Un changement d’habitudes s’impose en Belgique - La Semaine Vétérinaire n° 1686 du 07/09/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1686 du 07/09/2016

ANTIBIOTIQUES CRITIQUES

ACTU

ÉVÉNEMENT

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO  

Après la France, la Belgique restreint à son tour le recours à certains antibiotiques considérés comme critiques.

En France, les praticiens n’ont eu que quelques jours pour s’adapter à la nouvelle réglementation encadrant le recours aux antibiotiques critiques. De l’autre côté de la frontière, la situation des praticiens belges est similaire. Un arrêté royal1 daté du 21 juillet, relatif aux conditions d’utilisation des médicaments vétérinaires en Belgique, est entré en vigueur dès le 8 août, modifiant la pratique vétérinaire. Il remplace l’arrêté du 23 mai 2000 relatif aux médicaments vétérinaires. L’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) met à la disposition des praticiens une brochure explicative2 de ce nouveau cadre, qui veut simplifier et moderniser la législation belge. Deux mesures en particulier, prises dans le contexte “une seule santé”, engagent le praticien à réduire considérablement l’utilisation des antibiotiques critiques. L’une encadre l’utilisation de certains antibiotiques considérés comme critiques, l’autre impose l’enregistrement de l’utilisation (administration, prescription et fourniture) des antibiotiques pour certaines espèces.

L’antibiogramme désormais obligatoire

Tout comme en France, la nouvelle législation belge sur le médicament vétérinaire considère comme critiques les céphalosporines de 3e et 4e générations ainsi que les fluoroquinolones. Pour mémoire, l’arrêté relatif aux antibiotiques critiques interdit l’usage de plus de 50 antibiotiques considérés comme critiques. Leur utilisation à titre préventif est interdite, mais d’autres usages (métaphylaxique ou curatif) sont possibles sous certaines conditions, telles que la réalisation d’un examen clinique et le recours à un antibiogramme. Désormais, la pratique vétérinaire belge s’aligne sur ces conditions. En effet, la nouvelle réglementation interdit l’utilisation à titre préventif des antibiotiques critiques précités, mais la métaphylaxie reste autorisée sous certaines conditions. Le vétérinaire devra prélever des échantillons chez les animaux à traiter afin de réaliser un antibiogramme. C’est uniquement sur la base des résultats obtenus qu’il pourra avoir recours, en dernier ressort, à des antibiotiques dits critiques. Il existe toutefois des circonstances exceptionnelles qui permettent de déroger à cette obligation, comme le cas d’urgence ou encore l’impossibilité de réaliser un prélèvement. Enfin, ces mesures ne concernent pas les chevaux, les animaux de compagnie et ne s’appliquent pas à l’usage des tubes intramammaires.

L’enregistrement de toute prescription d’antibiotiques

Autre mesure phare, la nouvelle législation belge prévoit désormais que l’utilisation, et aussi bien la prescription que l’administration, des antibiotiques dans un élevage devra être enregistrée par le vétérinaire via une banque de données centrale appelée Sanitel. Cette base est tenue par l’AFSCA pour l’identification et l’enregistrement des animaux, des exploitations, des établissements et des installations où̀ sont détenus des animaux, ainsi que des détenteurs. Dans un premier temps, cette obligation, applicable d’ici l’automne, concernera uniquement chaque utilisation d’antibiotiques et d’antidiarrhéiques à base d’oxyde de zinc. Elle ne vaudra que pour les veaux d’engraissement, les porcs, les poules pondeuses et les poulets de chair. Pour les bovins, l’enregistrement est facultatif et le choix est laissé à la discrétion du praticien.

L’élevage à la loupe

Le document de suivi des prescriptions effectuées au sein d’un élevage, dit document d’administration et de fourniture (DAF), est maintenu et doit toujours être rédigé par un vétérinaire. Le DAF, qui correspond au registre d’élevage, devient obligatoire pour toute administration. En revanche, il ne l’est pas lors du traitement des « veaux de moins d’un mois dans leur troupeau de naissance et des porcelets non sevrés de maximum quatre semaines, s’il s’agit de médicaments dont le temps d’attente est inférieur à un mois ». Auparavant, cette obligation concernait uniquement le traitement en période à risque ou s’imposait en fonction du type de médicaments. En cas d’administration, le DAF ne doit plus automatiquement contenir le numéro de lot et le diagnostic. En revanche, les animaux traités doivent absolument y être identifiés. Par ailleurs, il doit être communiqué à l’éleveur au plus tard dans les sept jours suivant la prescription.

L’éleveur également concerné

La nouvelle législation concerne aussi l’éleveur, partie prenante dans la lutte contre l’antibiorésistance. Il est mentionné que ce dernier peut, comme c’est le cas actuellement, conserver une réserve de médicaments par élevage, par troupeau et par espèce animale. Il peut poursuivre un traitement, prescrit par un vétérinaire, jusqu’à trois semaines versus cinq jours auparavant. Mais il ne peut « poursuivre un traitement que pour les indications décrites sur le DAF ou sur la prescription et ne peut pas lui-même établir de traitements chez d’autres animaux que ceux initialement traités ».

Prudence pour la colistine

Le sort de la colistine reste encore à clarifier. À ce stade, le nouveau cadre juridique ne traite pas de l’utilisation de cet antibiotique, malgré les cas de résistance signalés récemment. En effet, l’AFSCA indique que son emploi n’est pas davantage réglementé. Toutefois, la prudence est de rigueur pour le recours à cet antibiotique considéré comme critique pour la médecine humaine. Mais il est fort possible que cette position évolue, au regard du dernier avis de l’Agence européenne des médicaments (EMA), qui préconise de réduire son utilisation en médecine vétérinaire. L’agence sanitaire belge avait d’ailleurs demandé aux vétérinaires « de prendre un maximum de mesures préventives, comme par exemple l’adoption de régimes alimentaires optimisés, le respect des normes de biosécurité et d’hygiène, ou encore une vaccination adéquate pour optimiser l’immunité des animaux ».3

Un organisme dédié

En 2012, l’Antimicrobial Consumption and Resistance in Animals (Amcra) a été créé pour la mise en œuvre de mesures visant à réduire l’usage des antibiotiques. L’Amcra est composé d’organisations sectorielles (éleveurs, industrie de production d’aliments pour animaux, industrie pharmaceutique), d’associations vétérinaires, d’associations de santé animale et des facultés de médecine vétérinaire. Des objectifs chiffrés de réduction ont été fixés en 2011 : d’ici 2020, l’utilisation des antibiotiques en général doit être réduite de 50 % et doit l’être de 75 % pour les antibiotiques critiques. D’ici 2017, l’Amcra a défini une réduction de 50 % de l’usage des aliments médicamenteux contenant des antibiotiques. Pour atteindre ces objectifs, une convention a été signée le 30 juin dernier par de nombreuses parties prenantes (Amcra, vétérinaires, organisations agricoles, industrie pharmaceutique, fabricants d’aliments et associations de santé animale), ainsi que par les pouvoirs publics, représentés par le ministère fédéral de la Santé publique et celui de l’Agriculture.

1 www.bit.ly/2bXzswK.

2 www.bit.ly/2bTeXmq.

3 www.bit.ly/2cANsxI.

La nouvelle législation belge prévoit qu’une banque de données centralisera toute prescription ou administration d’antibiotiques.
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