Cinq points à connaître sur la dirofilariose cardiopulmonaire - La Semaine Vétérinaire n° 1681 du 29/06/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1681 du 29/06/2016

CONFÉRENCE

PRATIQUE CANINE

Formation

Auteur(s) : CHARLOTTE DEVAUX 

La dirofilariose cardiopulmonaire est présente dans quelques départements du sud-est de la France. Sa zone de répartition est à surveiller en raison de l’extension de celle du moustique tigre. Le point sur cette affection avec Jacques Guillot.

La maladie risque de s’étendre en France

La dirofilariose cardiopulmonaire est transmise par les moustiques. Enzootique aux États-Unis, au Japon et dans les DOM-TOM, elle se limite, pour l’heure, en France métropolitaine à des foyers très localisés dans le Sud-Est : les Bouches-du-Rhône, les Alpes-Maritimes et la Corse. Au niveau européen, une extension importante de la maladie est notée ces dernières années, notamment en Europe centrale (Roumanie, République tchèque, Hongrie, Bulgarie et Croatie), en relation avec l’apparition dans ces pays du moustique tigre ( Aedes albopictus ) capable de transmettre Dirofilaria immitis. Ce moustique est retrouvé dans plus de vingt départements français et une propagation de la dirofilariose cardiopulmonaire est à craindre pour l’avenir.

Dirofilaria immitis héberge des bactéries symbiotiques

La dirofilariose est transmise uniquement de façon vectorielle par les moustiques. En piquant un chien infecté, le moustique ingère des microfilaires qui, en 3 semaines, se transforment en larves infestantes (L3). Lors de la piqûre suivante, les L3 sont transmises au chien (ou à l’homme) et se transforment en adultes en 6 à 8 mois. Les nématodes adultes se logent dans le cœur droit, se reproduisent et génèrent de nouvelles larves, les microfilaires, qui circulent dans le sang et qui peuvent de nouveau être ingérées par un moustique lors d’une piqûre. Les nématodes adultes hébergent dans certains de leurs tissus des bactéries symbiotiques du genre Wolbachia. Ces bactéries, libérées lors d’un traitement antiparasitaire, induisent la synthèse de chémokines et de cytokines pro-inflammatoires par les neutrophiles du chien.

L’affection présente deux complications gravissimes

À la suite de l’infection, la maladie évolue progressivement sur plusieurs mois, voire sur plusieurs années. Le chien présente tout d’abord une fatigabilité et un amaigrissement, avant de montrer des signes d’insuffisance cardiaque avec une dyspnée et une toux chronique. Il existe deux complications gravissimes : le syndrome cave, qui est un phénomène hémolytique dû au passage brutal d’un grand nombre de filaires dans la veine cave, et l’embolie pulmonaire, par leur dispersion dans les artères pulmonaires.

Le diagnostic s’effectue plutôt le soir

Le diagnostic de la maladie repose en premier lieu sur la visualisation directe du parasite. L’échographie cardiaque permet de voir les filaires adultes. Les microfilaires sont recherchées dans le sang circulant. La prise de sang s’effectue plutôt le soir, le moment de la journée où les piqûres de moustique sont les plus probables (et donc les microfilaires circulantes en plus grande quantité). Le prélèvement est coloré pour distinguer les microfilaires d’autres espèces non pathogènes (Dirofilaria repens ou Cercopithifilaria spp.). Cet examen peut manquer de sensibilité car les microfilaires sont parfois en petit nombre ou bien absentes. Une sérologie fondée sur la détection d’antigènes de filaires adultes femelles peut être réalisée.

Le repos fait partie intégrante du traitement

Le pronostic dépend de l’atteinte cardiaque. Si des signes d’insuffisance cardiaque sont déjà présents lors de l’établissement du diagnostic, il est réservé et l’évolution peut être fatale, même sous traitement. Celui-ci repose sur l’administration d’un adulticide. La mélarsomine est utilisée à la dose de 2,5 mg/kg en deux injections intramusculaires à 24 heures d’intervalle. Une lactone macrocyclique (milbémycine oxime, sélamectine ou moxidectine) y est toujours associée pour éliminer les microfilaires. Un antibiotique (doxycycline) est ajouté pour éradiquer les Wolbachia, afin de réduire les capacités de reproduction des filaires et leur durée de survie. Ce traitement est assorti d’un repos absolu, qui peut aller jusqu’à l’hospitalisation en cage pour prévenir tout effort préjudiciable.

La prévention de la maladie repose sur la lutte antivectorielle à l’aide de perméthrine ou de deltaméthrine, à laquelle est ajoutée, en zone enzootique, une chimioprévention à base d’une lactone macrocyclique administrée une fois par mois (pour les formes per os) ou une fois par an (pour la forme injectable de moxidectine).

Voir aussi le guide de recommandations Esccap : La lutte vis-à-vis des agents pathogènes vectorisés chez le chien et le chat (www.esccap.fr).

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