Environnement de travail : les poussières en zone d’éclosion dépassent les normes - La Semaine Vétérinaire n° 1678 du 08/06/2016
La Semaine Vétérinaire n° 1678 du 08/06/2016

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Auteur(s) : LORENZA RICHARD 

Une étude épidémiologique menée en couvoir de palmipèdes montre que deux tiers des salariés qui manipulent les canetons sont exposés à une quantité de poussières aériennes inhalables qui dépasse les normes réglementaires.

L’étude a été menée dans 14 bâtiments de sites d’accouvage de canards situés dans l’ouest de la France. Le suivi de l’exposition aux poussières a été réalisé sur 92 salariés équipés de capteurs portatifs (durant 3 heures au niveau du thorax), 57 travaillant dans la zone d’éclosion (tri, sexage et épointage des canetons) et 35 en zone d’incubation (groupe témoin). La concentration en poussières totales a également été mesurée par un capteur stationnaire placé durant 3 heures à 1,5 m du sol dans chaque salle. Les mesures ont porté sur les poussières inhalables (de diamètre inférieur à 100 µm) et alvéolaires (inférieures à 5 µm).

Le duvet en cause

Les résultats montrent que la concentration en poussières totales dans l’air des salles d’éclosion est significativement supérieure à celle des salles d’incubation (7,1 mg/m3 en moyenne contre 0,15 mg/m3, p < 0,001). L’exposition des salariés aux poussières inhalables en zone de tri des canetons est également significativement plus importante que pour les employés en zones d’incubation, avec, en moyenne, 14,58 mg/m3contre 0,45 mg/m3 (p < 0,001). Le taux relevé sur les salariés de la zone de tri est deux fois supérieur à celui de l’air ambiant, car ils se trouvent plus proches des animaux que les capteurs de la salle. Les mouvements et les manipulations des poussins créent en effet la mise en suspension de bioaérosols dans l’air, notamment du duvet. Ainsi, environ deux tiers des personnes en zone d’incubation sont exposées à un taux de poussières inhalables supérieur à la valeur réglementaire maximale de 10 mg/m3 fixée par l’article R.4442-10 du Code du travail.

L’exposition des personnes aux poussières alvéolaires est également plus importante en salle de tri (0,47 mg/m3contre 0,12 mg/m3, P < 0,01), mais la différence est moindre et la limite réglementaire n’est jamais dépassée (5 mg/m3).

Exposition aux germes

Les employés sont ainsi également confrontés aux germes transportés dans les bioaérosols. L’analyse de 14 prélèvements de poussières sédimentées a permis d’identifier la présence de nombreux staphylocoques et de flore aérobie mésophile. Les profils bactériens issus des bioaérosols auxquels sont exposés les salariés manipulant les canetons sont en étroite relation avec ceux décrits par ailleurs dans le duvet des canards, confirmant qu’il est la principale source de poussières en salle d’éclosion. De plus, Aspergillus fumiga tus est la seule espèce d’Aspergillus mise en évidence dans les 14 échantillons de cette étude.

Sur les bactéries isolées, les mesures de concentrations minimales inhibitrices (CMI) montrent 67 % de résistance des E. coli à la tétracycline, 46 % à l’ampicilline et 35 % à l’association triméthoprime-sulfaméthoxazole, avec 10 souches résistantes à ces trois familles d’antibiotiques couramment utilisés en médecine vétérinaire. Toutefois, les autres souches d’E. coli et les staphylocoques présentaient peu de résistance aux antibiotiques ayant une indication en médecine humaine (la pénicilline G est cependant la plus touchée avec 80 % de souches résistantes).

Ventilation et masques

Enfin, le taux de poussières inhalables est inférieur dans les salles d’éclosion placées en surpression par rapport à l’extérieur et, en parallèle, le personnel était moins exposé (9,7 mg/m3 en moyenne dans les salles en surpression par rapport à l’extérieur contre 17,39 mg/m3). L’amélioration de la ventilation dans les salles de tri et l’aménagement d’une surpression qui favorise l’élimination des bioaérosols vers l’extérieur ou encore la mise en place de dispositifs de récupération du duvet permettraient de limiter l’exposition des travailleurs aux poussières.

Toutefois, quels que soient les aménagements, les résultats de cette étude montrent que le port d’un masque respiratoire adapté (masque filtrant de type FFP2) est essentiel et doit être conseillé lors de la manipulation des canetons.

Adeline Huneau Anses de Ploufragan (Côtes-d’Armor). Article rédigé d’après une présentation faite lors des 11 es journées de la recherche avicole et palmipèdes à foie gras à Tours, les 25 et 26 mars 2015.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr