Particularités de l’anesthésie et de l’analgésie chez les NAC - La Semaine Vétérinaire n° 1681 du 29/06/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1681 du 29/06/2016

CONFÉRENCE

PRATIQUE CANINE

Formation

Auteur(s) : ADELINE LINSART  

L’anesthésie générale est souvent requise chez les nouveaux animaux de compagnie (NAC), tant pour augmenter la précision de l’examen clinique que pour permettre la réalisation d’examens complémentaires (radiographie, prise de sang ou échographie) ou de chirurgie à visée diagnostique ou curative. Cet acte comporte pourtant de nombreux risques, qui ne peuvent être maîtrisés que s’ils sont parfaitement connus et identifiés par l’équipe médicale.

Mesures préanesthésiques

Lors d’une anesthésie flash à l’isoflurane, l’animal est rarement à jeun, cette anesthésie étant le plus souvent proposée de manière impromptue au cours d’une consultation. Il importe, dans ce cas, de s’assurer, chez les petits rongeurs et les lapins, que la gueule est vide de débris alimentaires. Chez le furet, un repas datant de plus d’une heure est suffisant. Chez les oiseaux, il convient de palper le jabot pour vérifier que celui-ci est vide.

Lors de chirurgie, l’anesthésie prolongée et la manipulation possible des viscères doivent conduire à de plus importantes précautions. La durée de la diète hydrique précédant la chirurgie doit être adaptée aux différentes espèces rencontrées. Reptiles, oiseaux de poids inférieur à 200 g, lapins et rongeurs ne sont pas mis à la diète. Furets et perroquets (ou oiseaux de plus de 200 à 500 g) sont mis à la diète sur une courte durée : de 2 à 4 heures. Il est important de nettoyer la gueule de ces espèces avant l’intubation ou le positionnement pour la chirurgie ; en effet, il est courant que des débris alimentaires soient encore présents (cobayes notamment). De même, si le jabot est plein au moment de l’induction anesthésique, il peut être vidangé. L’intubation et la voie veineuse doivent être systématisées. Les masques laryngés facilitent l’intubation chez le lapin. Attention, ils ne doivent pas bouger durant la chirurgie et leur bon positionnement est validé par un suivi capnographique.

Choix des molécules

Comme chez les chiens et les chats, l’anesthésie des NAC doit être multimodale. Il convient d’associer différentes molécules afin de diminuer leurs doses respectives, de limiter leurs effets secondaires et de potentialiser leurs actions. Les prémédications à base de benzodiazépines, d’opiacés et d’α2-agonistes sont privilégiées. Attention, les doses recommandées par les conférencières sont différentes de celles publiées dans de nombreux ouvrages (tableau). Le furet est très sensible aux effets hypotenseurs des α2-agonistes, il convient de les utiliser à faible dose et avec une surveillance cardiovasculaire étroite. Chez les oiseaux, le midazolam peut être administré à la dose de 1 mg/kg par voie intramusculaire (ou par voie nasale). Il est possible de l’associer au butorphanol, notamment afin d’obtenir une sédation profonde permettant la réalisation d’examens complémentaires ou une bonne prémédication chirurgicale. L’adjonction d’alfaxalone, de propofol ou de kétamine à faible dose est envisageable si une sédation poussée est nécessaire pour intuber l’animal. L’alfaxalone est notamment utilisée chez les reptiles, chez lesquels son administration intraveineuse ou intramusculaire permet d’obtenir un degré d’inconscience et de relaxation musculaire suffisant pour de courtes procédures, ou pour intuber l’animal.

Un relais en anesthésie volatile (isoflurane ou sévoflurane) doit être privilégié afin de sécuriser au maximum la procédure. Si l’animal n’est pas intubé, il est important de s’assurer de l’absence d’obstruction des narines (sécrétions, positionnement du masque), qui peut considérablement nuire à l’oxygénation et à la maintenance anesthésique de l’animal. L’induction directe au masque, sans prémédication, est contre-indiquée lors de chirurgie dans toutes les espèces.

Maintenance anesthésique

Pour maintenir l’anesthésie générale par voie gazeuse, le praticien doit souvent recourir à une ventilation artificielle, notamment chez les reptiles où les apnées prolongées sont courantes, ce qui empêche le maintien de la concentration alvéolaire en molécule anesthésique. Chez les oiseaux, du fait de la présence des sacs aériens, structures fragiles facilement comprimées par la position de l’animal, la ventilation artificielle est également fortement recommandée. Elle peut être réalisée par intubation de la trachée ou des sacs aériens (selon le site de l’intervention chirurgicale).

Réveil

La vraie phase à risque d’une anesthésie est le réveil. Les animaux ne seront replacés en couveuse qu’une fois parfaitement réveillés, c’est-à-dire conscients et capables de se maintenir en décubitus sternal, et une fois l’oxymétrie stable même sans apport d’oxygène.

La température corporelle est contrôlée et des mesures de réchauffement adaptées sont utilisées (bouillottes, tapis chauffants). Les chauffe-perfusion semblent intéressants, mais ils ne sont efficaces que pour de gros débits (10 à 20 ml/h), inutilisables chez la majorité des NAC. Le réveil est très rapide chez les oiseaux : la sonde trachéale doit être détachée (mais non retirée) avant l’arrêt de l’administration des gaz anesthésiques. L’hypoxie est très rapide dans ces espèces à métabolisme élevé (oiseaux et petits mammifères) : un réveil complet sous oxygène est conseillé, les animaux sont également placés en décubitus sternal aussi vite que possible. Seule exception, les reptiles, chez qui les besoins en oxygène sont moindres et l’administration prolongée d’oxygène peut conduire à un shunt pulmonaire, ralentissant le réveil anesthésique.

Sur le même thème :

Chirurgie des NAC au quotidien, CD-ROM, V. Mentré, Les Éditions du Point Vétérinaire, 2015, bit.ly/290etFQ.

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