 jours lors de combinaison du traitement médical et chirurgical) avec un bon confort de vie.

En urgence

La prise en charge de la crise d’hypoglycémie commence chez le propriétaire par l’administration d’une solution riche en glucose (Nutri-plus gel®, miel, sirop de sucre de canne). À la clinique, une voie veineuse est mise en place dès l’arrêt des convulsions par le diazépam, afin de permettre l’injection de bolus de 0,25 à 2 ml de soluté glucosé hypertonique. Cependant, un effet rebond est à surveiller par une mesure de la glycémie toutes les 30 minutes, car si celle-ci remonte rapidement, elle redescend aussi très vite.

Au long cours

L’approche nutritionnelle est fondamentale. L’alimentation doit être riche en protéines et en lipides, pauvre en glucides, et proposée ad libitum. C’est pourquoi il est judicieux de conseiller au propriétaire une ration carnée Barf1 “maison” ou des croquettes Hill’s m/d®, additionnés quotidiennement d’un quart de cuillère à café de levure de bière.

La corticothérapie (prednisolone à 0,25-0,5 mg/kg per os toutes les 12 heures) est le traitement médical de première intention (stimulation de la néoglucogenèse et de la glycogénolyse hépatique). Un contrôle de glycémie est réalisé environ une semaine après le début du traitement, puis tous les 1 à 2 mois une fois l’animal stabilisé. L’objectif n’est pas le retour à des glycémies normales, mais à la disparition des symptômes d’hypoglycémie. Lorsque la corticothérapie manque d’efficacité malgré une posologie supérieure à 2 mg/kg, des produits hyperglycémiants (diazoxide, Proglycem®, reconditionné sous forme buvable à la pharmacie de l’École nationale vétérinaire d’Alfort, 5 mg/kg matin et soir en faisant attention à l’insuffisance hépatique) peuvent être prescrits.

Enfin, le traitement étiologique est chirurgical, par nodulectomies associées à une pancréatectomie partielle. Les meilleurs résultats sont obtenus avec la combinaison du traitement médical et du traitement chirurgical, lorsque l’état de l’animal et la localisation de l’insulinome le permettent.

1 Biologically appropriate raw food, régime à base de viande crue

CAUSES D’HYPOGLYCÉMIE CHEZ LE FURET

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