Les visites sanitaires, une priorité pour l’État - La Semaine Vétérinaire n° 1688 du 20/09/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1688 du 20/09/2016

RÉGLEMENTATION

ACTU

ÉVÉNEMENT

Auteur(s) : STÉPHANIE PADIOLLEAU 

Le ministère de l’Agriculture a sollicité l’appui du CGAAER afin d’évaluer et de faire évoluer le dispositif des visites sanitaires. Présentation des neuf recommandations de la mission avec Olivier Debaere, chef du bureau des intrants et de la santé publique en élevage au sein de la DGAL.

Le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) a été chargé d’une mission d’audit du dispositif des visites sanitaires. Celles-ci existent depuis 2005 pour les élevages bovins, 2013 pour ceux de volailles, 2015 pour les exploitations porcines et elles seront étendues aux petits ruminants et aux abeilles en 2017. Cette mission a été effectuée dans le courant de l’année 2015, et certaines de ses recommandations sont déjà appliquées ou en cours de développement. Comme l’explique Olivier Debaere, chef du bureau des intrants et de la santé publique en élevage au sein de la Direction générale de l’alimentation (DGAL), « la visite sanitaire est un moment privilégié et dédié, qui permet au vétérinaire de sensibiliser un éleveur à des thématiques d’intérêt collectif. Elle sert aussi à collecter des informations, pour 6 % des élevages bovins et 100 % de ceux de porcs et de volailles ». Un travail similaire avait été effectué en 2010, avant que le dispositif ne soit étendu aux autres espèces d’élevage. Sur les dix recommandations émises dans le rapport publié en 2011, six ont été suivies ou partiellement suivies : maintenir le principe d’une visite sanitaire financée par l’État, renforcer la formation des vétérinaires sanitaires, revenir à une fréquence annuelle pour les bovins, réviser la forme du questionnaire et en repenser le contenu, coupler la visite sanitaire avec le bilan sanitaire d’élevage.

La mission conduite en 2015 propose neuf recommandations1, que nous a commentées Olivier Debaere. Le rapport qui vient d’être rendu public sera présenté à la profession vétérinaire et aux organisations agricoles le 15 novembre prochain.

1 bit.ly/2cJVSVn.

2 bit.ly/2cQiktu.

R1  Réaffirmer le degré de priorité sanitaire accordée aux visites sanitaires pour répondre aux enjeux sanitaires, sociétaux et économiques.

Olivier Debaere : La visite sanitaire est financée à 100 % par l’État, cela montre la priorité que celui-ci donne à ce dispositif sanitaire et la mission dont a été chargé le CGAAER également. De plus, la France y accorde tant d’importance qu’elle a porté ce dispositif au niveau européen, afin que la visite sanitaire soit intégrée au règlement européen sur la santé animale.

R2  S’appuyer sur le futur réseau des vétérinaires sanitaires.

O. D. : Le ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt a convié, le 12 mai dernier, l’ensemble des familles vétérinaires à une réunion d’échange sur l’animation des réseaux de vétérinaires sanitaires. Des engagements ont été pris : une enveloppe de 650 000 € est allouée à la mise en place de délégations entre l’État et les organisations vétérinaires à vocation technique (OVVT), et des conventions seront signées d’ici la fin de l’année entre les OVVT et les directions régionales de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF) dans chaque région, afin de lancer les travaux de réflexion sur la prévention, la gestion et la surveillance des dangers sanitaires de 1re et 2e catégories. D’ici la fin de l’année, 13 conventions entre DRAAF et OVVT, une par région, seront établies.

R3  Mettre en place une équipe projet pour les visites sanitaires pour assurer la maîtrise d’ouvrage des différentes visites sanitaires en fonction des espèces et une véritable ingénierie de suivi du dispositif.

O. D. : L’équipe projet est en place depuis l’édition 2015 de la visite sanitaire, sur la fièvre aphteuse. L’État a confié à la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) le soin de coordonner le groupe de travail chargé d’élaborer les grilles des questionnaires de la visite sanitaire.

R4  Engager une réflexion approfondie sur le système informatisé permettant la gestion des données issues des visites sanitaires.

R7  Favoriser l’interopérabilité des différentes bases de données professionnelles.

O. D. : Ce sont les axes les plus importants pour l’avenir. Le dispositif va se développer pour l’année 2017, avec les petits ruminants et les visites apicoles. L’enjeu est de valoriser davantage les données recueillies. C’est déjà le cas pour la visite porcine, à laquelle est liée la qualification trichines. Collecter toutes les données avait donc une utilité immédiate. Concernant la visite avicole, cette collecte revêt un intérêt pour les services en abattoirs et complète l’information sur la chaîne alimentaire (ICA) qui n’est disponible que pour le lot présenté à l’abattoir sans information sur l’élevage, ce qui explique que les données soient recueillies dans 100 % des cas. Pour les ruminants, 6 % des visites sont exploitées, ce qui constitue un échantillon représentatif de l’élevage. À l’avenir, la saisie complète des données pourra être développée si cela présente un avantage, en fonction des thématiques et des questions contenues dans la grille de visite. Un groupe de travail a été mis en place à la suite de la journée du 12 mai, avec pour objectif de réfléchir aux actions permettant de maintenir l’activité vétérinaire en production animale en zone rurale : l’accès des vétérinaires aux données sanitaires ou technico-économiques des élevages leur offrira une meilleure connaissance de la situation de ceux dont ils assurent le suivi.

R5  Définir la périodicité des visites sanitaires non pas sur des postulats mais sur la réalité du besoin et l’efficience attendue.

O. D. : Le rythme annuel est préféré par la profession vétérinaire pour les visites bovines.

R6  Prévoir que le directeur en charge de la protection des populations ou toute personne en capacité puisse organiser ou mieux participer, au moins une fois par an, à une réunion d’échanges, le cas échéant organisée par l’OVVT, avec les praticiens du département sur la thématique de la visite sanitaire.

O. D. : Cette recommandation sera suivie car cette notion est incluse dans les conventions qui seront signées entre OVVT et DRAAF. Les notes de service qui lancent les campagnes de visites sanitaires comportent un volet afin que les directions départementales de la protection des populations (DDPP) informent les vétérinaires et les organisations agricoles au cours de réunions. Des supports de présentation PowerPoint sont élaborés pour présenter le thème des visites sanitaires, ainsi qu’un bilan de la campagne 20152.

R8  Les DRAAF devraient favoriser la participation de vétérinaires et des DDPP aux formations des futurs éleveurs et acteurs des filières animales dans les domaines sanitaires.

O. D. : Depuis septembre 2016, un module de formation est proposé aux vétérinaires sanitaires dans le cadre de leur formation continue, qui présente le dispositif des visites sanitaires. C’est un des éléments qui permettent à l’État de mieux faire connaître ce dispositif.

R9  Réaliser systématiquement des bilans des visites sanitaires, valoriser les bilans, constats et informations dans les différentes directions concernées du ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, chez les éleveurs, les vétérinaires et leurs représentants, et s’assurer de leur prise en compte collective pour une amélioration sanitaire de la ferme France.

O. D. : 6 % des visites sanitaires bovines font l’objet d’une analyse statistique et épidémiologique – d’abord effectuée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), en 2013 et 2014, et par la SNGTV, depuis 2015 – et un bilan synthétique est présenté, ce qui participe à la valorisation du dispositif. Le taux de réalisation des visites bovines est très bon, près de 90 %, soit 163 300 visites effectuées dans l’année. D’après le bilan des visites bovines 2015 qui portaient sur le thème de la fièvre aphteuse, la proportion d’éleveurs qui se déclarent prêts à appeler leur vétérinaire lorsqu’un animal boite et bave passe de 58 à 90 % entre le début et la fin de la visite.

propos recueillis par S. P.

Le dispositif des visites sanitaires est l’outil le plus efficace pour sensibiliser un maximum d’éleveurs dans un minimum de temps sur une thématique d’intérêt collectif.
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