Transport des lapereaux et cicatrisation de l’ombilic

Le transport des lapins est une étape incontournable dans la filière de production cunicole. Dès l’âge de 1 jour, les lapereaux futurs reproducteurs sont susceptibles de voyager dans le monde entier. En effet, une fois nourris, la mère ne leur redonne à boire que 24 heures plus tard. Si les lapereaux sont placés dans un nid chaud, garni de matériau isolant propre et inerte, ils peuvent donc voyager sans problème durant une journée s’ils ont bu avant leur départ. C’est d’ailleurs actuellement la méthode majoritairement choisie par les sélectionneurs pour faire voyager les futurs reproducteurs. Simple et peu coûteuse, cette méthode limite par ailleurs la transmission d’agents pathogènes, les lapereaux jeunes étant moins porteurs que les adultes.

Dans le cas du lapin, le transport se fait dans des cartons confortables garnis de copeaux ou d’un autre matériau propre et isolant, qui miment parfaitement le nid de la mère. Les animaux voyagent en petits groupes dans un nid de transport, comme dans une fratrie, se tenant ainsi parfaitement au chaud.

La réglementation en vigueur en France concernant le transport des animaux impose d’éviter de causer du stress, de la douleur, des souffrances ou des dommages au cours du transport. Seuls des animaux jugés aptes, c’est-à-dire correctement identifiés et dont l’état de santé, dans des conditions optimales, permet le voyage, peuvent être transportés.

L’annexe I du règlement européen CE 1/2005 précise que les mammifères nouveau-nés dont l’ombilic n’est pas encore complètement cicatrisé ne doivent pas voyager.

Se pose donc la question de l’âge à partir duquel on peut considérer que l’ombilic d’un lapereau nouveau-né est complètement cicatrisé.

Une étude¹ a consisté à observer durant 15 jours les ombilics de 2 862 lapins de chair blancs et 40 lapins nains de concours. Il a été remarqué que le cordon, humide à la naissance, est sec au bout de 1 heure. 12 heures plus tard, il a pris une teinte noirâtre et s’est complètement desséché. Aucune infection n’a pu être mise en évidence, ce qui est sans doute dû à la propreté des nids dans les élevages. La taille du cordon à la naissance est proportionnelle à la taille des sujets, mais se situe très majoritairement entre 2 et 4 mm chez le lapin de chair.

Les premiers cordons tombent vers 6 jours d’âge, mais la majorité vers 11 à 13 jours. Au 15^e jour, aucun cordon n’est encore attaché au ventre du lapereau.

L’ombilic est presque cicatrisé au 4^e jour

L’analyse histologique des structures ombilicales confirme qu’il n’y a aucun signe d’infection au 4^e jour et qu’un sillon de disjonction se met en place sous la forme d’un afflux linéaire de granulocytes hétérophiles altérés à partir des zones périphériques de l’ombilic. L’infiltrat hétérophilique finit par être continu et linéaire, formant une zone de fragilisation (sillon de disjonction) qui permet la chute du cordon. Au 6^e jour après la naissance, l’étanchéité est assurée car l’épiderme est désormais continu.

Contrairement aux mammifères ruminants, il semble donc tout à fait raisonnable d’affirmer qu’un lapereau – par sa physiologie particulière et la cicatrisation rapide de son ombilic – peut voyager sans stress ni souffrance dans un nid dès sa naissance. Il serait alors sans doute utile de revoir les textes réglementaires pour intégrer les particularités de l’espèce cunicole dans les directives relatives au transport.
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¹ Boucher S., Plassiart G., Bignon L. Study of the healing of rabbit farms umbilics (Oryctolagus cuniculus) newborns. World Rabbit Congress, Chine, Qingdao, 15-18 juin 2016.