Les vétérinaires européens se retrouvent sur les sujets clés de la profession - La Semaine Vétérinaire n° 1682 du 06/07/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1682 du 06/07/2016

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE LA FVE

ACTU

Auteur(s) : KARIN DE LANGE 

Antibiorésistance, pharmacovigilance, médicaments aquacoles, bien-être animal et franchises sont autant de thèmes développés par la Fédération vétérinaire européenne lors de l’assemblée générale qui s’est tenue début juin à Marche-en-Famenne, en Belgique.

L’assemblée générale de la Fédération vétérinaire européenne (FVE), accueillie par notre confrère Alain Schonbrodt, chef de la délégation belge, a permis, les 3 et 4 juin derniers à Marche-en-Famenne, dans les Ardennes belges, de revenir sur les problématiques qui animent la profession.

La colistine sur la sellette

La question complexe de la colistine a été abordée par le vice-président de la FVE et président du groupe de travail FVE sur le médicament, Rens van Dobbenburgh (Pays-Bas), qui a expliqué comment la découverte de la résistance du gène MCR1 a conduit au besoin de mettre à jour la position de l’Agence européenne des médicaments (EMA). « Nous nous attendons à ce que l’EMA, dont l’avis sera publié plus tard cette année, recommande d’ajouter la colistine à la liste des médicaments réservés à l’usage humain, a-t-il précisé, que l’usage soit soumis à la réalisation préalable d’un antibiogramme et que les ventes soient limitées à 5 mg/PCU 1. »

Notre confrère néerlandais est également le nouveau président, pour un mandat de trois ans, de la plateforme européenne pour l’utilisation responsable des médicaments vétérinaires (Epruma). Ce collectif d’éleveurs, de vétérinaires et de laboratoires pharmaceutiques organisera, le 13 octobre prochain, un atelier sur l’usage raisonné des médicaments vétérinaires.

Les anticoccidiens sous ordonnance

Le document de synthèse (position paper) de la FVE sur les anticoccidiens a été adopté lors de l’assemblée générale. Au vu d’une résistance grandissante, la fédération recommande que « tous les anticoccidiens soient mis sous ordonnance vétérinaire ». Cela permettrait à l’éleveur de « choisir la meilleure stratégie, de prolonger l’activité des anticoccidiens en limitant la résistance, de faire remonter d’éventuels effets indésirables et de s’assurer que les temps d’attente sont respectés ».

« Les résidus anticoccidiens font partie des résidus de médicaments vétérinaires les plus fréquemment observés, rappelle Rens van Dobbenburgh, avec jusqu’à 2 % chez la volaille. » La FVE préconise également d’inclure les anticoccidiens dans la stratégie Esvac (European Surveillance of Veterinary Antimicrobial Consumption). La proposition additionnelle des pays nordiques pour orienter davantage la recherche vers une réduction et une suppression progressives des anticoccidiens a également été adoptée.

Pharmacovigilance

« Selon l’enquête de la FVE sur la pharmacovigilance, c’est plus souvent un manque d’efficacité que des effets indésirables qui est observé, en particulier chez les animaux de rente », précise Nancy de Briyne, directrice adjointe de la FVE. L’enquête en ligne, proposée en 18 langues, d’octobre à décembre 2015, a obtenu 3 545 réactions de praticiens européens. Au total, 87 % de véténaires ruraux ont répondu qu’ils n’avaient observé aucun effet indésirable au cours des 12 derniers mois, contre 70 % de canins.

Le doute sur ce qui constitue un effet indésirable peut expliquer ce faible taux de déclarations. « Il est parfois difficile de savoir s’il s’agit d’un réel manque d’efficacité ou simplement d’un traitement inadapté. Il arrive aussi que, l’effet indésirable étant connu de tous, il ne soit pas signalé. Enfin, certains reculent devant le temps que prend la déclaration. » En effet, pour 50 % des répondants, l’enquête a nécessité plus de 30 minutes, et pour 24 % d’entre eux, plus d’une heure. Le temps nécessaire à la déclaration diffère d’un pays à l’autre, les plus rapides étant l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Suède. Le rapport complet sera disponible en automne.

Médicaments aquacoles : identifier les lacunes

Notre confrère Peter Jones, du Royaume-Uni, a présenté les activités de la coalition FishMedPlus, un groupe d’experts visant à augmenter la disponibilité des médicaments vétérinaires autorisés pour l’aquaculture sur le marché de l’Union européenne (UE) et des pays membres de l’Association européenne de libre-échange. « Le groupe suivra une approche en trois étapes : analyse des lacunes, étude des barrières et stimulation des autorisations de mise sur le marché. » Un document type a d’ores et déjà été élaboré pour identifier les lacunes, qui seront confirmées par des données scientifiques. Un appel à contribution est lancé aux vétérinaires européens travaillant dans l’aquaculture2.

Les antibiotiques et le bien-être

Le document de synthèse sur la relation entre bien-être et usage des antibiotiques chez les animaux de rente a été présenté par Lotta Berg (Suède), présidente du groupe de travail FVE/Union européenne des vétérinaires praticiens (UEVP) sur le bien-être animal. « Usage raisonné et responsable des antibiotiques et bien-être animal ne sont pas contradictoires, souligne-t-elle. Au contraire, l’usage raisonné englobe le besoin d’améliorer l’élevage des animaux dans un contexte de biosécurité et d’hygiène améliorées, réduisant ainsi la fréquence des infections bactériennes ». Le document a été adopté à l’unanimité par l’assemblée.

Les franchises

« Les corporate practices possèdent désormais 60 % des structures vétérinaires en Suède, 50 % en Finlande et 37 % en Norvège », avait déclaré Torill Moseng (Norvège), vice-présidente de l’UEVP, lors de son assemblée générale, le 2 juin. La popularité des franchises peut s’expliquer par les souhaits et les attentes de la jeune génération de vétérinaires, suggère-t-elle. « Peu de jeunes confrères rêvent de devenir propriétaires d’une clinique et la plupart apprécient une vie sociale, refusant de travailler 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. » Elle a observé que le nombre de vétérinaires propriétaires a diminué au profit de celui des praticiens salariés et s’attend à ce que, dans les trois années à venir, jusqu’à 60 % du chiffre d’affaires du marché des vétérinaires d’animaux de compagnie soient générés par les franchises en Norvège.

La croissance des franchises est une menace potentielle pour les conditions de travail, mais aussi pour les fournisseurs de formation, puisque ce sont les entreprises elles-mêmes qui mettent en place la formation continue, rappelle Torill Moseng. Néanmoins, « elles font partie du paysage et il va falloir s’y habituer. Cette tendance est donc à suivre de près ». Notre consœur a cité l’exemple du Danemark, où Evidensia et Anicura, les deux principaux acteurs corporate en Scandinavie, adhèrent à l’Association vétérinaire danoise, permettant une surveillance et un maintien des bonnes conditions de travail.

Parmi les nombreux autres sujets développés à Marche-en-Famenne figuraient le commerce des chiots, le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (Transatlantic Trade and Investment Partnership ou TTIP), les instances ordinales et le concept One Health.

Les prochaines assemblées générales de la FVE se tiendront les 11 et 12 novembre prochains à Bruxelles, en Belgique, et les 9 et 10 juin 2017 à Tallin, en Estonie.

1 Population correction unit.

2 svy.mk/29eCSXX.

3 European Association for Quality Assurance in Higher Education.

SYSTÈME D’ÉVALUATION

Le directeur belge du Système européen d’évaluation de la formation vétérinaire (ESEVT), Pierre Lekeux, a présenté ses modes opératoires normalisés (MON), dont l’objectif est l’accréditation ENQA3. Outre le fait qu’ils sont « clairs, cohérents et en plein accord avec les nouvelles directives de l’UE », les MON innovent avec une fusion des stades 1 et 2 et une diminution de l’intervalle entre les visites, de 10 à 7 ans. « Nous souhaitons également mettre nos normes et nos procédures en conformité avec d’autres organismes d’accréditation », a ajouté Pierre Lekeux. Par ailleurs, l’ESEVT a mis en place un module de formation électronique (e-learning) pour les experts effectuant la visite. « Les experts doivent évaluer et comparer avec la norme, et non avec la situation du site d’origine. »Sur les 96 membres de l’Association européenne des établissements d’enseignement vétérinaire (AEEEV), 68 ont été accrédités, pleinement ou sous condition, 21 ne l’ont pas été et 7 n’ont fait l’objet d’aucune visite. Même si la non-adhésion à l’AEEEV est sans conséquence juridique pour les établissements d’enseignement, « les résidanats des collèges européens n’accepteront que des diplômés des écoles accréditées ».
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