Les poulets biologiques explorent davantage les parcours avec plantes médicinales

L’implantation de plantes médicinales sur le parcours des volailles biologiques influe sur le comportement des animaux, d’après une étude menée sur deux bandes de 3 000 poulets biologiques à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) du Magneraud (Charente-Maritime) durant 84 jours.

Préférence pour le fenugrec

Des carrés de quatre espèces de plantes de 1 m² ont été implantés à 10, 25 et 40 m des bâtiments : fenugrec, tanaisie, thym et ail. Ces espèces ont été choisies pour leurs propriétés médicinales antiparasitaires, selon la bibliographie, et leur facilité de culture. La première bande de poulets va sur le parcours en été, la seconde en automne.

Le fenugrec a été totalement consommé et de façon plus précoce que les autres plantes, alors que le thym ne l’a pas été du tout. La consommation d’ail et de tanaisie dépend de la zone du parcours, les carrés les plus proches des bâtiments étant les plus modifiés. L’ail est consommé plus précocement que la tanaisie, mais il l’est en moindre quantité et les carrés d’ail les plus éloignés sont les moins consommés. L’intérêt pour le fenugrec est expliqué par plusieurs hypothèses. S’agissant de la seule légumineuse, il est possible qu’elle soit plus appétente que les autres. Elle peut également améliorer la santé ou le bien-être des animaux. Enfin, étant plus développée que le reste de la prairie, la plante peut permettre aux poulets de se cacher ou de rechercher des insectes.

Comportement exploratoire

La consommation des plantes est supérieure en automne, alors qu’elles sont davantage développées qu’au printemps. L’implantation de plantes médicinales semble encourager les poulets à sortir des bâtiments. En effet, le pourcentage d’animaux qui restent à l’intérieur du bâtiment est de 74,03 % à 50 jours, alors qu’il est de 85,89 % pour des parcours sans implantation. De plus, les animaux s’éloignent davantage des bâtiments sur les parcours implantés (respectivement 11,5 %, 5,83 % et 2,09 % à 10, 25 et 40 m des bâtiments, contre respectivement 3,61 %, 3,53 % et 1,96 % pour les parcours non implantés) à 63 jours.

L’aménagement des parcours de volailles avec des carrés de plantes médicinales favorise ainsi le comportement exploratoire des animaux, surtout en automne.

Performances

En revanche, aucun effet sur les performances zootechniques des animaux et la qualité sensorielle des produits n’a été observé. De plus, aucun impact de la consommation de ces plantes à vertus antiparasitaires n’a pu être mis en évidence sur le parasitisme des poulets, notamment car le taux d’infestation des animaux était faible dans cet essai. Cela était pourtant l’un des objectifs de cette étude, l’accès à un parcours en élevage avicole biologique (obligation réglementaire) pouvant représenter un risque d’infestation parasitaire.

Ainsi, l’effet de ces plantes chez des animaux plus fortement parasités pourrait être recherché dans des travaux ultérieurs. De même, les hypothèses d’une différence d’appétence des plantes ou de leur effet sur la santé des animaux restent à être explorées pour expliquer la préférence des volailles pour certaines d’entre elles (surtout le fenugrec) et le rejet d’autres (thym). Enfin, il serait intéressant d’élargir cette étude à d’autres espèces de plantes qui possèdent des vertus médicinales.
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Karine Germain

Inra du Magneraud à Surgères (Charente-Maritime).

Article rédigé d’après une présentation faite lors des 11^es journées de la recherche avicole et palmipèdes à foie gras à Tours, les 25 et 26 mars 2015.