Le stress du chien dans la salle d’attente - La Semaine Vétérinaire n° 1682 du 06/07/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1682 du 06/07/2016

BIEN-ÊTRE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : BÉNÉDICTE ITURRIA 

Selon une étude, près de 30 % des chiens montrent des signes de stress avant la consultation chez le vétérinaire, mais les propriétaires ne le remarquent pas nécessairement.

Accompagnés par leurs propriétaires, 45 chiens adultes et en bonne santé ont été filmés pendant trois minutes dans la salle d’attente d’une clinique vétérinaire de Florence (Italie)1. Aucun autre animal n’était présent quand le chien sujet de l’expérience et ses maîtres pénétraient dans la pièce ; seul un opérateur filmait dans un coin de la salle, sans aucune interaction avec ces derniers. Les propriétaires devaient s’asseoir et maintenir leur chien en laisse. Durant l’enregistrement, les maîtres complétaient un questionnaire, ce qui limitait les contacts et permettait ainsi au chien de se comporter normalement. Le questionnaire contenait 29 questions, la plupart à choix multiple, regroupées en trois parties : les informations sur le chien, sur le propriétaire et comment ce dernier percevait le bien-être de son animal (tempérament du chien, situations dans lesquelles il est stressé, anticipation éventuelle de la visite chez le vétérinaire, comportement à la clinique, etc.). Le but de la vidéo était d’enregistrer l’apparition et la durée de 19 signes potentiels de stress aigu chez les chiens (graphique). Elle était ensuite analysée par un vétérinaire comportementaliste.

Deux tiers des chiens perturbés

Les vidéos ont révélé que les deux tiers des chiens ont passé plus de 20 % du temps à montrer au moins un indicateur de stress et que 53 % présentaient au moins quatre signes associés. Les plus courants étaient de se lécher la truffe, d’haleter, de baisser les oreilles, de pleurer, de se toiletter et de bâiller. Les propriétaires et le comportementaliste ont fourni chacun une évaluation globale du niveau de stress de l’animal dans la salle d’attente : faible, moyen ou élevé (sans définition de ces niveaux). Selon les maîtres, 44 % des chiens l’étaient peu, 27 % moyennement et 29 % ont été considérés comme très perturbés. L’expert a conclu aux statistiques suivantes : 42 % ont ressenti un stress faible, 29 %, un stress moyen et 29 %, élevé. La correspondance semble parfaite, et pourtant les propriétaires et le professionnel n’étaient pas d’accord entre eux ! L’interprétation des enregistrements a en effet permis de découvrir que les signaux retenus par le comportementaliste pour évaluer l’état réactionnel étaient différents de ceux des maîtres, notamment pour un niveau élevé. Pour l’expert, un grand stress est plus susceptible de se manifester par des tremblements, les oreilles et la queue baissées, une tentative de fuite ou le fait de se cacher. Les propriétaires ne retiennent principalement que les deux derniers signes. Même s’ils connaissent mieux que quiconque leur animal – ce qui laisserait à penser qu’ils peuvent réaliser une évaluation précise de son état –, les propriétaires ne perçoivent cependant que les signes évidents de stress et occultent ceux, plus subtils, auxquels le professionnel est, en revanche, habitué. De plus, les évaluations de l’expert étaient fortement corrélées au temps passé par le chien à angoisser et dans une moindre mesure au nombre de signes perçus. Celles des propriétaires n’étaient pas étroitement reliées à ces facteurs.

Des moyens d’action sont possibles

Cette étude prouve donc que le bien-être du chien est diminué dans la salle d’attente et que son stress n’est pas évalué à sa juste valeur par son maître. Ceci démontre la nécessité pour les vétérinaires et les comportementalistes de sensibiliser le propriétaire au langage corporel du chien. De même, afin de rendre la visite la moins anxiogène possible pour l’animal, il est recommandé aux professionnels de prendre aussi des mesures adéquates : l’équipe médicale devra se former aux connaissances de base en éthologie canine et les praticiens pourront adopter des techniques et des attitudes permettant aux animaux de se sentir le mieux possible dans la clinique, telles que celles prônées, par exemple, dans le programme américain Fear-free ® veterinary visits 2.

1 Mariti C., Raspanti E., Zilocchi M. et coll. (2015). The assessment of dog welfare in the waiting room of a veterinary clinic. Animal Welfare. 2015;24: 299-305 doi: 10.7120/09627286.24.3.299.

2 Voir La Semaine Vétérinaire n° 1663 du 26/2/2016, page 13.

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