Le coût des maladies animales en question - La Semaine Vétérinaire n° 1679 du 14/06/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1679 du 14/06/2016

MENACES SANITAIRES

ACTU

Auteur(s) : NATHALIE DEVOS  

Des données précises sur l’impact économique des maladies animales permettraient d’optimiser l’allocation des ressources nécessaires à prévenir ces dernières, estime l’OIE.

Influenza aviaire hautement pathogène, peste porcine classique ou encore fièvre aphteuse : le premier thème technique de la 84e session générale de l’Assemblée mondiale des délégués de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), qui s’est déroulée à la Maison de la chimie, à Paris, du 22 au 27 mai, était consacré à l’aspect financier des foyers de diverses maladies animales, sur la base de l’analyse d’un questionnaire transmis aux 180 pays membres de l’OIE (les données ont été recueillies de la mi-décembre 2015 à la mi-février 2016). Les coûts générés par le fonctionnement des services vétérinaires mondiaux, et ceux, directs et indirects, des programmes de contrôle des maladies animales (économie des pays et échanges commerciaux), étaient ainsi inscrits au programme.

Les résultats de l’enquête1 menée auprès de ses pays membres a permis à l’OIE de mettre en exergue deux constats majeurs :

- le manque d’informations fiables et disponibles sur les pertes économiques directes et indirectes occasionnées par les épizooties animales ;

- les disparités mondiales en matière de ressources disponibles pour la santé animale et l’accès limité dans de nombreuses régions du monde à des personnes formées spécifiquement à la gestion des maladies animales.

Les résultats de l’enquête

Les taux de réponse ont été relativement faibles en Asie du Sud-Est, dans certaines parties d’Afrique de l’Est et de l’Ouest et dans un grand pays du Moyen-Orient, ce qui a affecté le niveau de couverture pour les filières volailles, petits ruminants et bovins, soulignent les rapporteurs. Selon eux, la couverture géographique de l’étude et celle des principales espèces d’élevage sont néanmoins satisfaisantes.

Effectifs vétérinaires

Tous les pays ont fourni des informations sur le nombre de vétérinaires et d’auxiliaires en santé animale. Au total, ces effectifs ont été estimés à 722 105 vétérinaires, 328 572 auxiliaires et 407 785 personnels de soutien.

Il apparaît, au niveau mondial, un déficit en ressources humaines par rapport aux unités de bétail par vétérinaire.

Par ailleurs, seuls 50 des pays répondants ont fourni des données chiffrées sur les coûts des services vétérinaires. Pour ces pays, les dépenses annuelles ont été estimées à 4 milliards de dollars, dont 3,1 proviennent du budget du secteur public et seulement 0,5 de fonds privés. Ces chiffres indiquent que les investissements les plus importants pour la santé animale sont réalisés par l’État, ce qui semble contredire des travaux publiés précédemment sur cette question dans un pays comme le Royaume-Uni, où les dépenses de santé animale dans les filières de l’élevage étaient plus élevées dans le secteur privé que dans le secteur public, souligne le rapport.

Programmes de lutte contre certaines maladies

Les dépenses annuelles liées aux programmes de contrôle de maladies particulières ont été renseignées pour la moitié environ de ceux rapportés par les pays (379 sur 682). Les dispositifs les plus coûteux sont, au global, ceux dédiés à la fièvre aphteuse et à la tuberculose bovine, avec un coût moyen respectif de 35,9 et de 20,9 millions de dollars. Parmi les programmes cités, dont le coût annuel moyen est supérieur à 1 million de dollars, figurent un programme de lutte contre le pou de mer et deux dédiés à la santé des abeilles.

Coûts liés au contrôle de foyers majeurs de maladies

La majorité des pays répondants (101 sur 116) ont déclaré avoir subi un foyer d’une maladie majeure depuis 2000. Au total, 358 foyers de maladies ont été notifiés, dus pour un quart à l’influenza aviaire et, dans le détail, imputables pour les deux tiers à l’une des cinq maladies suivantes : influenza aviaire, fièvre aphteuse, peste porcine classique, maladie de Newcastle et peste porcine africaine.

Sur les 358 foyers majeurs rapportés, des informations d’ordre financier n’ont été fournies que pour 128 d’entre eux. Le coût total de ces derniers, depuis 2000, s’élève à 12,1 milliards de dollars. Les deux tiers de ces coûts concernent des foyers d’encéphalopathie spongiforme transmissible et 20 % des foyers d’influenza aviaire (infographie).

Pertes de production et impacts sur les échanges

Au total, 70 des 116 pays membres répondants (60 %) ont déclaré être affectés par une maladie transfrontalière enzootique et un peu plus des deux tiers par plus d’une d’entre elles. Les maladies transfrontalières enzootiques les plus fréquemment mentionnées parmi les 187 rapportées sont la fièvre aphteuse (28), la peste des petits ruminants (28), la maladie de Newcastle (19), la peste porcine africaine (15), la péripneumonie contagieuse bovine (15), la brucellose (14) et la dermatose nodulaire contagieuse (11).

Un peu plus de la moitié des pays touchés par un foyer de maladie transfrontalière (68 sur 116) ont déclaré que cela a affecté leurs échanges internationaux, observation qui concerne au total 168 foyers de maladies. Les pays s’étant déclarés le plus affectés par l’impact des foyers sur leurs échanges internationaux sont l’Italie, la Suède et le Royaume-Uni. Les maladies ayant le plus souvent eu des répercussions sur ces échanges sont l’influenza aviaire, la fièvre aphteuse, la maladie de Newcastle, l’encéphalopathie spongiforme transmissible, la peste porcine africaine, la peste porcine classique et le virus de la fièvre catarrhale ovine. Ces sept maladies représentent à elles seules 74 % des foyers ayant eu un impact sur les échanges internationaux.

Plusieurs pays ont indiqué que les pertes occasionnées par un foyer continuent à affecter leurs débouchés commerciaux ; certains ont, en outre, signalé n’avoir jamais regagné leurs marchés antérieurs au foyer.

Un peu moins d’un tiers des pays (33 sur 116) ont, par ailleurs, rapporté qu’un foyer majeur de maladie animale avait eu un impact sur le système alimentaire reposant sur l’élevage et sur l’économie au sens large. Deux maladies (influenza aviaire et fièvre aphteuse) représentent la moitié des foyers ayant eu de telles répercussions.

Analyse économique de l’impact des maladies

Environ la moitié des répondants ont indiqué disposer des ressources, du personnel et des compétences nécessaires pour effectuer des analyses économiques sur les maladies enzootiques, la prévention et le contrôle des foyers. Une proportion allant d’un tiers à deux cinquièmes des répondants ont, pour leur part, déclaré manquer de personnel, de ressources ou de compétences pour mener à bien de telles analyses. Une majorité des répondants (92 %) est, d’autre part, favorable à une offre plus étendue de formations sur les applications de l’économie à la santé animale. De même, ils sont une majorité à souhaiter que des ouvrages ou des articles soient régulièrement publiés sur l’impact économique (87 %) et commercial (89 %) des maladies animales. Une majorité des répondants (92 %) se sont déclarés disposés à échanger sur l’utilisation des évaluations économiques dans les prises de décision en santé animale et ont communiqué leurs coordonnées.

Les recommandations de l’OIE

Les auteurs recommandent trois mesures concrètes :

- la première consiste à améliorer l’enseignement des applications de l’économie à la santé animale dans les programmes de formation initiale, postdoctorale et continue de la médecine vétérinaire ;

- la deuxième vise à démarrer un projet pilote destiné à générer des séries de données sur le coût global mondial des maladies animales (direct et indirect) ;

- la troisième préconise de démarrer un programme destiné à recueillir régulièrement des données sur les investissements réalisés dans l’enseignement de la médecine vétérinaire, la recherche, les infrastructures et les activités cruciales de coordination. Un projet pilote devrait en effet être lancé en vue de collecter et de synthétiser les données sur les coûts des services vétérinaires nationaux.

1 Les réponses proviennent de 118 des 180 pays membres auxquels le questionnaire avait été adressé. Les questionnaires remplis par l’Inde et par le Bangladesh ont été reçus trop tard pour pouvoir être intégrés dans la présente analyse.

Source : OIE.

Pour en savoir plus : bit.ly/21kmbi4.

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