L’île nue

Émerveillés par les chefs-d’œuvre d’épure que sont les courts métragesde Michael Dudok de Wit –Le Moine et le Poisson (1994) et Père et Fille (2000) – les studios Ghibli, qui nous enchantent eux-mêmes depuis 30 ans avec des animations qui marient si subtilement le réel et le merveilleux, ont coproduit le premier long métrage du réalisateur néerlandais. Réalisé entièrement en France, mêlant les techniques d’animation (dessins traditionnels pour les décors et ligne claire au crayon numérique pour lespersonnages), le film, sans aucun dialogue (mais superbement sonorisé) et d’un réalisme étonnant, est une sublime métaphore des grandes étapes de la vie humaine.

Il met en scène un naufragé sur une île déserte. Paysages dépouillés emblématiques – le récif, un rivage de sable, une forêt de bambous frémissante dans le vent, une colline rocheuse aux formes rondes – visités par quelques rares animaux – crabes, oiseaux marins, tortues – et soumis aux variations de lumière, monochrome parfois. Alors que les tentatives de cet homme pour repartir échouent et qu’il va passer toute sa vie sur l’île, sa solitude est soulagée par la rencontre mystérieuse avec une tortue rouge. Esquissant un temps à la fois cyclique et linéaire, le récit, d’une infinie simplicité, teinté de féérie, témoigne d’un fatalisme presque serein face à l’adversité et à la mort. Il exprime surtout avec poésie ce sentiment profond qu’aucune vie n’est coupée du monde naturel et qu’un lien d’égalité les unit.
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La Tortue rouge de Michael Dudok de Wit, adapté avec le concours de Pascale Ferran, France/Belgique, 1 h 20, sortie le 29 juin.