Prévenir la survenue des troubles musculosquelettiques - La Semaine Vétérinaire n° 1683 du 12/07/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1683 du 12/07/2016

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ÉCO GESTION

Auteur(s) : FRANÇOISE SIGOT 

Les facteurs qui favorisent les TMS durant l’activité professionnelle sont divers. Comment anticiper ce “mal du siècle” ?

Tendinites de l’épaule et du coude, douleurs du poignet et autres lombalgies chroniques sont autant de troubles musculosquelettiques (TMS), évoluant le plus souvent vers la maladie professionnelle. De véritables sources de souffrance pour les victimes et de désorganisation pour la structure où elles travaillent.

Certains n’hésitent pas à parler de “mal du siècle” en entreprise. Les conséquences sont importantes et aucun secteur d’activité n’y échappe. Les TMS représentent aujourd’hui 70 % des maladies professionnelles déclarées. Durant cette dernière décennie, le chiffre a progressé de 20 %. Ces TMS sont liées, dans la grande majorité des cas, à la répétition des gestes et des postures de travail. Au sein des cliniques vétérinaires, les principaux risques identifiés par les acteurs de la prévention sont décrits comme suit : « Les maladies professionnelles les plus fréquentes sont les affections périarticulaires, lombalgies et autres troubles musculosquelettiques occasionnés par la station debout prolongée pour tous les actes de soins, de radiographie et de chirurgie, les postures pénibles, ainsi que la manutention et la contention manuelle des animaux, en particulier les animaux lourds ou difficiles à manipuler, dans la salle d’opération ou de soins, avec des efforts de soulèvement des animaux inertes, ou pour le vêlage, le poulinage, etc. »

Prévenir, pour une qualité de vie au travail

De quoi s’inquiéter, alors que l’on pensait que les conditions de travail s’amélioraient. Plus que l’environnement de travail, qui peut rester difficile, ce sont surtout les conditions de diagnostic et de prise en charge qui ont évolué. Là encore, au-delà de la cause, les conséquences sont nombreuses et, pourtant, elles restent sous-estimées, en tout cas le lien entre conditions de travail et TMS n’est pas toujours aussi bien établi qu’on le pense. Et quand il l’est, c’est souvent au prix de tensions larvées, voire de conflits bien déclarés. Avant d’en arriver à de tels extrêmes, la bataille à livrer contre les TMS doit donc se situer sur le champ de la prévention. D’autant que les conséquences sont, elles, bien connues. Absentéisme, turnover, désorganisation et diminution de performance font partie des complications qui puisent leur origine dans un TMS. Mais encore faut-il savoir faire le lien entre les TMS et ces phénomènes qui désorganisent le travail.

Déceler les facteurs

Les premiers éléments à prendre en compte sont les conditions de travail. « Une de mes ASV a contracté une maladie professionnelle reconnue en lien avec un TMS. Les conditions de travail ont été pointées du doigt par le médecin du travail qui a mis en cause les manipulations d’animaux souvent lourds. Une tâche indéniable et bien difficile à changer, ce qui nous a valu un conflit », peste un vétérinaire. Il convient donc d’être vigilant. « Pour détecter un facteur pouvant conduire aux TMS, le meilleur levier est la parole. Il faut être à l’écoute de ses salariés et entendre leurs remarques lorsqu’ils estiment qu’une tâche est difficile, pénible et à l’origine de douleurs », explique un consultant du cabinet Ethos Expertise, spécialiste de la santé au travail et agréé par le ministère du Travail comme expert auprès des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Plutôt que d’évacuer rapidement le problème, il est préférable de le traiter dès les premiers symptômes. Tous les maux n’étant pas assimilables à un TMS, il sera ainsi plus aisé de clore le débat si le mal ne puise pas son origine dans l’activité ou, au contraire, de l’ouvrir s’il s’avère que celle-ci est mise en cause.

Adapter l’environnement de travail

Ledit débat doit donc se placer sur les missions prises en charge par les victimes de TMS. Et la première démarche est de voir s’il est possible d’adapter techniquement les conditions de travail. Ensuite, il conviendra peut-être aussi de réfléchir à changer l’organisation. « L’approche des entreprises est souvent technique, lorsqu’elles aménagent les postes de travail. C’est nécessaire, mais pas suffisant. En effet, il faut aussi, et surtout, prendre en compte l’organisation du travail », conseille-t-on à Ethos Expertise. Tout ce processus doit être conduit avec l’équipe. « Les salariés sont ceux qui ont souvent les meilleures idées pour aménager leur poste ou s’organiser différemment », sont en effet convaincus les consultants d’Ethos Expertise. Reste que même si la volonté est bien là, revoir son organisation et adapter ses équipements est un véritable défi pour nombre de dirigeants. Il ne faut donc pas hésiter à se faire accompagner. Plusieurs organismes peuvent être sollicités pour réaliser des bilans et mettre en place des solutions, voire participer au financement des adaptations à réaliser sur le poste de travail d’un salarié atteint de TMS. Ainsi, les conseillers de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) proposent, dans le cadre de leurs missions, des interventions gratuites en faveur des petites et moyennes entreprises (PME). La Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat), organisme axé sur la retraite, l’aide sociale et la gestion des risques professionnels, peut aussi être sollicitée sur ces sujets, tout comme la médecine du travail. Sans compter les cabinets indépendants, qui vont pouvoir dresser un diagnostic et conseiller des aménagements. Enfin, il existe des formations pour permettre aux personnes exposées à ces risques d’adapter leurs gestes et postures de travail.

Les obligations de l’employeur

Même si ces parcours peuvent être longs, il convient de ne pas les négliger, car c’est bien la responsabilité de l’employeur qui est en jeu. En effet, depuis les arrêts dits “amiante”, le dirigeant a une obligation de sécurité et de résultat à l’égard des salariés. Le refus d’aménager un poste de travail peut donc conduire un chef d’entreprise au tribunal. En pratique, les litiges portant sur l’aménagement d’un poste de travail ou l’apparition d’un TMS se terminant devant le juge sont rares. Mais si tel est le cas, la reconnaissance de la faute inexcusable d’un employeur en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle peut aller jusqu’à des condamnations financières en matière de droit de la sécurité sociale et de droit du travail. La Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) a ainsi déjà condamné un dirigeant à verser des cotisations supplémentaires au titre notamment de la majoration de la rente d’incapacité à laquelle peut prétendre la victime. Et la Cour de cassation, dans un arrêt du 17 mai 2006, a considéré que « lorsqu’un salarié a été licencié en raison d’une inaptitude consécutive à une maladie professionnelle qui a été jugée imputable à une faute inexcusable de l’employeur, il a droit à une indemnité réparant la perte de son emploi due à cette faute de l’employeur ». Autant d’éléments plaidant en faveur de l’anticipation et donc de la prévention.

LES TMS RECONNUS COMME MALADIES PROFESSIONNELLES

La liste des troubles musculosquelettiques (TMS) est établie par les acteurs de la santé au travail. « Les troubles musculosquelettiques regroupent une quinzaine de maladies qui affectent les muscles, les tendons et les nerfs des membres et de la colonne vertébrale. Ce sont des pathologies multifactorielles à composante professionnelle. Les TMS s’expriment par de la douleur mais aussi, pour ceux du membre supérieur, par de la raideur, de la maladresse ou une perte de force », indique l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Plus clairement, tendinites, lombalgies, syndrome du canal carpien, épicondylite (inflammation de certains tendons du coude) ou encore hygroma (tuméfaction) du genou et du coude sont autant de TMS reconnus comme maladies professionnelles.
Les TMS représentent aujourd’hui 70 % des maladies professionnelles déclarées.
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