Mesures d’évaluation du bien-être des ovins

Une étude menée conjointement par l’Institut de l’élevage, le Ciirpo et l’Inra¹ a permis de mettre au point des mesures d’évaluation du bien-être des ovins à partir d’indicateurs mesurables sur l’animal, aussi bien en bergerie qu’au pâturage. Ceux-ci permettent d’apprécier la qualité de l’alimentation, du logement, de la santé et du comportement propre à l’espèce, en lien avec les méthodes développées dans les projets européens Welfare Quality ^® et Awin ( Animal Welfare Indicators ).

Faisabilité des indicateurs

L’étude, menée avec des brebis de race romane, s’est déroulée de 2009 à 2015. Quatre critères principaux ont été évalués :

- une alimentation adaptée (note d’état corporel et dentition) ;

- un logement correct (propreté des flancs, humidité intérieure et extérieure de la toison) ;

- une bonne santé (blessures, boiteries, fréquence de parage des onglons, écoulements oculaire et nasal, problèmes respiratoires, propreté de l’arrière-train, mammites et anémie) ;

- un comportement approprié à l’espèce (appréciation qualitative de l’état émotionnel du groupe, réaction à un perturbateur, réactivité d’un lot d’animaux à l’approche d’un homme et réactivité individuelle à la manipulation par saisie de la tête d’un animal circulant dans un couloir de contention, comme pour lui administrer un traitement).

La faisabilité et la reproductibilité des indicateurs sont dans un premier temps testées dans dix fermes expérimentales, les mesures étant réalisées par deux observateurs simultanément, deux jours consécutifs. Il apparaît que les mesures en lien avec l’alimentation, le logement et la santé sont toutes jugées faisables en élevage et retenues. De plus, leur reproductibilité inter et intra-observateur sont bonnes. En revanche, la reproductibilité intra-observateur des indicateurs comportementaux est faible à modérée, malgré leur bonne faisabilité. Cela pourrait s’expliquer par le caractère grégaire des brebis romanes, des variations d’environnement entre chaque mesure ou de la familiarisation des animaux avec l’homme au fur et à mesure des tests.

Variabilité entre fermes

La variabilité des indicateurs est évaluée dans un deuxième temps, en été et en hiver, sur 50 fermes. Dans la moitié des exploitations, les brebis hivernent en bergerie, et dans l’autre moitié au pâturage. La variabilité est mesurée par la corrélation intraclasse (CIC). Elle est considérée comme modérée pour une CIC supérieure à 0,60 et forte pour une CIC supérieure à 0,80.

En été, les indicateurs qui permettent de discriminer les élevages entre eux sont l’humidité extérieure et intérieure de la toison et la réactivité du troupeau à l’approche de l’homme (variabilités modérées pour ces paramètres). En hiver, les indicateurs discriminants sont l’humidité extérieure de la toison et la propreté de l’arrière-train (variabilités modérées).

La comparaison des deux conduites hivernales montre que le nombre de brebis maigres reste constant en bergerie (10 à 11 %), alors qu’il diminue en fin d’hiver au pâturage (passant de 17,7 % en début d’hiver à 3,8 %) (p < 0,001). De plus, des brebis très sales sont observées en bergerie, mais pas au pâturage (surtout chez les brebis de moins de 3 ans, p < 0,005). Enfin, la réactivité des animaux à l’approche d’un homme est très significativement supérieure en bergerie (p < 0,005 et p < 0,001 pour les deux tests). En revanche, la toison des brebis au pâturage est significativement plus souvent humide (p < 0,001).

Ainsi, les mesures déterminées dans cette étude sont effectivement réalisables en bergerie comme au pâturage, et les premiers résultats obtenus montrent que la conduite hivernale au pâturage ne présente pas davantage de problèmes sur le bien-être que la bergerie.

Des travaux supplémentaires sont nécessaires pour établir un rapport entre ces indicateurs et les pratiques afin de concevoir des plans de maîtrise des risques en élevage concernant le bien-être des ovins.
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¹ Centre interrégional d’information et de recherche en production ovine, Institut national de la recherche agronomique.